Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°73
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
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Comprendre, désensibiliser, revivre. Hors-série de la revue hypnose et thérapies brèves sur le psychotraumatisme.
Hélène Dellucci, formatrice à EMDR Europe et spécialiste en thérapie brève centrée compétences nous fait partager son expérience de prise en charge des traumas complexes. Elle montre comment l’utilisation de la « greffe » d’une valeur appartenant à une figure symbolique permet de recréer des liens vivants, pour que le sujet retrouve une capacité à faire face au vide identitaire. Si l’EMDR classique est bien adapté à la prise en charge du stress post-traumatique, dans les traumas complexes la reconnexion à une relation vivante est indispensable avant un travail de désensibilisation.
Roberta Milanese, spécialiste de thérapie brève stratégique, nous présente la technique du ''roman du traumatisme'' pour bloquer les tentatives de solutions (essayer d’oublier le trauma, éviter les situations associées au trauma, demander aide et réconfort) qui maintiennent le pouvoir du trauma dans la vie des personnes victimes de stress post-traumatique. Cette technique nécessite l’installation préalable d’une relation de coopération entre le client et le thérapeute. En cas de trauma complexe, le roman du trauma doit être associé au blocage des tentatives de solution des troubles associés (phobie, obsession compulsive, toxicomanie, automutilation, dépression, trouble de l’alimentation, paranoïa).
Arnaud Zeman nous fait partager ses prises en charge d’enfants multi-traumatisés accueillis dans des ITEP. Il montre l’importance de s’appuyer sur un tiers-sécure pour permettre à ces enfants de rentrer en relation et de réactiver des processus de re-liaison.
Vera Likaj décrit un paradoxe lié au processus dissociatif auquel est confronté tout thérapeute : ce n’est pas parce que le patient est présent et donne son accord verbal pour un travail collaboratif qu’il arrive à faire confiance à son thérapeute. Son texte met en évidence l’importance de l’engagement du thérapeute dans la relation pour que le sujet puisse mobiliser ses ressources.
Emmanuel Malphettes l’importance de donner forme à la sensation de vide qui amène le désespoir et la perte de sens, facteurs de chronicisation. A travers la situation du deuil bloqué d’un père maltraitant, il rappelle l’importance de définir un objectif relationnel pour sortir de la répétition mortifère.
Wilfrid Martineau avec sa finesse clinique habituelle le vécu psycho-traumatique. Cette description va aider chaque clinicien à aiguiser son écoute et à repérer les éléments pertinents dans la plainte afin d’en comprendre le sens.
Emmanuel Contamin, Françoise Contamin et Laetitia de Scoutheete nous présentent les thérapies EMDR de groupe comme facteur de résilience avec des enfants et des adolescents placés, ayant vécu des violences domestiques graves. Ce travail en groupe, très utile aussi dans les situations de catastrophe, est une ressource indispensable pour le thérapeute et les différents programmes de soin lorsque l’on sait que 500 millions de personnes à l’échelle mondiale souffrent de troubles psycho-traumatiques.
Dominique Megglé nous présente son utilisation des mouvements alternatifs (MESMAY), d’autant plus efficaces qu’utilisés de manière plus hypnotique. L’EMDR doit être comprise comme une technique hypnotique complétée par le « photoshop mental » redonnant au sujet, grâce à l’hypnose, la capacité de recréer un monde plus sûr. Il donne un plan détaillé de sa pratique donnant envie de lire ou relire son livre sur le trauma.
Murielle Figureau et Alexandra Princé nous présentent leur travail avec les tremblements thérapeutiques, dans la lignée de David Berceli, inventeur de la méthode TRE. Elles décrivent la technique et illustrent leurs propos d’exemples cliniques.
Éric Bardot, concepteur de la thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), et Stéphane Roy, décrivent comment sortir des situations traumatiques les plus graves pour habiter un monde humain. Ils précisent la notion de monde relationnel, son lien avec la transe thérapeutique et illustrent cette modélisation par une situation clinique expérimentée en formation.
Évelyne Josse fait le lien entre la théorie poly-vagale, l’hypnose et la co-construction de scénarios réparateurs. Cette technique déjà développée par Janet et Milton Erickson, trouve ici toute sa pertinence en lien avec les travaux de Porgès sur le système nerveux autonome.
Virginie Lagrée souligne à travers un récit très vivant l’importance pour le thérapeute de savoir accepter son impuissance. Les thérapeutes n’ont pas réponse à tout et doivent rester humbles devant le tragique de la vie.
Nicolas D’inca, chroniqueur régulier de la revue, nous présente sa pratique hypnotique dans les troubles dissociatifs de l’identité par la restauration du dialogue interpersonnel et intérieur. Il retrouve les ressources des guérisseurs traditionnels pour aider au processus de réassociation.
Clotilde Hennequin-Rivoire, élève de David Grand, promoteur du brain-spotting, nous montre comment la recherche d’un point oculaire, où le patient se sent moins perturbé et calme dans son corps, est un puissant activateur de ressources pour contacter les parties dissociées.
Nous remercions tous ces collègues de nous avoir transmis le vif de leur expérience pour permettre à chacun de trouver de nouvelles voies ou approfondir celles que nous utilisons dans ces situations si douloureuses et retrouver confiance dans le lien humain..
Crédit Photo © Xavier Montoy
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- Laurent GROSS: Psychothérapeute Certifié par ARS en 2013, Kinésithérapeute, Vice-Président de France EMDR IMO ®, Président du CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris et de l'Institut IN-DOLORE
- Dr Pascal VESPROUMIS: Médecin Addictologue, Président de l'ACCH. Anime les supervisions.
- Dr Roxane COLETTE: Médecin Psychiatre, auteur du livre: Petits maux, grands traumas: de l’EMDR à l’IMO, une nouvelle voie de guérison.
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- Claire DAHAN: Psychologue, Psychothérapeute. Conférencière internationale.
Les scénarios réparateurs. Un système nerveux autonome plein de ressources.
1. Le trauma sous l’angle de la théorie polyvagale
Pour mieux comprendre le traumatisme psychique, commençons par nous pencher sur la théorie polyvagale. Elle décrit les réactions graduelles du système nerveux autonome en réponse au niveau de risque détecté dans l’environnement et explique les conditions nécessaires à sa régulation, fournissant ainsi de précieuses pistes thérapeutiques au praticien éclairé. Le système nerveux autonome régit les grandes fonctions vitales et viscérales de l’organisme. Jusqu’à récemment, on considérait qu’il était composé de deux voies : le système sympathique, également appelé orthosympathique, et le système parasympathique. Les recherches ont conduit le neurologue américain Stephen Porges à affirmer que le système parasympathique est lui-même scindé en deux branches, une branche ventrale (partie ventrale du nerf vague et nerfs crâniens III, VII, IX) et une branche dorsale (partie dorsale du nerf vague) (Winter & Tyree, 2016). Selon sa théorie, dénommée théorie polyvagale (de poly, plusieurs, et vagal, du nerf vague), le système nerveux autonome est organisé hiérarchiquement en trois niveaux : le parasympathique ventral, le sympathique et le parasympathique dorsal. Outre ses fonctions végétatives, le système nerveux autonome analyse constamment, sans le concours du conscient et sans l’intervention de processus cognitifs, le niveau de risque d’une situation. C’est ce que Porges nomme « neuroception ». En réponse au niveau de risque détecté, notre système nerveux autonome provoque des réactions automatiques : activation du vague ventral lorsque nous sommes en sécurité, du sympathique lorsque nous sommes en danger, et du vague dorsal lorsque notre vie est menacée. Illustrons ces réactions par un exemple.
Le vacancier fait une mauvaise rencontre
Imaginons un vacancier sur une plage. Il est en sécurité. Il se sent serein et détendu. La branche ventrale de son nerf vague est activée de manière prédominante. C’est dans ce « mode ventral » qu’il possède le plus large éventail de comportements, de ressources cognitives (capacité de concentration, de compréhension, d’apprentissage, de raisonnement et de rationalisations, créativité, etc.), de ressources d’engagement social (empathie, désir d’échanger avec autrui, capacité à venir en aide à un tiers et à l’apaiser, etc.) et de capacité à éprouver des sensations et des émotions positives (bien-être, joie, calme, etc.). Après la sieste, il décide d’aller piquer une tête. Il est motivé et enthousiaste. Son système sympathique s’active afin de fournir à son corps l’énergie dont il a besoin pour mener à bien cette activité agréable. Il est en sécurité et son système ventral prédomine, régulant l’activité du sympathique. En sortant de l’eau, il réalise que la marée monte à vive allure.
S’il ne court aucun péril dans l’immédiat, la situation exige toutefois qu’il réagisse sans délai. Il est un peu nerveux et légèrement tendu. Son système sympathique se mobilise et prend le contrôle (mobilisation). Il presse le pas et ramasse à la hâte ses effets personnels abandonnés sur le sable. C’est alors que son chemin croise celui d’une bande de voyous aux intentions manifestement malveillantes. Il se sait en danger et prend peur. Son système sympathique se suractive. Son organisme se prépare à l’action et sécrète des hormones de stress. L’heure n’est plus à l’apprentissage, à la créativité, à la compréhension ou à l’empathie. Seule compte la survie. Il détale (fuir), mais les vauriens le rattrapent. Rageur, il distribue des coups de poing à la volée (combattre). Progressivement, il s’épuise, sans plus nourrir l’espoir d’une issue favorable. Il continue à combattre, mais ses gestes sont exécutés machinalement (réaction automatique). Il n’est plus tout à fait lui-même et la situation lui paraît irréelle (dissociation). Son système sympathique reste hyperactivé, mais la branche dorsale du nerf vague est désormais recrutée. Soudainement, un de ses agresseurs exhibe une arme et la lui pointe sur la tempe.
La victime voit sa dernière heure venue. A quoi bon se démener ? Le combat est perdu d’avance. L’hyperactivation du sympathique, soutenant les capacités de son organisme à lutter, est devenue inutile. Le sympathique décroche et la branche dorsale du nerf vague prend la main (hypoactivation). Sous la tutelle du parasympathique, ses battements cardiaques ralentissent et sa tension artérielle décroît. La diminution de l’afflux de sang au cerveau lui procure une impression de flou et une sensation de confusion. Il n’éprouve plus d’émotions, à moins peut-être de la tristesse, du découragement ou du désespoir. Il ne ressent plus de douleur ou si peu. Peut-être finit-il par s’évanouir... Les réponses du système nerveux central sont progressives et successives. Il est impossible de passer du « mode ventral » au « « mode dorsal » sans passer par le « mode sympathique ». Inversement, une personne ne peut sortir du « mode dorsal » et revenir au « mode ventral » sans passer par l’échelon sympathique. Cette compréhension doit guider l’hypnothérapeute dans la séquence des transformations à opérer au niveau des réminiscences traumatiques.
Nous avons choisi de représenter l’activité du système nerveux central sous la forme d’une pyramide inversée. Sa large base représente l’éventail de capacités et de ressources disponibles en « mode ventral ». Cellesci se restreignent au fur et à mesure que l’on descend sur l’échelle neuro - végétative en réponse au niveau de danger.
2. Le trauma sous l’angle de la reconsolidation de la mémoire
Les chercheurs en neurosciences ont démontré qu’un souvenir est modifié à chaque évocation. Il est ré-encodé avec le nouveau contexte dans lequel il a été rappelé et est reconstruit à la lumière des besoins et des connaissances du présent. De nombreuses études ont d’ailleurs prouvé qu’il est possible de modifier les souvenirs suite à leur réactivation (Winocur, Moscovitch, 2011 ; Nader, Schafe, LeDoux, 2000b ; Sara, 2000). Ces récentes découvertes offrent une assise scientifique aux méthodes hypnotiques proposant une modification des réminiscences traumatiques dans le but thérapeutique de libérer les patients de leur symptomatologie post-traumatique (Josse, 2023).
3. La thérapie des traumas par les scénarios réparateurs
La méthode du scénario réparateur s’attache à élaborer une reconstruction subjective des événements traumatiques en y introjectant les ressources dont le patient a été privé au moment des faits. Dans ce type de mise en scène, l’idée de souffrance passive est totalement absente. Les symptômes, les émotions douloureuses et les cognitions négatives de la victime sont imputés à l’événement dramatique tandis qu’une autre partie, constituée des zones psychiques restées intactes du souffle traumatique, est identifiée à la lutte qu’elle mène contre cette influence. Cette conception rejoint le modèle de la « dissociation structurelle de la personnalité » développée par Onno van der Hart et ses collaborateurs au début des années 2000. Selon ce modèle, une menace majeure peut provoquer une dissociation aboutissant à une organisation psychique particulière dans laquelle coexistent différents sous-systèmes psychobiologiques de la personnalité. La PE, partie émotionnelle de la personnalité, bloquée dans l’expérience traumatique, est constituée d’expériences sensorimotrices douloureuses et chargée d’affects pénibles. La PAN, partie apparemment normale de la personnalité, assume les tâches nécessaires à la vie quotidienne et à la survie de l’espèce.
4. Remonter l’échelle polyvagale
L’exposition à la scène traumatique n’est pas souhaitable dans tous les cas. C’est au thérapeute que revient la responsabilité. Lorsque l’exposition au souvenir traumatique suscite des peurs incontrôlables, le thérapeute doit ralentir le rythme afin de maintenir les réactions du patient à un niveau supportable qui n’interfère pas avec le réapprentissage et préférer des techniques telles que les métaphores et les histoires thérapeutiques.
Pour accompagner et proposer des scénarios réparateurs adaptés, il est essentiel que le praticien comprenne sur ce qui a fait trauma. Les émotions exprimées par le patient sont des pistes précieuses. La colère, le sentiment d’impuissance et les sentiments de culpabilité indiquent généralement qu’il n’a pas pu se défendre ou défendre un tiers ; la peur signale le plus souvent le manque de protection ou le défaut d’outils cognitifs (incompréhension de la situation au moment de faits, situation tragique vécue comme permanente) ; la honte témoigne habituellement du fait de n’avoir pas pu se défendre ou d’avoir été déshumanisé (humilié, traité comme un objet).
Une fois l’état hypnotique induit, le thérapeute amène le patient à retrouver la situation délétère en disant, par exemple : « Lorsque ce sera le bon moment pour votre inconscient, il vous ramènera au moment de l’agression. Vous êtes dans la rue, vous marchez, vous entendez des pas derrière vous... » Pour l’accompagner au mieux, il est important qu’il sache rapidement ce qui se passe pour lui. Aussi, pose-t-il des questions telles que : « où êtesvous ? », « que se passe-t-il ? », « que faites-vous ? ». Si la vie de la personne a été jalonnée de nombreux événements adverses, il est utile de lui demander son âge. En effet, l’intervenant ne peut être certain du moment que va connecter le patient ayant subi des maltraitances répétées, même s’il l’a orienté vers un souvenir précis. Lorsque le rappel du trauma provoque une régression en âge, le thérapeute veille à s’adresser à cette partie en adaptant ses propos, sa tonalité et son vocabulaire à l’âge expérimenté par son patient. Il est, par exemple, conseillé de tutoyer l’enfant et de continuer à vouvoyer le patient adulte.
L’intervenant aide son patient à identifier les ressources qui lui ont fait défaut au moment critique et l’encourage à transformer la scène traumatique en y injectant les solutions choisies. En priorité, le scénario doit le soustraire au danger vital et lui assurer sécurité physique et protection (neutralisation du danger, personne-soutien, protectrice et introduisant des valeurs essentielles telles que la morale, le respect, la justice, etc.). Il peut ainsi commencer à sortir du « mode dorsal » et remonter d’un échelon sur l’échelle polyvagale. Dans un second temps, le patient doit pouvoir sortir du figement, dépasser l’impuissance et retrouver du contrôle (capacité ou possibilité d’action et de réaction), c’est-à-dire passer du « mode dorsal » au « mode sympathique ». Dans une troisième étape, il doit être sécurisé affectivement et émotionnellement (réconfort, respect, compassion, empathie par une personne bienveillante, moyens habituels de régulation des enfants tels que jouer, se promener, raconter une histoire, etc.). Cette étape de régulation permet au patient d’activer le « mode ventral ». Au besoin, dans une quatrième phase, de la compréhension et du sens (outil cognitif) pourront être introduits afin de permettre une restructuration cognitive par un changement d’interprétation de la situation.
Prenons le cas d’une personne maltraitée dans l’enfance par son père. Le premier scénario pourrait, par exemple, mettre en scène un grandpère qui la soustrait au danger ; un deuxième pourrait faire intervenir une grand-mère pour la réconforter ; un troisième pourrait permettre à la fillette de se défendre après être devenue ultrapuissante grâce à l’ingestion d’une potion magique ; et dans un quatrième, l’adulte qu’elle est devenue pourrait venir expliquer à la petite fille qu’elle n’a pas à se sentir coupable, le seul ayant commis des actes répréhensibles étant son père. Le thérapeute accompagne le patient dans la traversée de chaque scénario jusqu’au moment où il sait que l’événement a pris fin et qu’il a survécu.
Pour lire la suite de cet article de la revue...
EVELYNE JOSSE
Psychologue, psychotraumatologue, chargée de cours à l’université de Metz (UL) et chargée de cours en formation continue à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Elle a fondé le DIU en hypnose à l’ULB et à l’UL. Elle enseigne l’hypnose aux professionnels de la santé et dispense des cours en psychotraumatologie. Auteure d’ouvrages sur le traumatisme psychique et sur l’hypnose. Elle gère le site www.resilience-psy.com et la chaîne YouTube Resilience Psy.
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« Give up » et dépression. Recadrage et conversation d'engagement.
QUELQUES RAPPELS SUR LES ÉLÉMENTS PSYCHOGÉNÉTIQUES DE LA DÉPRESSION
Dans la dépression, le patient se sent victime des autres, du monde, ou de ses illusions ; tout ce qu’il essaie de faire pour remettre de l’ordre dans sa relation aux autres, au monde, ou à lui-même, est vain et ne conduit qu’au désespoir. Il essaie de corriger par des tentatives de solution : éviter de penser au futur et à l’effondrement, contrôler encore plus lui-même, le monde et les aut res. L’échec va le mener au désespoir. A la fin, il ne lui reste plus qu’à « laisser tomber ».
UN PARADOXE
Depuis que je suis amené à suivre des patients dépressifs ou « burnout », je me suis senti bloqué par un paradoxe. La dépression est-elle une réaction passive ou bien un comportement actif ? S’agit-il de bloquer un ensemble de conduites automatiques pathologiques ou bien s’agit-il de mettre fin aux conséquences dramatiques d’un choix délétère ?
Pour Giorgio Nardone, la réaction de défense principale de la dépression est le « give up » que l’on traduit généralement par « laisser tomber ». Toutefois cette traduction ne met pas suffisamment en évidence ce côté actif du « give up » (différent du « give in » passif). L’impuissance et le désespoir amènent les dépressifs à avoir une attitude constante : ils laissent tomber (« give up »), ce qui les amène à jouer le rôle de la victime et, conséquemment, à prendre l’entourage en otage. Il apparaît donc justifié d’entraîner cette personne à abandonner le fait de jouer la victime et à casser le cercle vicieux de prise d’otage de l’entourage. Avec « up » il s’agit d’abandonner, de laisser tomber, de rendre, de sacrifier quelque chose : c’est une action. Ainsi, si le patient laisse tomber la lutte, c’est un choix actif, beaucoup plus délibéré qu’il n’y paraît, un moyen de défense actif. Pourtant nos patients dépressifs donnent l’impression que tout leur est tombé sur le dos, tout a totalement dépassé leurs capacités, si bien que le comportement dépressif leur apparaît comme une pure réaction sur laquelle ils n’ont aucune prise.
COMMENT LES AMENER À PENSER QU’ILS N’ONT PAS CAPITULÉ MAIS QUE, AU CONTRAIRE, ILS ONT SUSPENDU LE COMBAT D’UNE MANIÈRE DÉLIBÉRÉE ?
Vous imaginez bien que si votre patient dépressif prend en compte l’aspect actif de son système de défense, c’est toute sa représentation de lui-même qui va basculer du mode passif au mode actif. Sa propension à coopérer activement dans le soin augmentera d’une façon très importante. Peut-être même que, au lieu de se contenter de céder à la pression des autres pour faire telle ou telle activité, au lieu d’appeler à son aide : « il faut que... », il lui sera plus facile de repérer des moments à l’occasion desquels il a pu dire : « je fais cela ou j’ai fait cela ». Dans ce renversement de sa posture, tous les moyens de défense utilisés apparaîtront actifs. C’est ainsi que les plaintes, les ruminations, les comparaisons, les efforts, les évitements lui apparaîtront comme des stratégies délibérées de protection, vis-à-vis desquelles il peut envisager un espace de liberté suffisant pour pouvoir les modifier ou même les arrêter. En effet, vous savez tous que se plaindre, ruminer, se comparer aux autres, faire des efforts ou bien évoquer les « il faut que », éviter toutes sortes de situations, sont des tentatives de solutions inefficaces qui ne servent qu’à entretenir le problème. Parmi celles-ci, certaines sont devenues automatiques, que ce soient les ruminations, les constructions de scenarii négatifs, la perte des intérêts, l’incapacité d’anticiper. Elles sont tellement devenues automatiques qu’elles sont devenues des symptômes caractéristiques de l’état de maladie.
Lorsque vous aurez montré à votre patient combien une seule de ses stratégies est active et délibérée, il sera beaucoup plus enclin à reconsidérer l’ensemble de ses moyens de défense et, petit à petit, à prendre en compte combien chacun de ces comportements, même s’il est devenu automatique avec le temps, a été au début un comportement décidé ou une action délibérée. Alors, me direz-vous, comment faites-vous ?
L’HYPNOSE
Déjà, vous savez tous amener ce processus. Par exemple, imaginons que vous installez pour lui un bon souvenir. Cette expérience engendre, maintenant, un état de bien-être calme qui fait que, juste à ce moment-là, ni avant ni après, le patient suspend ses tentatives de solutions inefficaces vis-à-vis de lui-même et également vis-à-vis de son interlocuteur, lequel renonce lui-même à son envie de donner des bons conseils ou des exhortations.
Le risque principal a lieu juste après la transe, lorsque votre patient retrouve avec vous son monde ordinaire et qu’il est fréquemment amené à vous dire : « Docteur, c’était agréable votre relaxation, mais après ? » C’est justement à ce point précis que, quelquefois, vous ne savez pas trop quoi répondre et que vous désespérez vous-même, votre proposition d’une expérience confortable d’hypnose vous apparaissant alors comme une tentative de solution insuffisante et inefficace contre le mur trop haut de la dépression.
C’est à ce moment-là qu’il est important, pour continuer le processus thérapeutique, d’initier une conversation d’engagement pour lui faire percevoir que ses modalités habituelles de fonctionnement sont beaucoup plus actives et délibérées qu’il ne le croit.
VIGNETTE CLINIQUE : JUSTE APRÈS LE BON SOUVENIR
-Thérapeute : « Comment vous sentezvous, maintenant ?
- Patient : Bien.
- Th. : Pouvez-vous, avec votre main, me montrer le centre de ce “se sentir bien” ?
- P. : C’est là. Il pose alors sa main sur le haut du thorax.
- Th. : Que diriez-vous : plus léger, soulagé, quoi d’autre ?
- P. : Soulagé.
- Th. : OK. Maintenant, comment voyezvous la suite ? Est-ce que, à votre avis, vous allez sortir guéri, ou bien allez-vous recommencer à ruminer, à broyer du noir, ou bien tout ce que vous êtes amené à faire d’habitude ?
- P. : Ouais, ça va recommencer.
- Th. : Est-ce que vous pouvez me dire quand ça va recommencer ? Est-ce que ce sera parce que vous allez retrouver votre oppression dans la respiration, est-ce que ce sera parce que vous allez recommencer à imaginer le mur noir qui est devant vous, est-ce que ça va être parce que vous allez voir devant vous la liste de tous les “il faut que” qui vous attendent, ou bien n’importe quoi d’autre ?
- P. : Oui, c’est un peu tout cela.
- Th. : Si je comprends bien, vous allez vous dire : c’est plus fort que moi, je ne peux pas affronter cela et je préfère laisser tomber.
- P. : Exactement !
- Th. : Donc, si je comprends bien, en sortant d’ici, ou bien même avant, vous savez que vous allez décider de laisser tomber dans le but de vous protéger de ce que vous envisagez comme pire ?
- P. (hésitation...) : Oui.
- Th. : Dites-moi, imaginez que vous avez une conversation avec une personne de votre connaissance qui vit le même enfer que vous. Imaginez que cette personne vous dise qu’elle est allée voir un thérapeute, qu’elle s’est sentie mieux et que, ensuite, plutôt que d’en profiter pour augmenter ses efforts, elle a préféré laisser tomber tout de suite plutôt que de continuer à faire des efforts comme d’habitude. Qu’est-ce que vous penseriez à propos de cette personne ?…
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Dr Alain Vallée Après une carrière de psychiatre hospitalier, il a exercé comme psychothérapeute. A enseigné l’hypnose et les thérapies brèves dans plusieurs DU ainsi que dans divers instituts français et étrangers. Auteur de nombreux articles et d’un livre paru en 2017 : « Nouveau cours de TOS, dialogues et récits », éditions Satas, Bruxelles. Président de l’AREPTA - Institut Milton Erickson de Nantes.
Un passeur de vie. De Julien BETBÈZE en hommage à Alain Vallée.
Cette formation liant l’hypnose et l’esprit des thérapies brèves lui ouvre de nouvelles perspectives qu’il cherche à approfondir avec Michel Kerouac, puis avec Steve de Shazer en 1994 : « Je me souviens encore avec surprise et délectation d’une situation de supervision à propos de la dépression résistante au cours de laquelle je jouais le rôle d’un de mes patients dépressifs. Lorsque Steve de Shazer m’a fait raconter ma journée dans le détail, quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai avoué “mettre du ketchup” dans les pâtes […] encore insipides l’instant d’avant. J’ai beaucoup appris ce jour-là » (1). Les collègues présents se rappellent tous comment le visage d’Alain s’est profondément modifié, passant d’une hypomimie dépressive au sourire malicieux de l’enfant plaintif pris avec le doigt dans le pot de confiture. L’irruption de la sauce tomate sur des pâtes insipides a été une véritable expérience émotionnelle lui permettant de comprendre qu’une simple question peut ramener à la vie, ce qui l’amènera par la suite à vouloir transmettre la puissance d’un questionnement ajusté dans son enseignement. Suite à cette expérience fondatrice, Alain a le courage de quitter l’hôpital et son statut de psychiatre hospitalier reconnu pour s’installer en ville afin de pratiquer l’hypnose et la thérapie orientée solution dont il deviendra l’un des meilleurs spécialistes français.
La rencontre avec Steve de Shazer renforce son désir de créer une structure centrée sur les thérapies actives afin de partager le plaisir à pratiquer les thérapies brèves. Dans cette optique il sera à l’initiative de la création de l’ARePTA (Association régionale pour une thérapie active, qui deviendra également l’Institut Milton H. Erickson de Nantes), lui permettant d’intégrer le travail de François Roustang et de Steve de Shazer sur le corps relationnel comme un véritable renouvellement de la pensée psychopathologique.
A l’ARePTA, Alain a toujours incité chacun à garder sa propre créativité : le respect de la diversité des points de vue et de l’expérience singulière des formateurs était essentiel pour lui. Généreux dans l’échange et dans la transmission, il mettait au centre de son attention toute idée dont il sentait la justesse. « Depuis bon nombre d’années, je tente de transmettre l’idée et l’expérience de la simplicité, voire du minimalisme » (2). Alain se méfiait des théories compliquées et de la fausse unanimité des discours vides, il préconisait la curiosité et souhaitait à chacun de « dé-coïncider » du discours convenu, l’amour suffit : « La compréhension engendre la sympathie, la sympathie appelle l’amour et l’unité. C’est cela accepter » (3).
Notes
1. Alain Vallée, Manuel pratique de thérapie orientée solution, Bruxelles, Satas, 2017.
2. Alain Vallée, Hypnose de l’acceptation, Toulouse, Erès, à paraître.
3. André Comte-Sponville, De l’autre côté du désespoir, Paris, Accarias-L’Originel, 1997.
«Oh non, pas lui !». Gérard OSTERMANN en hommage à Alain Vallée.
Ma première pensée bien ancrée dans le coeur s’adresse à son épouse Catherine et à ses fils Julien et Antoine.
Comme tout un chacun, nous voyons notre entourage (proches ou relations) disparaître petit à petit, fauchés par le temps, et ce qui lui est relié : vieillesse, maladies, accidents. Les ornières du sentier sur lequel chacun avance se comblent de souvenirs au fur et à mesure qu’il aborde des crêtes désertifiées et nos émotions seules peuvent encore nous tenir lieu de compagnes dans la solitude qui s’installe et nous glace. Alors, fatalement, se pose un jour la question de l’à quoi bon ! Les étais de la simple logique ne suffisant plus à nous tenir debout, il faut y ajouter non du sens, mais des sensations, en comblant les vides avec quelques prothèses (ou, au choix, un crayon à papier) pour continuer à croquer modestement la vie. Combattre l’absence et le vide par la chimie et la méditation, bâtir des ponts sur le vide, se construire sans illusions un présent Potemkine... et transformer sa vie en mutant son existence de l’actif bouillonnant au passif apaisé. Sans illusion(s). Voilà tout ce qui nous est accordé !
Aujourd’hui, nous nous réunissons nos plumes pour rendre un vibrant hommage à un grand psychiatre, un homme d’une grande humanité et un pionnier dans le domaine des thérapies brèves.
Alain, ton départ laisse un vide immense dans nos coeurs et dans le domaine de la psychiatrie et la thérapie. Je sais ce que tu m’aurais répondu : « Laisse s’écouler la sensation de l’émotion. » Tu as consacré ta vie à aider les autres, à écouter leurs souffrances et à apporter un soulagement dans leurs vies tourmentées. Ton empathie inébranlable et ta compassion ont touché de nombreuses personnes, leur redonnant espoir et confiance en un avenir meilleur. Tes patients se souviendront toujours de tes paroles réconfortantes et de ta présence rassurante. En tant que pionnier dans le champ des thérapies brèves, tu as ouvert de nouvelles voies pour le traitement de la souffrance. Ton approche novatrice a permis à de nombreux patients de trouver des solutions rapides et efficaces à leurs problèmes. Ton travail a inspiré de nombreux autres professionnels de la santé mentale et continuera d’influencer les générations à venir. Au-delà de ton expertise professionnelle, tu as été également un être cher, un ami fidèle et un modèle de bienveillance. Ta générosité et ta gentillesse ont touché tous ceux qui ont eu la chance de te connaître. Ton sourire chaleureux et ton sens de l’humour ont illuminé nos vies.
Dans la tristesse et le regret de son départ prématuré, Nous rendons hommage à Alain, grand psychiatre éclairé, Spécialiste de l’hypnose et des thérapies brèves, Un humaniste et pédagogue qui a marqué les esprits sans trêve. Alain, tel un Victor Hugo de notre temps, A su éveiller les consciences en un instant, Par sa plume experte, il a tracé des chemins, Vers la guérison, l’épanouissement et le bien. Dans l’art de l’hypnose, il était un maître, Révélant les ressources cachées, libérant les êtres, Par ses mots choisis, il ouvrait les portes de l’inconscient, Pour apaiser les maux, panser les blessures, en un instant. Sa passion pour les thérapies brèves était sans égale, Il savait que le temps était précieux, vital, En quelques séances, il trouvait la clé, Pour que chacun puisse retrouver la sérénité. Mais Alain était bien plus qu’un expert, Un humaniste au coeur ouvert, au regard sincère, Il écoutait les histoires, les souffrances, les douleurs, Et offrait son soutien, sa compréhension, sa chaleur. Il éclairait les esprits, levait les voiles de l’ignorance, Pour que chacun puisse trouver sa propre renaissance. Hélas, la vie lui a arraché prématurément, Mais son héritage perdurera éternellement, Dans les coeurs de ceux qu’il a touchés, inspirés, Par sa bienveillance, son humanité, sa volonté. Son départ laisse un vide immense, un regret, Mais son oeuvre continuera de briller, Comme une étoile dans le ciel, pour l’éternité.
Mon cher Alain,
Mon regretté ami David Servan-Schreiber avait écrit juste avant de partir : « on peut se dire au revoir plusieurs fois ». Pour ma part, j’ai envie de te dire « bonjour à nouveau ». Comme tu as pris de l’altitude, beaucoup d’altitude, j’ai imaginé ton voyage céleste : saint Pierre t’accueille et te dit : « Alain, soyez le bienvenu, nous vous avons réservé une place entre Baruch Spinoza et Milton Erickson. Vous pourrez ainsi discuter pendant l’éternité ». J’ai alors deviné ta réponse : « merci infiniment, mais il nous faudra bien un jour de plus ! ».
La mort met fin à la vie, mais pas à la relation. La tradition juive insiste sur le fait que la présence au monde d’un disparu reste solidement accrochée à nos vies grâce aux mots. Ainsi en témoigne la magnifique prière des morts qu’est le Kaddish, qui dit : «Puisse son âme être tissée aux fils de nos vies.»
Un pédagogue aguerri. Hommage à Alain Vallée (1950-2023) par Pierre CASTELNAU, président de la CFHTB.
Auprès du Dr Isabelle Nickles, présidente de l’Institut Milton Erickson de Montpellier, il avait activement participé à l’organisation du Forum de la CFHTB qui fut un succès mémorable en 2018. J’ai eu la chance de croiser aussi régulièrement Alain Vallée aux Journées hypnotiques de Biarritz (JHB), organisées par Hugues et Frédérique Honoré et l’Institut Milton Erickson Biarritz-Pays Basque. Recueillir son avis et lui soumettre une idée ou une hypothèse nouvelle donnait toujours lieu à un échange fécond. Comme beaucoup d’entre nous, j’appréciais son abord facétieux et sa frappante vivacité d’esprit.
Au plus fort de son combat contre la maladie, cette vivacité ne l’a pas quitté. En septembre dernier, alors que je prenais de ses nouvelles, il me confia la mission de proposer une réflexion aux participants de l’édition 2023 des JHB à laquelle il regrettait de ne pouvoir participer. Telle fut sa consigne que nous avons bien sûr suivie : « Transmets mes voeux de réussite pour ces Journées. Je vous souhaite beaucoup de joie, à la condition que vous y prêtiez attention, condition nécessaire à son introjection et matériau principal du sentiment de bonheur. Peut-être pourriez- vous même réfléchir à la manière dont, faute d’attention, nous laissons se perdre la richesse de la vie. Amitiés à tous. Belles et brillantes JHB ! »
Voici quelques-unes des réponses recueillies à l’occasion de ces Journées :
- « Cher Alain, je viens d’Australie et j’ai suivi plusieurs de vos formations. J’ai été très touchée, émue et inspirée par votre philosophie et votre manière d’être. Votre manière de voir le monde, votre bienveillance qui est sincère, authentique et à part. »
- « Alain, merci ! Merci pour ton enseignement depuis des dizaines d’années. Pour ta pédagogie, pour ta patience et ton empathie. Merci pour ton sens de la simplification et de la synthèse qui permettent de ne garder que l’essentiel. Ta voix m’accompagne pour toujours. »
-« A un de mes maîtres. A un ami qui m’a permis de grandir et de voir autrement. Qui, à travers cette tristesse de n’être que soi, sait sourire et rire d’un rien. Qui m’a dit “ose” et j’ai osé. Un grand merci à toi Alain et au plaisir de t’écouter et t’entendre rire. »
- « Alain est le thérapeute qui a le plus apporté à ma pratique (de soignant) par sa simplicité, sa curiosité et son style unique. Alors je “resterai avec ça”, ses enseignements et ses partages si porteurs. De quoi nourrir ma vie et ma pratique de belles images pleines de sens. »
Cher Alain, par ton talent et ta gentillesse tu as marqué pour toujours le monde de l’hypnose de soin et tu ne seras jamais loin de nous tous. Nul doute que nous garderons, à jamais dans nos coeurs, ce fameux « c’est la vie » paisible et philosophe qui ponctuait tes regards bienveillants sur le monde.
Selon Jacques Perry-Salkow, grand maître des anagrammes, les mots renferment le sens caché du monde. En prêtant attention à l’ordre des lettres on peut ainsi parfois découvrir la musique intérieure qui éclaire l’âme d’une personne pour l’éternité et au-delà du cadre apparent de son nom : EN VIE… LA LA LA…
Pr Pierre CASTELNAU Professeur de pédiatrie et chef du service de neuropédiatrie au CHU de Tours. Chercheur affilié à l’unité Inserm U1253 « iBrain », coordonnateur du DU d’hypnose médicale de l’université de Tours.
Abracadabra... «il a fait comme il a dit». Hommage à Alain Vallée de Wilfrid MARTINEAU
J’ai rencontré Alain en 1984 alors que je terminais mon internat. Il avait pris un peu de temps pour préparer certains d’entre nous à ce que l’on appelait à l’époque l’assistanat des hôpitaux psychiatriques. J’ai gardé de ces premières rencontres le souvenir d’un jeune clinicien rigoureux qui avait déjà une certaine aura et le goût de la transmission. A cette époque, il fréquentait les cercles psychanalytiques, était réputé comme un psychanalyste lacanien intelligent et ouvert, et avait le plus grand respect pour l’enseignement de Piera Aulagnier.
Alain Vallée était curieux à tout ce qui pouvait être utile aux patients. Découvrant l’hypnose, grâce à François Roustang et Julien Betbèze, il a eu la chance de bénéficier de l’enseignement de Jacques Antoine Malarewicz et de Michel Kerouac, à une époque où celle-ci n’avait pas bonne presse dans les milieux psychanalytiques. Il a perçu que l’hypnose permettait d’affiner le sens clinique dans des situations difficiles. Cela a orienté différemment sa pratique et il s’est rapproché du courant systémique, en particulier l’approche centrée solution. C’est sans doute sa rencontre avec Steve de Shazer qui a été déterminante, transformant radicalement l’approche thérapeutique avec une simplicité déconcertante. Mais comme chacun sait, «simple n’est pas facile». L’amour du détail, l’observation des petites différences, l’accompagnement respectueux du patient, la centration sur les ressources et les compétences qui sont au centre de l’éthique des thérapies brèves d’inspiration solutionniste se sont révélés rejoindre ses préoccupations dans la relation soignant-soigné.
Alain Vallée exerçait comme psychiatre en milieu hospitalier, il était expert auprès des tribunaux et a été à l’initiative de nombreuses innovations pour améliorer les prises en charge. Par la suite, il opère un tournant radical dans sa pratique en s’installant en ville comme psychiatre, psychothérapeute libéral au tournant de la quarantaine. Je me rappelle avec émotion les supervisions avec J.A. Malarewicz et celles que nous faisions en direct avec quelques confrères, à l’aide d’une glace sans tain dans son bureau aménagé à cet effet. Alain a toujours aimé partager et transmettre.
En 1994, avec un groupe de psychiatres, médecins et psychologues nantais, Alain créera l’ARePTA qui deviendra plus tard « Institut Milton Erickson de Nantes ». Il en sera le président-fondateur. Cette association rejoindra la CFHTB. Ce qui en était au coeur, c’était le partage et une grande créativité entre des professionnels pas toujours d’accord, mais qui au fil du temps ont pu construire une sorte d’état d’esprit, une éthique, une manière d’accompagner dans la thérapie. Alain en était l’aiguillon. L’idée centrale était celle d’être ouvert à toute pratique contributive au bien-être des patients et de converger vers la reconnaissance des compétences et de la capacité d’autonomisation du patient. Cela nous a permis de nous ouvrir à de nombreuses approches comme l’EMDR, la thérapie stratégique et plus récemment la thérapie narrative, et de contribuer à répandre ses approches auprès des professionnels de santé.
Alain a déployé beaucoup d’énergie pour développer tous ces projets. Il n’a jamais voulu, même s’il est resté longtemps président de l’ARePTA, se transformer en maître à penser et est resté jusqu’à la fin avide des apports des uns et des autres. Notre collaboration lors des différentes formations et forums était étroite, et les partages écrits et oraux, d’une grande richesse, ont permis de construire un enseignement vivant, donnant toute sa place au lien entre hypnose et thérapies brèves. Jusqu’au bout, il est resté un apprenant. Des philosophes comme Wittgenstein mais surtout Spinoza ou Prajnanpad l’ont beaucoup influencé tant dans sa pratique que dans sa vie personnelle et ont contribué à construire cette « hypnose de l’acceptation » qu’Alain aimait transmettre.
Cet enseignement, il a eu l’occasion de le prodiguer dans de nombreux instituts et universités participant à de nombreux DU (douleur, hypnose...) et aussi lors des forums où ses interventions étaient fort appréciées. Ouvert aux autres et à la différence, il aimait le partage et la confrontation des idées. Il ne manquait jamais un forum de la CFHTB ni l’occasion d’une découverte de la pratique d’un nouvel expert que nous cherchions à inviter dans notre association.
Mais derrière l’enseignant, il y avait l’homme pour qui le « devenir sage » était l’enjeu fondamental de l’existence. Il était un repère pour beaucoup d’entre nous. Plein d’humour, il savait stimuler par de douces provocations les personnes en formation à se décaler de leurs positions et à faire de réelles nouvelles expériences. Toujours présent, studieux et attentif à intégrer de nouveaux apports dans sa pratique, il a grandi dans son métier de thérapeute en parallèle de son métier d’homme. Il pensait profondément que toute croissance existentielle implique de ne pas s’enfermer dans la position du « Sachant ».
C’est peut-être l’art de la navigation qui l’a amené à être ce capitaine serein à la barre du bateau ARePTA. Il n’a pas lâché, attendant le moment opportun pour confier à d’autres la conduite du navire. Jusqu’au bout (cet été encore), Alain aura navigué d’île en île sur cet océan qui le faisait rêver et que nous aimons tant. Il s’est éclipsé, entouré ces derniers mois des siens qui l’ont accompagné dans la maladie qu’il a acceptée avec une dignité exceptionnelle. Nos pensées vont vers sa famille et ses proches.
Alain était un vrai ami, respectueux, ouvert et très attentif à ses proches. J’ai pu observer sa délicatesse si souvent. Il essayait de rejoindre par sa manière de vivre ce qu’il pensait juste. C’est là une tâche très difficile et je peux dire qu’il l’a pleinement réussie.
Alain aimait beaucoup la question miracle que l’on pourrait résumer avec cette formule : Abracadabra ! Delphine Horvilleur (1) nous rappelle qu’en araméen cela se traduit littéralement par « il a fait comme il a dit ». Le verbe crée le changement ! Abracadabra, Alain, dans sa vie.
1. Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts, Grasset, 2021.
Dr Wilfrid MARTINEAU Chef du pôle Psychiatrie et Santé mentale du CHU de Nantes. Formation à l’hypnose, EMDR, TOS, thérapie narrative et thérapie stratégique. Expérience de l’urgence et des situations de crise et du psychotraumatisme. Exercice actuel en psychiatrie de secteur (CMP et unités d’hospitalisation). Formateur au sein de l’ARePTAInstitut Milton Erickson de Nantes. Coordonnateur du DU Hypnose et Communication thérapeutique de la Faculté de médecine de Nantes.
Petite conversation thérapeutique Virginie LAGRÉE. Hommage à Alain Vallée (1950-2023)
- Tu te rappelles ce que j’ai écrit ? Tu m’entends ?
- Oui, Alain, je t’entends. C’était l’un de tes derniers textos. Mais c’est un peu difficile de ne pas pleurer aujourd’hui...
- Imagine que ce soir, après cette journée, tu réussisses à t’endormir et que pendant la nuit, un miracle a lieu... qui fait que tout le chagrin que tu éprouves aujourd’hui s’est envolé... comme ça !
- C’est pas possible ça Alain ! Je t’assure... J’ai relu il y a peu l’un des messages que tu m’avais envoyé un jour gris comme celui-ci, tu m’écrivais : « Au-delà des difficultés, je te souhaite de savoir te protéger de tous les monstres de l’imagination, rappelle-toi : Ridiculus s’ils sont présents, Erectus pour les faire grossir si tu crains qu’ils ne viennent. »
J’ai beau hurler matin et soir Ridiculus, Erectus, dans tous les sens pour chasser mes peurs, ça ne marche plus depuis que tu n’es plus là.
- Qu’est-ce que tu ressens, c’est quoi la sensation qui va avec ton émotion ?
- C’est comme un trou, un énorme trou qui fait mal.
- Et où ça se situe ?
- Dans mon coeur, oui c’est ça, j’ai un trou dans le coeur.
- Pose ta main dessus, laisse la sensation s’écouler, et répète « j’accepte ».
- J’arrive pas, je te promets.
- Bon alors, essaie de faire venir un bon souvenir.
- Un bon souvenir ? Mais il y en a tellement Alain de bons souvenirs avec toi !Un bon souvenir, c’est le « sang de marin » qui coule dans nos verres à Couëron, c’est le coucher de soleil sur Arz au mouillage lors de notre virée en mer avec Catherine sur « Hippogriffe », c’est les fous rires à Berder, à Biarritz et à Liège, à Lesconil, à Saint-Malo, et aussi pendant tes enseignements à l’ARePTA, c’est nos retrouvailles estivales au Crouesty et le gâteau breton pour nos anniversaires communs chez vous ou chez nous que tu avais baptisé « l’auberge du chat qui pète », tous ces moments joyeux grâce à « la chimie des breuvages et l’alchimie du restant » comme tu disais... Ce sont tes phrases guides, tes messages de soutien, dont j’ai fait des mantras, ton plan de secours pour notre fils dont tu as fait un chapitre dans ton premier livre, ta présence et ton souci inconditionnel de l’autre, ton humour qui ne t’a jamais quitté, pas même dans les instants les plus difficiles, c’est...
- OK... OK... reste avec tout ça, garde bien tous ces souvenirs, ça aidera à combler le trou. C’est OK pour toi ?
- Bien sûr c’est OK. J’ai eu tellement de chance de les vivre, ces souvenirs seront mes ancrages, mes poussières d’étoiles, comme tu disais, mes poussières de toi... Merci Alain !
Dr VIRGINIE LAGRÉE Psychiatre aux Urgences médico-psychologiques du CHU de Nantes et au Service d’accueil familial thérapeutique adultes (SAFT) de Loire- Atlantique. Chargée de cours à l’université au DIU de Suicidologie, au DU de Médecine d’urgence et formation des internes. Vice-présidente de l’ARePTA.
Auteure de: Technique or not technique? Dans le cortège des souffrances aux urgences.
Il est parti... Hommage à Alain Vallée (1950-2023). Dr Jacques-Antoine MALAREWICZ.
Quand même... ce n’est pas bien...
La disparition d’Alain longtemps n’occultera pas les souvenirs qu’il me laisse. Souvenirs personnels bien évidemment, souvenirs professionnels et aussi, par bonheur, la trace de moments marqués par l’amitié ; c’est-à-dire, chaleureux et empreints de simplicité... Tout est dit...
En août dernier, au téléphone, il était resté le séduisant rebelle que je connaissais depuis les années quatre-vingt d’un tout autre siècle. Pestant, en bon connaisseur de ce milieu, contre les incohérences des différents systèmes hospitaliers et contre les hésitations de certains médecins. Il tentait ainsi de calmer, autant que faire se peut, ce qui est parfaitement légitime, les injustices que le destin lui avait infligées à si court terme.
Comme cela lui arrivait souvent, je l’ai senti se forger d’autres certitudes que celles qu’il détestait subir. Parfois, il avait également pour réflexe de contester les propos de son interlocuteur, non seulement pour le plaisir de la controverse mais pour sacrifier au besoin beaucoup plus subtil, et pour certains désuet, de la disputatio.
Qu’a-t-il emporté avec lui, outre le tourbillon de ses activités brutalement interrompues ? Ce qui subsiste pour les survivants, à tout prendre, compte peut-être moins que ce qui reste sédimenté dans l’âme du mort.
En réaction désespérée à une disparition, se dessine dans l’espace mental intime de chacun un puzzle, à la fois incomplet et tragique, qui prétend à l’idéal mais ne fait qu’établir une frontière de plus en plus incertaine avec ce qui n’est plus.
Ainsi je pourrais, cédant à la facilité, mentionner sa barbe qui est restée pour moi un tantinet gréco-phrygienne, sa voix si particulière qui m’a toujours semblé naturellement modelée pour induire l’hypnose, son regard qui, dans mes souvenirs déformants, avait toutes les limpidités et les bleuités de l’océan – que ses proches me pardonnent les libertés fautives que je prends avec ce qu’ils savent bien mieux de leur époux, de leur père, de leur grand-père.
En fait, il n’est pas utile de chercher à préciser une esquisse qui restera toujours bien en deçà des incertains souvenirs s’effaçant dans la brume du quotidien.
Où est-il parti ? En mer comme il est tentant de l’imaginer, en voyage au-delà de l’horizon dans des rêveries éternelles qu’on ne peut que lui souhaiter, en écriture comme il savait bien le faire, en discussions avec d’autres explorateurs du monde inépuisable de l’âme humaine et de la psychothérapie ?
Au sujet d’Alain, il va falloir s’habituer à conjuguer le temps à l’imparfait et aux approximations qu’imposent les souvenirs et les points de suspension, à la nostalgie d’un passé qui s’éloigne cruellement et nous engloutira tous plus ou moins rapidement, aux discrets et implacables tamisages qu’opère, sans les annoncer et les assumer, la mémoire porteuse de trahisons.
En Pays nantais, Alain a été l’un des fondateurs de l’ARePTA – un acronyme qui est toujours resté mystérieux pour moi et dont la première lettre annonce, selon toute probabilité, une association. Son audience s’est prolongée bien au-delà. Que ce beau navire puisse continuer à voguer !
Dr JACQUES-ANTOINE MALAREWICZ Après avoir été chef de service pendant dix ans à la clinique Dupré de Sceaux, il partage son temps entre son cabinet de consultations, la formation et la supervision de psychothérapeutes, ainsi que de consultants en entreprise. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’hypnose ericksonienne et à l’approche systémique.
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L’hypnose relationnelle rend chaque rencontre unique et riche.
C’est ce que nous montre Karine Ficini, à travers son poème « Quand la souffrance dérape en rap » dans lequel elle met le deuil d’un père absent dans la musique de ses mots.
Bertrand Hénot nous présente un modèle pour activer la créativité onirique et se libérer des cauchemars, à partir de l’expérience du peuple senoï. La description de sa technique est détaillée et donne envie de la mettre en pratique.
Gérard Ostermann nous présente trois textes sur l’utilisation de l’hypnose dans l’infertilité (Michel Dupuet), l’eczéma dans un contexte alcoolique (Anne Malraux), et chez un enfant terrorisé aux urgences (Rachel Rey). Nous pouvons parcourir différentes situations cliniques où nous observons comment l’hypnose relationnelle, grâce à la créativité des thérapeutes, rend chaque rencontre unique et riche. En hommage à Alain Vallée qui nous a quittés le 15 novembre 2023, nous publions un texte qu’il nous a confié sur le recadrage et la conversation d’engagement dans la dépression.
Nous savons que le mécanisme d’entrée dans la dépression correspond à un « laisser tomber » (give up). Alain souligne l’importance de différencier un « laisser tomber » passif d’un « laisser tomber » actif, qui seul permet une remise en mouvement et une sortie de la plainte. Dans la conversation thérapeutique, nous percevons les subtilités de l’approche stratégique et les moments où la perception du sujet s’élargit pour se libérer du pouvoir de la dépression. Si Alain Vallée est connu pour sa vivacité d’esprit et sa pédagogie, il était avant tout un thérapeute et ami d’une grande bienveillance dont témoignent les textes écrits par J.A. Malarewicz, Virginie Lagrée, Wilfrid Martineau, Pierre Castelnau et Gérard Ostermann. J’ai également écrit un témoignage sur ce qui me liait à Alain : il m’a beaucoup apporté, non seulement en favorisant la légitimité d’une pratique nouvelle, mais aussi en entrant dans le monde de l’hypnose. Qu’il en soit remercié.
Et bien sûr, ne manquez pas les rubriques et le plaisir des yeux avec les très belles illustrations de l’artiste Cerdà et le dessin de Muhuc pour Alain.
Pensez à vous inscrire au Forum de la CFHTB à Bordeaux du 15 au 18 mai. Bonne année 2024 et qu’elle soit pour chacun de vous riche en lectures, découvertes et rencontres !
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