Cabinet Hypnose Paris

 


gregory lambretteRevue Hypnose & Thérapies Brèves 28 Gregory Lambrette

Un dialogue inhabituel. Cybernétique et émotions.

Une des avancées importantes de l’approche stratégique brève concerne la prise en compte du travail avec les émotions. Gregory Lambrette situe cette évolution dans une perspective historique, pour nous emmener loin des conceptions pionnières initiales, sans pour autant s’en couper.

Hypnose Therapie Breve

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Hypnose Thérapeutique, Médicale, Ericksonienne, Thérapies Brèves Orientées Solution, EMDR, IMO sur Paris, Marseille. L'avis de professionnels de santé
Mis à jour : il y a 3 heures 41 min

L’empathie et la compassion comme un fil d'or du soin. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 77.

mercredi 30 juillet 2025 - 11:31
Editorial Dr Julien BETBEZE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 77. Si vous vous posez la question : quelle est la différence entre une bonne séance d’hypnose thérapeutique qui donne la parole à la liberté du sujet, et une séance problématique, centrée sur la persuasion-suggestion ?, lisez avec attention l’article de Marine Manouvrier et Gérald Brassine. Leur témoignage est à la fois très touchant et d’une grande pertinence épistémologique. Nous percevons de l’intérieur comment l’utilisation des protections dissociatives et l’approche collaborative permettent une avancée décisive pour activer les processus autonomes auto-thérapeutiques.

Sophie Tournouër nous plonge dans le leurre du chemsex, comme tentative de solution pour sortir des vécus traumatiques. Elle nous montre comment l’approche centrée solution permet d’activer les ressources pour préparer une séance d’EMDR-IMO afin de réparer les effets des relations brisées et sortir du monde abandonnique.

Avec Romain, prisonnier du contrôle et incapable de construire une relation d’amitié, Jérémie Roos nous montre l’importance de l’externalisation pour retrouver une relation saine. Il nous invite à rentrer dans une expérience de « psychothérapie » dans laquelle Romain va pouvoir prendre de nouvelles initiatives.

Claire Conte-Rossin et Catherine Martin nous présentent un dispositif de « super-inter-vision » dans le cadre de la formation de nouveaux collègues pratiquant l’hypnose et les thérapies brèves plurielles. Elles nous proposent la situation de Tom, infirmier travaillant en endoscopie, et celle de Léa, infirmière libérale. Nous voyons comment le questionnement, centré sur la modification de posture du soignant et l’utilisation d’un langage métaphorique, va induire un réel changement dans la manière de vivre et d’exercer leur métier.

Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente deux contributions :
- Olivier de Palézieux souligne l’importance de la qualité de la relation dans le soin, il aborde l’empathie et la compassion comme fil d’or du soin. Il éclaire le débat actuel entre ces deux modalités relationnelles et leurs limites, et met l’accent sur le risque de perdre le sens de la rencontre en séparant la dimension cognitive de la dimension émotionnelle.
- Grâce à l’interview réalisée par Gérard Ostermann, nous faisons la connaissance de Mylène Blasco et de son travail de recherche sur le rôle du langage, de la langue et de la parole dans la relation de soin. Son approche nous fait sentir le lien étroit entre le langage et la manière de se positionner dans le soin.

Le « Dossier Thématique », illustré avec le talent de Stefano Colombo et de Muhuc, porte sur les troubles obsessionnels compulsifs. Face à la recrudescence des TOC, sous l’influence d’une société prônant l’individua- lisme et la perfection, un réseau européen de cliniques des TOC et des troubles anxieux a été créé.

- Grégoire Vitry et Emmanuelle Gallin nous montrent l’intérêt de l’approche stratégique pour faire face à l’anxiété envahissante, la peur paralysante de l’échec, la procrastination, l’autocritique sévère, la difficulté à exprimer ses émotions. A travers quatre situations cliniques, ils nous montrent le lien entre les TOC et un perfectionnisme inaccessible et nous ouvrent à une compréhension psychologique du mécanisme de ces troubles.

- Claude Michel, auteur de L’hypnose pour effacer les TOC : Treize techniques de base (Satas), nous propose un article très documenté pour déconstruire le pouvoir des rituels magiques et nous aide à réfléchir sur la notion de croyance et l’utilisation de l’hypnose chez ces patients impuissants à contrôler leurs actes.

Et bien sûr, vous retrouverez vos rubriques :
- Une émouvante consultation de Sophie Cohen : comment elle aide un homme ne parvenant pas à gérer son poids et à se réconcilier avec son corps en donnant, pendant la transe, la parole à son ventre.
- Avec la « Culture Monde », Bruno Bréchemier, auteur du livre Hypnose-Japon. Rencontre en résonance (Satas), nous amène à la découverte du croisement entre l’hypnose et l’univers culturel japonais.
- Adrian Chaboche interroge notre perception du réel en lien avec nos désirs, pour mieux comprendre l’hypnose relationnelle et empathique.
Et enfin, un merci particulier à Sophie Cohen, infatigable chercheuse de talents qui illustrent toujours magnifiquement la « Revue ».
Bonne lecture !

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Honte et brûlures du coup. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.

dimanche 8 juin 2025 - 20:56
Le symptôme somatique persistant. Marquer le « cou »... Ou l’apparition chez deux patientes d’un même symptôme, des brûlures au cou marquant la chair pour révéler un profond sentiment de honte. Une thérapie en psychosomatique menée « pas à pas » permet de changer leur scénario de vie et d’apaiser les brûlures. Dans le cadre de mon activité clinique, j’ai suivi deux personnes à la même période qui avaient un symptôme identique : des sensations de brûlures au cou, qui se sont avérées ensuite persistantes malgré l’évolution positive de la thérapie. J’ai été surprise de cette concomitance sur un symptôme qui n’est pas très fréquent. Les thérapeutes ont coutume de remarquer qu’ils reçoivent parfois des patients sur une même période ayant des problématiques similaires. C’est comme s’il m’était donné d’avoir à progresser sur cette question des symptômes persistants contre toute attente !

OBSERVATION DES SIMILARITÉS

J’ai exploré les parcours de ces deux personnes et j’ai pu observer des concordances :

- Des femmes de plus de 50 ans, qui se sont remises en question en modifiant leur contexte de travail, ou d’activité, l’une en se spécialisant dans une pratique de soin alternatif énergétique, l’autre en investissant sa retraite pour modifier son rapport aux autres qu’elle jugeait défaillant.

- Elles sont donc arrivées en thérapie pour parfaire leur déploiement personnel et traiter ce symptôme qui venait signer un problème qu’elles ne comprenaient pas. Elles se sentaient impuissantes après avoir fait toutes les investigations nécessaires. Elles avaient le sentiment qu’elles avaient pourtant bien progressé dans leur vie, l’une dans ses rapports familiaux et particulièrement dans la relation avec ses filles, et l’autre dans son travail, entretenant de plus en plus le lien avec ses clients autrement que par la maîtrise de la technique. Il y avait donc une part d’elles qui validait cette évolution et une autre qui venait tuer l’espoir.

- Leur rapport aux autres, sans le savoir, était avant tout un rapport au monde. La confiance en la relation à l’autre en tant qu’être humain avait besoin de se construire, car c’était un rapport mentalisé qui pouvait s’exprimer à travers la confiance en la compétence du thérapeute et non pas envers la personne du thérapeute.

- La brûlure au cou exprimait une analogie en lien avec la honte. Le symptôme s’est manifesté pour l’une à la naissance de sa première petite-fille, qu’elle a clairement mis en lien avec sa fille aînée qu’elle pense avoir insuffisamment protégée petite (je ne suis pas digne, donc pas capable d’être une grand-mère), pour l’autre lorsqu’elle a fait sa formation dans le soin énergétique, avec un fort sentiment d’illégitimité (je n’ai pas le droit, donc pas le droit d’aller mieux).

- Tout au long de ces séances, pour l’une comme pour l’autre, tant que nous n’avions pas suffisamment sécurisé les bases (liens « sécures » et évolution positive de leurs projets de vie), le travail sur le symptôme, à proprement parlé, ne faisait qu’aggraver la situation. J’ai constaté que des améliorations survenaient après les séances ou nous renforcions le lien entre nous, et que des retours en arrière se manifestaient en effet lorsque nous tentions de vaincre les brûlures ! D’une manière générale, quand ça bougeait, ça ne tenait pas dans le temps comme si les brûlures fixaient une limite au travail, limite de ce qui ne devait pas être dépassé, limite de ce qui était acceptable dans leur représentation d’elle-même dans leur vie.
- Enfin, elles mentalisaient ce qu’elles vivaient, avec le sentiment de ne pas être en contact avec leur corps. Le mental leur avait toujours servi à tenir debout, pour rationaliser, relativiser, trouver de la cohérence, etc., il était donc omniprésent.


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DÉROULÉ GLOBAL DE LA THÉRAPIE

Le travail a commencé par la sécurisation de la relation patient/thérapeute à travers la manière de questionner, et le contact « sécure ». On fait grand cas de cet aspect des choses, particulièrement dans les problématiques psychosomatiques. Au fil des séances, nous avons abordé en transversal le lien d’attachement, la conscience de l’unité corporelle « sécure », tout en soutenant la poursuite des évolutions dans leur vie en activant une histoire alternative... Pourquoi fallait-il que le symptôme résiste encore ? N’était-ce pas le prix à payer de la transgression à un monde relationnel traumatique où l’on a failli et où l’on ne peut pas réussir ? La honte est souvent le dernier bastion à surmonter ! En effet, dans le déroulement de la thérapie, j’ai perçu peu à peu la puissance du monde de la honte dans ces histoires de vie. Lorsque les bases sur lesquelles reposait l’expérience de confiance ont été plus présentes, cela nous a permis de dévoiler son emprise. C’est là que nous en étions arrivés avec la patiente de la séance qui va suivre et dont voici le script.

SCRIPT D’UNE SÉANCE

En TLMR, nous travaillons d’une manière particulière en externalisant le problème sur une scène métaphorique. Rien n’est calculé d’avance, cela vient au fil de la séance. On suit le processus qui se déroule à l’aide d’un questionnement hypnotique et de mouvements alternatifs.
J’ai enregistré cette séance que je vais retranscrire au mieux ci-dessous (MO : Mouvements oculaires ; taping sur les genoux). La patiente reparlait des brûlures qui étaient revenues en force. On peut voir comment on a pu percevoir le lien à ce stade de la thérapie, entre ces fameuses brûlures et l’expression du problème sous-jacent, sans que nous ne le nommions expressément… pour commencer à délier le symptôme de sa fonction de blocage du processus de vie.
- Patiente : « J’ai toujours mes brûlures au cou, à la gorge (elle montre).
- Thérapeute : C’est plutôt le cou ou la gorge ?
- P. : C’est le cou, plus large que la gorge.
- Th. : Comment vous le ressentez ?
- P. : Une gêne, aussi forte qu’une brûlure de fer à repasser, ça fait “oups” (elle montre avec un geste de sa main qui remonte rapidement de bas en haut).
- Th. : Ça fait “oups” comme une brûlure de fer à repasser ?
- P. : Oui, en continu, parfois c’est moins fort.
- Th. : Un “oups” en continu (je mime la main qui monte) et parfois c’est moins fort... (Je prends conscience que ces brûlures peuvent être plus fortes que ce que j’avais compris et en même temps je n’ai pas de représentations de ce que peut être un “oups” en continu. J’aurais pu explorer cette voie en sursaturant le questionnement pour lui permettre de descendre dans son corps, mais il me vient alors une autre voie.)
- Th. : Je peux vous proposer quelque chose d’un peu étrange ?
- P. : Oui.
- Th. : On va mettre là le cou (je montre devant nous sur une scène imaginaire) et là la brûlure (je montre à côté), comme celle d’un fer à repasser, ça fait “oups” en continu (j’aurais pu mieux explorer la forme que ça prenait, mais le geste que je refais en même temps est aussi une image, kinesthésique). Mes doigts vont aller de l’un à l’autre plusieurs fois et je vais demander à vos yeux de suivre mes doigts (la patiente a l’habitude, mais de le redire active chez elle une acceptation de ce que nous allons faire).
- P. : OK.
- Th. (je fais ce que j’ai dit, puis je m’arrête au bout de quelques séquences de mouvements alternatifs) : Si ça prend forme au milieu, entre les deux, qu’est-ce qui vient ?
- P. : Un feu en hauteur.
- Th. : Comment il est ce feu ? (je me rapproche à nouveau, je regarde la scène et je montre avec ma main devant).
- P. : Très vif, des flammes en hauteur (elle montre en remontant avec sa main). (MO)...
- Th. (je bâille) : Comment il est maintenant ? (je montre toujours avec la main devant).
- P. : C’est comme s’il avait diminué un peu, il est descendu... (MO... je bâille... ce bâillement est pour moi un bon indicateur que le processus se déroule, c’est comme si j’évacuais quelque chose, jusqu’à ce que le bâillement aille au bout.)
- P. : Encore un peu présent... (Quelques séquences de MO... je bâille... je ne dis rien tant que le processus se déroule, il est donc en mouvement.)
- P. : Plus que de la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : Toujours la fumée... (MO, je bâille.)
- P. : C’est bon.
- Th. : Quand vous dites c’est bon ?... (je montre avec la main devant).
- P. : Y’a que des cendres... (Quelques séquences de MO.)
- P. : C’est pareil. (Il y a une douleur dans mon bras, avec ma main tendue devant, je recule pour sortir du champ, même si je ne sais pas ce qui se passe en lien avec ces cendres.)
- Th. : Qu’est-ce qui est présent ?
- P. : Des cendres, toujours...

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MADY FAUCOUP GATINEAU
Psychothérapeute installée en libéral à Nantes. Formée aux thérapies brèves : Palo Alto, hypnose ericksonienne, thérapie orientée solution, stratégique et narrative. Formée à la TLMR (ex- HTSMA) : Thérapie du lien et des mondes relationnels, conçue et développée par le Dr Eric Bardot, psychiatre et psychothérapeute à Nantes. Formatrice en hypnose et en HTSMA à l’Institut Mimethys de Nantes.


Commandez ce Hors-série de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°19 SOMMAIRE


06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 

40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet

52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini

Maux de tête et désir de perfection. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.

samedi 7 juin 2025 - 20:58
Sensations, externalisation et TLMR. Afin d’illustrer son approche de la psychosomatique en Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), l’auteur propose de partager avec nous une séance : à partir de maux de tête, la patiente est guidée vers une transe hypnotique de réassociation. Marie entre et s’assoit, l’air un peu tendu et anxieux...
- Marie : « Je m’appelle Marie, j’ai 34 ans. Je viens vous voir. Depuis plusieurs mois, je souffre de maux de tête et de tensions dans la nuque qui deviennent vraiment handicapants. J’ai fait tous les examens médicaux possibles mais les médecins ne trouvent rien d’anormal. Une amie m’a conseillé de consulter un thérapeute...
- Thérapeute : Lorsque vous me dites “une amie m’a conseillé de venir me consulter pour ces tensions dans la nuque et ces maux de tête alors que les médecins n’ont rien trouvé d’organique”, pouvez-vous me dire ce que cette amie espère de cette consultation pour vous et qui vous a amené à avoir pris rendez-vous ici, avec moi ? Elle se tortille légèrement sur sa chaise, cherchant ses mots.
- Marie : En fait... c’est une amie proche, Claire... Elle a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, notamment au travail ou quand je dois voir ma famille. Elle m’a dit que parfois le corps exprime ce qu’on n’arrive pas à dire avec des mots... Elle marque une pause, baissant légèrement les yeux.
- Marie : Je ne voulais pas vraiment l’admettre au début, mais je crois qu’elle a raison. Ces derniers temps, je me sens... dépassée. Comme si j’avais une boule permanente dans la gorge, qui remonte jusqu’à la nuque. Mais c’est plus facile de dire que j’ai mal à la tête que d’expliquer ce que je ressens vraiment...
- Th. : Lorsque je vous entends me dire : “c’est une amie proche, Claire, qui a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, comme au travail ou quand je dois voir ma famille”, je me dis que Claire doit être une amie bien proche pour qu’elle ait pu observer ces liens. Ai-je bien compris ? Elle hoche la tête, un léger sourire apparaît.
- Marie : Oui, Claire est ma meilleure amie depuis l’université. On travaille dans la même entreprise... On déjeune souvent ensemble. C’est elle qui m’a vu pleurer dans les toilettes le mois dernier, après une réunion particulièrement difficile avec mon chef. J’avais une migraine terrible... Elle était là aussi dimanche dernier quand j’ai dû annuler un repas de famille parce que j’avais trop mal à la tête. Elle m’a dit que c’était la troisième fois que ça arrivait avant un repas chez mes parents...
- Th. : Quand je vous entends me dire : “Claire est ma meilleure amie depuis l’université, qu’elle a pu observer les effets au niveau de votre nuque, comme de votre tête, dans cette situation avec votre chef au travail... et aussi avec votre famille”, est-ce que ce serait acceptable pour vous que nous fassions venir Claire avec nous, là, maintenant, dans ce bureau, en imagination ? Marie se redresse légèrement surprise par cette suggestion. Elle réfléchit un instant...
- Marie : Oui, je pense que ce serait possible. Claire est quelqu’un en qui j’ai vraiment confiance. Elle sait des choses que je n’arrive même pas à me dire à moi-même parfois... Ses mains se tordent nerveusement.
- Marie : C’est juste que ça me fait un peu peur... ce qu’elle pourrait dire. Elle est très directe, vous savez. Elle n’hésite pas à pointer les choses que j’essaie d’éviter... Mais bon, si c’est en imagination... je suis d’accord.
- Th. : Alors, nous allons imaginer qu’elle est là, avec nous. De vous entendre me dire (comme une voix off) : “Claire, je ne voulais pas l’admettre au début, je crois que tu as raison. C’est comme si une boule était présente en permanence dans ma gorge, je me sens dépassée”, à votre avis, que dirait-elle de vous ? Elle regarde un point imaginaire à côté de moi, comme si Claire était là, puis détourne légèrement le regard avec une voix légèrement émue.
- Marie : Elle dirait sûrement... “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde : à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses. Ce n’est pas ta tête le problème, c’est tout ce que tu n’oses pas dire...”.

Son corps se fige dans un silence…
- Marie : Elle me l’a déjà dit d'ailleurs... que je me rends malade à force de vouloir être la fille et l’employée parfaites.
- Th. : OK, Marie. La sincérité de votre réponse me touche. Et vous, comment cela réagit-il en vous de vous entendre dire (dans un rythme lent, avec une voix hypnotique comme si celle-ci reprenait en écho celle de Claire) : “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde, à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses... tout ce que tu pourrais dire et que tu ne dis pas... et qui te rend malade à force de vouloir être la fille parfaite, l’employée modèle” ?

Ses yeux se remplissent de larmes, sa respiration devient plus profonde. Elle porte instinctivement la main à sa gorge. D’une voix tremblante, elle répond :
- Marie : C’est... c’est comme si... quand vous répétez... Je sens plus la boule dans ma gorge... Elle est encore plus présente. Des larmes coulent.
- Marie : C’est tellement dur de l’entendre... parce que c’est vrai. Je suis fatiguée... tellement fatiguée de toujours devoir être parfaite. Mais j’ai tellement peur... peur de décevoir, peur des conflits... Son corps a tendance à s’affaisser, allant vers l’effondrement. Sa main droite masse sa nuque.
- Marie : Ma nuque se relâche un peu... mais ça fait monter quelque chose... quelque chose que je retiens, je ne peux pas le sortir...
- Th. : Lorsque vous me dites “la boule dans ma gorge devient plus présente”, que cette fatigue envahit votre corps ? Comme le regard attentif de Claire est là, lui aussi, est-ce acceptable pour vous de recevoir mon aide ou pensez-vous que vous pouvez gérer toute seule, là, maintenant ?

Essuyant ses larmes avec sa main, la voix tremblante.
- Marie : Non... non, je ne peux pas gérer ça toute seule. Je crois que c’est justement ça le problème... J’ai toujours voulu tout gérer toute seule, tout contrôler. Sa tête regarde l’espace imaginaire, la place de Claire, puis son regard revient vers le mien.

- Marie : J’ai... j’ai besoin d’aide. C’est difficile à dire, mais... je ne sais même plus comment faire autrement que de tout garder à l’intérieur, jusqu’à ce que mon corps me fasse mal... Sa main continue à masser sa nuque d’une manière plus consciente.
- Marie : Je veux bien votre aide... Je ne sais pas comment faire, mais je ne veux plus continuer comme ça.
- Th. : Alors, Marie, avec Claire à nos côtés, je vais proposer à votre attention de se focaliser sur cette boule au niveau de votre gorge, et d’observer toutes les personnes qui vont venir se mettre en lien avec cette boule et qui la font exister là, maintenant. Elle se crispe légèrement. Elle porte ses deux mains à sa gorge.
- Marie : D’accord... D’une voix à peine audible. Elle ferme les yeux un instant, puis les réouvre, regardant alternativement vers l'espace où est Claire et vers moi.
- Marie : La première personne qui vient, c’est mon chef, Monsieur Dubois... Hier encore, il m’a rajouté un dossier urgent alors que j’étais déjà submergée... Et j’ai dit : “oui, bien sûr”... comme d’habitude... Et puis... ma mère... Dimanche dernier au téléphone, elle m’a encore comparée à ma soeur qui “elle au moins” a déjà deux enfants... Il y a aussi Paul, mon compagnon... qui ne comprend pas pourquoi je suis toujours fatiguée, pourquoi je ne veux plus sortir...
- Th. : Alors nous allons faire quelque chose d’un peu étrange (accompagné d’un grand mouvement de mon bras qui vient positionner les trois personnages, devant elle, dans l’espace imaginaire). Votre chef, Monsieur Dubois, votre mère, votre compagnon, Paul, sont là devant vous... Observez comment ils s’y prennent pour amplifier et entretenir la présence de cette boule dans votre gorge, là, maintenant ? Elle se recule instinctivement dans son siège, comme si leur présence imaginaire la faisait physiquement reculer. Sa respiration s’accélère, avec une voix étranglée.

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Dr Eric BARDOT
Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute, installé en libéral. Il est le concepteur de la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) et du Dessin orienté solution. Directeur et formateur à l’Institut de formation Mimethys. Formateur au DU d’hypnose à la Faculté de médecine de Nantes

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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 

40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet

52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini

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Le pouvoir de l'eczéma. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.

samedi 7 juin 2025 - 15:41
DÉCONTAMINER LE PARENT DES EFFETS DU SYMPTÔME. C’est l’histoire de Lucas, 4 ans, souffrant d’un eczéma sur une jambe, « en miroir de la blessure de son père » accidenté. Un accompagnement de la famille en TLMR vise à faire jouer le pouvoir de l’imaginaire partagé, pour chasser le « gros bobo » du psychotraumatisme en enfermant l’ogre dans le château, grâce à des clés spéciales... Les enfants souffrant de trouble psychosomatique viennent souvent consulter sous « injonction », et parfois après une longue errance diagnostique. Quand la sentence tombe : « votre enfant n’a rien, c’est dans sa tête ! », les parents démunis se tournent vers le pédopsychiatre afin qu’il trouve une solution, voire répare leur enfant. Face à un mal impalpable, qui reste dans l’indicible, lorsque les médecins expriment leur impossibilité de soulager les maux de leur enfant, comment ne pas se sentir impuissant et insécurisé en tant que parent ? Le trouble psychosomatique a le pouvoir de venir figer le système familial et verrouiller ses ressources.

Sa capacité à altérer les liens facilite l’émergence d’un cercle vicieux qui s’autoalimente, générant l’isolement et rigidifiant les transactions au sein du système. Chez le parent, l’alternance entre l’empathie et l’agacement, voire le rejet face à la souffrance de l’enfant, impacte les liens d’attachement. Le parent se retrouve dépossédé de sa place d’autorité et de sa fonction de base sécure, favorisant la multiplication ou l’intensification des symptômes chez l’enfant voire l’émergence de troubles du comportement qui amplifient les effets négatifs chez le parent. Comment accompagner ces familles en souffrance à retisser des liens sécures, un préalable à l’apaisement des symptômes psychosomatiques ?

La Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) propose un modèle systémique d’accompagnement du système familial. Grâce à des outils basés sur l’imaginaire partagé, le travail s’effectue de manière indirecte, dans une dimension interactionnelle. Les parents peuvent alors réexpérimenter en sécurité leur fonction de « caregiver » et réinvestir leur rôle de soutien du développement psychoaffectif de l’enfant. À travers l’histoire de Lucas, nous allons voir comment décentrer le système familial du « symptôme » pour lequel l’enfant vient consulter afin d’activer le pouvoir thérapeutique des liens familiaux. Lucas est un enfant de 4 ans et demi, scolarisé en moyenne section de maternelle. Il est le seul enfant du couple. Madame évoque une grossesse compliquée et un accouchement anxiogène du fait d’« un cordon autour du cou ». Dans les premiers mois de vie, elle qualifie Lucas de « sangsue pouvant téter toute la journée ».

La famille vient en consultation car le suivi au CMPEA s’est interrompu et la psychologue scolaire s’inquiète de comportements inadaptés : « tape les autres élèves », « collage constant avec l’enseignante » dont seule la présence le contient face à des débordements émotionnels massifs. La psychologue mentionne aussi un eczéma sur sa jambe, présent depuis plusieurs mois « en miroir de la blessure de son père ». Selon elle, des événements familiaux seraient à l’origine « de l’agitation à l’école et de la dermatose ». De plus, elle est préoccupée par le comportement de « mini adulte » qu’elle observe chez Lucas en présence de son père, « comme s’il voulait porter tous ses problèmes », ce qui contraste fortement avec l’enfant qui déborde en classe. Lorsque je rencontre Lucas et ses parents, le tableau est le suivant : Madame apparaît épuisée, Monsieur, malgré une stature imposante, semble prêt à s’effondrer. Une cicatrice conséquente parcourt l’ensemble de sa jambe.

Le visage de Lucas est parcouru de tics et il répond aux questions avec un langage adultomorphe, montrant des difficultés à accéder à l’imaginaire. Il exprime d’emblée être « inquiet pour mon papa », et précise avec un ton sérieux : « vous avez vu, on a le même problème avec Papa. On est pareils », tout en montrant sa propre jambe. Deux ans auparavant, Monsieur a été victime d’un grave accident qui a donné lieu à plusieurs jours de coma. Il a subi de multiples chirurgies pour « récupérer sa jambe ». Lucas semble très intéressé lorsque les parents relatent cet épisode et réagit particulièrement au « gros bobo », mot utilisé pour nommer la blessure du papa. Madame évoque une forme de mimétisme entre Lucas et son père depuis l’accident, dont l’aspect le plus flagrant est la dépigmentation de la jambe qui ressemble étrangement à la cicatrice du père.

Celle-ci fait suite à un épisode d’eczéma massif. Suite à l’accident, Lucas, âgé de 2 ans et demi, a présenté une phase de régression et des jeux répétitifs, manifestation fréquente dans les suites d’un événement traumatique. Au début du suivi, il peut d’ailleurs dessiner des motos de façon compulsive. Les parents s’inquiètent pour la scolarité et la jambe mais ils évoquent aussi des problèmes de comportement à la maison : Lucas négocie tout, il ne respecte pas le cadre. Madame se dit épuisée car elle doit gérer son fils et ses études qu’elle vient de reprendre. Elle trouve Monsieur déprimé et sent qu’elle ne peut pas compter sur lui. Celui-ci reconnaît des difficultés à être disponible pour son fils. De plus, la dermatose génère de la culpabilité, le sentiment d’être responsable de ce qui arrive, sans pouvoir rien n’y changer. La dynamique familiale s’articule entre :
- une mère qui veut « tout bien faire » et répondre coûte que coûte à des modalités éducatives exigeantes, s’interdisant de prendre appui sur son intuition, ce qui occasionne d’ailleurs des mouvements de rejet à l’égard de Lucas ;
- un père qui alterne entre des reliquats d’un fonctionnement militaire et des moments d’effondrement liés aux impacts de l’accident ;
- un enfant qui apparaît insécurisé, alternant entre des signes d’agitation (débordements à l’école, tics faciaux) et de recherche de sécurité auprès de l’adulte (collage excessif), et à d’autres moments un besoin de tout contrôler (langage adultomorphe, négociation de tout...). Tous semblent essayer de faire comme si tout allait bien, de se convaincre que le pire est derrière, alors qu’en réalité les angoisses sont bien présentes. Ils sont encore très touchés par l’accident et ses conséquences, symbolisés par le « gros bobo ». L’image d’un château de cartes s’impose à moi au fur et à mesure de leur récit. Je la partage de manière indirecte sur la scène imaginaire.
- Thérapeute : « Imaginons dans l’espace, ici, au milieu de nous. Il y a Lucas, Maman, Papa. (D’un geste, je mime la place de chacun.) Et il y a aussi le “gros bobo”... Si je comprends bien, depuis l’accident c’est un peu comme si “le gros bobo” décidait de votre vie. Toute la famille... Lucas, Papa, Maman... fait ce qu’il faut pour continuer à avancer... mais le “gros bobo” prend toute la place... et ça fait un peu comme un château de cartes.
- Mère : J’ai plutôt l’impression d’un château fort dans lequel on est tous enfermés et dont on n’arrive pas à trouver la clé.

Je prends le parti de dessiner le château afin d’observer comment retrouver la clé pour s’en libérer. Lucas qui était parti jouer sur le tapis revient et dessine spontanément une sorcière sur son balai qui surveille le « château du gros bobo ». Ensuite, il dessine un rectangle sur la jambe du bonhomme représentant son père et sur celui qui le représente et les relient l’un à l’autre.
- Th. : C’est bon comme ça ou tu voudrais que ça change ?
- Lucas : Je sais pas. » (Il retourne sur le tapis.)
En m’appuyant sur les effets du langage non verbal de Lucas chez moi, j’oriente la guidance vers les parents. Je leur explique quelques éléments liés au psychotraumatisme afin qu’ils prennent conscience des impacts de celui-ci sur chacun et sur les relations entre eux, en tissant entre des éléments factuels et un langage plus imagé autour de l’enfermement dans le château. Lors de la consultation suivante, la dynamique familiale reste figée. Je leur propose de mettre en forme leur monde relationnel familial, autrement dit l’espace relationnel dans lequel ils interagissent et communiquent entre eux. Nous l’externalisons sur la scène imaginaire à partir de la métaphore de la consultation précédente.

Monsieur et Madame peuvent alors observer et ressentir les effets du « château du gros bobo » dans leur quotidien. Cette mise en forme libère leur parole comme si elle venait les autoriser à « regarder vraiment » ce qui se passe pour eux : Monsieur constate qu’il s’enferme dans son garage et s’occupe de ses motos, Madame exprime qu’elle se sent enfermée dans ses obligations de tout bien réussir, pour la maison, avec Lucas, ou encore dans ses études. L’observation en position méta les amène à prendre conscience de deux éléments fondamentaux intrapersonnels et interpersonnels : Monsieur, de sa fuite dans le garage pour ne pas faire face au vide lié à l’absence de travail et au sentiment d’inutilité ; Madame, une forme de rigidité pour continuer quoi qu’il arrive ; et eux deux d’avoir l’impression que chacun habite une pièce du château comme si celui-ci avait réussi à les séparer l’un de l’autre. Pendant que nous nous occupons indirectement du « gros bobo » avec les parents de Lucas, celui-ci alterne entre les moments de jeux sur le tapis (jeu du docteur essentiellement) et la réalisation de dessins de motos, toujours très attentif à ce qui est dit.

A la suite de cette séance, les parents pourront témoigner d’une « complicité retrouvée ». La vie semble aussi réémerger dans les échanges, chacun reprenant progressivement sa place : Madame retrouve de l’énergie, Monsieur se redresse et devient plus loquace lors des entretiens, les dessins de Lucas commencent à se diversifier sur d’autres thématiques. A l’école, les choses s’apaisent. Lors d’une consultation, Monsieur est heureux de m’informer qu’il a retrouvé un travail. Il boite toujours mais semble plus à l’aise dans ses déplacements et surtout son buste a repris sa verticalité. On peut observer en miroir que la jambe de Lucas s’améliore elle aussi.

D’ailleurs, il me la montre fièrement.
- Lucas : « Vous avez vu, le gros bobo va mieux.
- Th. : Est-ce qu’il y a encore besoin de faire quelque chose ?
- Lucas : Oui, je crois que c’est le moment de le guérir. Mais comment on fait ? » Comme Lucas est installé sur le tapis, je lui propose de prendre la seringue à côté de lui. Nous transformons celle-ci en seringue magique. Avec beaucoup de sérieux, il commence par prendre soin de sa jambe en faisant plein de petites piqûres, puis il se dirige vers la jambe de son père et réalise tout en douceur les mêmes gestes sur la cicatrice. J’observe que la posture de Lucas a beaucoup changé par rapport aux premiers rendez-vous. Je retrouve des comportements en lien avec son âge : un enfant qui joue au docteur-magicien. Son visage est plus serein avec une disparition des tics faciaux. Ses parents le regardent comme un enfant, l’émotion se lisant dans leur regard. Néanmoins, lors de la consultation suivante, les parents semblent particulièrement agacés. Lucas redevient « dur » vis-à-vis d’eux. Madame le vit comme un véritable échec, tenant des propos sévères, entre colère et impuissance. La culpabilisation ne semble pas particulièrement affecter Lucas. Face à la détresse de Madame, je propose de faire revenir le château, voir ce qu’il devient, afin d’éviter l’escalade des reproches. C’est Lucas qui prend la parole. Il m’explique que son « bobo est guéri pour toujours » car il a trouvé « plein d’objets magiques » à la maison pour continuer à guérir sa jambe. Effectivement, les traces de dépigmentation ne sont quasiment plus perceptibles.
- Lucas : « Maintenant faut s’occuper de l’ogre ! L’ogre, c’est celui qui habite avec Papa, Maman et moi et qui fait plein de bêtises. (Madame s’agite sur son siège mais le laisse poursuivre.) Il faudrait qu’on trouve un moyen d’emprisonner l’ogre.
- Th. : Et comment on pourrait faire ? Il faut voir avec la sorcière ?
- Lucas : Non, y a plus la sorcière. Maintenant c’est un ogre.
- Th. : Et il fait quoi l’ogre dans le château ?
- Lucas : Il met maman très en colère car il casse tout. Papa l’aime pas car il a volé le trésor de la ville. On doit le reprendre.
- Th. : Et toi, est-ce que tu t’entends bien avec l’ogre ?
- Lucas : Parfois je suis avec lui… (moue dubitative).
- Th. : Alors on fait quoi ?

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Dr Virginie Bardot. Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute. Formatrice en thérapie du lien et des mondes relationnels à l'institut Mimethys. Autrice de la résilience du Phénix et co autrice de De l’HTSMA à la thérapie du lien et des mondes relationnels : naviguer à travers les mondes traumatiques.

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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze 

10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy 

12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen 

14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot 

28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet


52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot 

71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann 

78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann 

94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine 

106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup 

120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot


134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly 

146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov 

152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits 

164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Un dialogue inhabituel. Cybernétique et émotions.

Une des avancées importantes de l’approche stratégique brève concerne la prise en compte du travail avec les émotions. Gregory Lambrette situe cette évolution dans une perspective historique, pour nous emmener loin des conceptions pionnières initiales, sans pour autant s’en couper.

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