Cabinet Hypnose Paris

 


gregory lambretteRevue Hypnose & Thérapies Brèves 28 Gregory Lambrette

Un dialogue inhabituel. Cybernétique et émotions.

Une des avancées importantes de l’approche stratégique brève concerne la prise en compte du travail avec les émotions. Gregory Lambrette situe cette évolution dans une perspective historique, pour nous emmener loin des conceptions pionnières initiales, sans pour autant s’en couper.

Hypnose Paris,EMDR,Thérapie Brève Paris

Retrouver la confiance dans le lien humain. Revue hypnose et thérapies brèves 73.

Hypnose Thérapeutique - vendredi 15 novembre 2024 - 22:58
Apport de la thérapie narrative. Dr Julien BETBEZE. Travail sur l’intentionnalité dans les traumas complexes pour monter sur la berge.
Pour cette patiente, monter sur la berge c’est se sortir du tsunami de son trauma. Une forme de « sauvetage » rendu possible par un travail d’accordage et de co-thérapie pour rétablir des relations de confiance et renouer le lien avec les humains.

La difficulté rencontrée par un thérapeute lorsqu’il est confronté à un trauma complexe, est de travailler avec un sujet qui a perdu confiance en tout lien humain, dans un monde où prolifèrent les doubles liens avec de nombreux blocages sensoriels et une pauvreté de la pensée. Dans ce monde, les intentions relationnelles ont disparu.

A la différence de l’état de stress post-traumatique où le vécu traumatique est contextuel et où il reste des relations sécures en dehors du contexte traumatique, le trauma complexe est caractérisé par un envahissement généralisé de la problématique traumatique, le sujet restant prisonnier dans un labyrinthe de processus dissociatifs. Dans cette occurrence, le « sujet » ne peut pas se réassocier quelles que soient les modifications de ses actions, car il n’y a aucun espace sécure dans sa relation au monde, du fait de l’absence d’accordage dans sa relation à l’autre et à lui-même. Aucune action n’a de sens, il reste sous l’influence de l’impuissance et de l’effroi, aucun autre n’étant crédible pour venir à sa rencontre. En effet la dissociation, caractérisée par une contradiction entre relation à l’autre et relation à soi, plonge le sujet dans une expérience abandonnique de « seul au monde ».

« PENSÉE PAR TAS »
Dans cette expérience, les vides de pensée, les ruminations, les interprétations limitantes, la lutte contre les ressentis sensoriels et les actions automatiques s’enracinent dans un langage organisé selon une « pensée par tas ».
Le monde abandonnique amène le sujet à construire des « petits tas » de signification, auxquels il s’accroche pour échapper à l’émiettement chaotique et tenter de donner du sens à une expérience insensée. Dans cette expérience transie par des angoisses de mort, toute action peut déboucher sur des angoisses d’effondrement et toute tentative d’entrée dans la relation se traduit par des angoisses d’étouffement ou de rejet, caractéristiques de l’expérience de maltraitance. Devant la multiplication des doubles liens, le trauma s’invite dans les différents secteurs de vie du sujet, les intentions relationnelles s’absentent, la vie affective est anesthésiée, les troubles émotionnels tournent à vide ; l’absence d’accordage rigidifie le jeu relationnel et maintient le sujet dans un chaos insensé.

ACCORDAGE ET INTENTION
Dans ces prises en charge où aucun lien sécure ne tient, et où l’installation d’une relation thérapeutique est toujours problématique, un travail spécifique à partir de la compréhension de l’autonomie relationnelle sert de guide pour construire un chemin qui pourrait enfin donner un sens à la vie du sujet.

Sortir de cette impasse, où l’action se retourne contre elle-même, implique de rendre à nouveau perceptible la dimension intentionnelle. Cette visée intentionnelle est le vecteur de la vie affective et des gestes relationnels donnant forme à la subjectivité dans une dimension dialogique. Et c’est en co-construisant une relation d’accordage que le sujet et le thérapeute vont pouvoir donner forme à l’intentionnalité et enrichir leur pensée. L’accordage permet d’accueillir la vie relationnelle et donner sens aux effets relationnels des actions.

Ainsi le sujet peut commencer, baigné dans la chair de la relation thérapeutique, à vivre une expérience d’autonomie dans la relation. Se sentant plus en sécurité, il va pouvoir se positionner physiquement et psychiquement de manière plus active. Cette prise de position rend possible l’accueil de ses ressentis sensoriels, et donne sens à son affectivité. Accueillant ainsi ses potentialités créatives, le sujet va être en capacité de s’investir dans un imaginaire partagé où la signification des mots peut commencer à agir dans une dynamique interactive.

ACCORDAGE ET RÉACCORDAGE
La mise en place de l’accordage est ainsi le point de départ pour installer une zone d’activation optimale, indispensable dans le début de la prise en charge des traumas complexes. Celui-ci est la base de la stabilisation émotionnelle à l’intérieur d’un espace plus sécure. La première étape après l’accueil du sujet est de l’amener à sentir que le thérapeute est disponible pour accueillir sa singularité et faire face aux monstres qui le perturbent. Le début de l’entretien est ainsi très important pour introduire un espace sécurisant.

Cela passe par la mise en parole du vécu du patient dans l’espace de la pièce et de la relation, le thérapeute accueillant de manière in- conditionnelle la position et le vécu du sujet.

Le développement d’une meilleure coopération passe par l’observation attentive de trois éléments : les réactions corporelles du sujet, les résonances ressenties par le thérapeute, et les mouvements d’interaction au sein du processus d’accordage. Ces différentes informations sont en lien à la fois avec l’intention de rentrer en relation et en même temps avec des actions automatiques de survie. Ces informations doivent ensuite être mises en mots, et les actions automatiques doivent être comprises comme un effet du processus traumatique, celui-ci faisant vaciller l’expérience de la liberté relationnelle. C’est la raison pour laquelle la thérapie se situe dans un contexte de co-thérapie, le thérapeute posant les questions qu’il se pose lui-même quand il est en lien avec les effets de la scène traumatique.

Le thérapeute utilise les techniques hypnotiques de mise en relation dans un contexte intentionnel. En disant, par exemple « vous êtes assis… vous entendez ma voix… », le thérapeute ne se contente pas de constater ce qui est, mais rend audible son intentionnalité d’être en relation avec l’autre. Lorsqu’il dit « vous entendez ma voix… », le thérapeute sous-entend : « je me réjouis que vous soyez là, présent, me faisant confiance, et écoutant ce que je vous propose ». La dimension intentionnelle de la parole du thérapeute est fondamentale dans ce qu’on pourrait appeler un « yes set intentionnel », qui peut amener le thérapeute à demander au patient l’autorisation de se mettre dans la même position physique que lui, pour mieux le rejoindre dans son expérience. Cela implique évi- demment que le sujet perçoive que le thérapeute ne réduit pas les symptômes (angoisse, insomnie...) à l’expression d’un processus identitaire (« je suis angoissé, je suis insomniaque… »). Le thérapeute accueille d’abord le « je » (du « je suis angoissé »), avant d’externaliser l’angoisse. Ce langage externalisant, avec la co-création d’un espace imaginaire commun support de la conversation hypnotique, va permettre au sujet de se connecter aux intentions relationnelles du thérapeute, c’est-à-dire de le percevoir avant tout comme un être humain et non pas comme un simple technicien. Cela l’autorise à imaginer qu’il pourra un jour faire partie de ce monde des humains. Et lorsqu’il sentira que le thérapeute est touché par certains effets de son histoire (impuissance, angoisse, trahison, rejet, etc.), il aura la capacité de ramener ses perceptions à une expérience partagée.

Nous devons être attentifs à la manière dont s’amorce la relation d’accordage, là où elle est présente et là où elle peut se défaire. En effet, elle peut facilement se défaire à ce stade précoce où le sujet est encore dans une perception étroite, en lien avec une pensée par tas. Pour le sujet, toute relation sous l’influence du trauma prend la forme d’une relation de maltraitance, c’est-à-dire d’une relation dans laquelle le sujet ne perçoit pas, au niveau affectif, la possibilité de pouvoir vivre une expérience d’autonomie dans une relation. Même s’il commence à envisager au niveau cognitif les bonnes intentions du thérapeute, il a encore tendance à s’appuyer sur ses anciens réflexes, qui lui font percevoir le théra- peute comme arrimé à une position de pouvoir, sachant mieux que le sujet ce qui est bon pour lui.

TRAVERSÉE DES ANGOISSES DE MALTRAITANCE
La demande de permission (en particulier chaque fois que sont abordés les relations et le vécu interne) et l’externalisation sont des moyens essentiels pour installer une relation plus singulière.

Lorsque le sujet répond aux questions posées, le thérapeute reste très attentif à la première occurrence de l’emploi du « je », ainsi qu’aux métaphores et aux gestes spontanés du sujet. Le début de la conversation thérapeutique est marqué par de nombreuses « lignes éditoriales », où le thérapeute reformule ce qu’il a entendu en intégrant la dimension du « je ». Par exemple, si le sujet a pu exprimer sa souffrance sous forme d’une phrase commençant par « je... » (« je suis nul, je ne vaux rien… », « j’ai envie de me suicider... »), cela est le signe de l’installation d’une confiance vis-à-vis du thérapeute, de lui-même, et de la relation thérapeutique : c’est la raison pour laquelle le thérapeute devra intégrer ce « je...» dans sa reformulation, signant l’ouverture d’un espace de coopération. Ainsi le thérapeute va reformuler les propos recueillis, en disant : « si je comprends bien, vous me dites: je suis nul, je ne vaux rien…, est-ce bien cela que vous avez voulu me dire… ? ou est- ce autre chose… ? ». Cette reprise du « je » amène le sujet à commencer à se percevoir comme autonome dans la relation. Formuler ainsi cette « ligne éditoriale » renforce le lien entre le sujet et le thérapeute, celui-ci propose alors au sujet de choisir le thème sur lequel il souhaite continuer la conversation pour élucider les obscurités dans lesquelles il se dé- bat. Cette introduction du choix renforce la nouvelle dynamique de coopération dans la- quelle le sujet peut expérimenter une liberté en devenir. L’installation progressive de l’autonomie relationnelle prépare l’expérience fondatrice à partir de laquelle le sujet pourra s’extraire du pouvoir du trauma et prendre position sur sa vie à venir.

Si l’effet principal du trauma a été de détruire la confiance dans la relation humaine et dans les valeurs préférées du sujet (comme par exemple le respect, la liberté qui ne sont plus que des mots vides), la mise en place de l’autonomie relationnelle, dans la relation avec le thérapeute, contribue à redonner sens à une expérience de valeurs incarnées. En effet, les valeurs comme expression de la vie affective sont les formes langagières et culturelles de l’autonomie relationnelle. C’est à partir de leur existence que le sujet peut à nouveau avoir confiance dans le lien humain.

Redonner sens aux valeurs implique de vivre d’abord une relation dans laquelle le sujet a la certitude d’avoir de la valeur. Pour cela, même lorsqu’il agit dans une relation en décalage avec les attentes de l’autre, il est nécessaire que le sujet prenne conscience que l’autre perçoit ses intentions d’enrichir la relation. C’est sa prise d’initiative qui, ainsi accueillie, enrichit la puissance de vie de l’autre. En retour, le sujet fait l’expérience d’avoir de la valeur au sein d’une relation qu’il découvre maintenant comme un espace sécu- re, dans lequel il peut déployer sa créativité.

Alors cette liberté enrichit la vie des deux membres de cette relation, chacun se sentant valorisé par l’autre. Ainsi, même si l’action de l’un n’est pas adaptée, l’autre est en capacité d’en percevoir l’intention relationnelle. Par exemple, pour faire plaisir à un ami friand de chocolat, vous décidez de lui préparer un gâteau au chocolat. Certes vos talents culinaires sont importants, mais ce n’est pas là l’essentiel, il s’agit plutôt de montrer que votre intention, en réalisant ce plat, est d’honorer votre relation d’amitié. Et c’est à cette condition que le plaisir est partagé et enrichit la relation. Et même si le gâteau n’est pas parfait selon vous, c’est cette intention de partage, reconnue par l’autre, qui vous permet d’accueillir vos ressentis sensoriels en lien avec cette petite déception. Dans le cas contraire, lorsque l’intention relationnelle n’est pas accueillie par l’autre, vous tombez momentanément dans le vide, et ce qui n’était qu’une petite déception devient un abîme dans lequel votre valeur s’évapore.

Si l’effet principal du monde traumatique est la perte de la confiance en la relation humaine, la dissolution de la vie intentionnelle et la perte du sens des valeurs, la thérapie des traumas complexes consiste d’abord à retrouver et à partager cette perception intentionnelle pour reprendre confiance en la relation humaine.

HISTOIRE DE MADAME T.
Madame T., âgée de 49 ans, présentant de nombreux antécédents traumatiques, consulte pour une dépression chronique, avec anxiété et dévalorisation. Elle décrit sa vie comme un amoncellement d’échecs affectifs et professionnels. Elle a créé une entreprise qui a fait faillite. Après un divorce, elle a réussi à reconstruire une relation aujourd’hui fortement en crise. Son conjoint actuel fait chambre à part et lui a indiqué son intention de la quitter si elle ne changeait pas. Son histoire est dominée par un sentiment d’échec personnel : quoi qu’elle fasse, « rien ne va, les autres ne me comprennent pas et me rejettent », comme son premier compagnon et son fils qui ne veut plus la voir. Sa souffrance est perceptible lorsqu’elle évoque son incapacité à construire des relations de confiance.

Après plusieurs « lignes éditoriales », où le « je » de l’énonciation de cette souffrance a pu être entendu (« j’avais confiance en lui »), une conversation s’est initiée sur le rôle de la confiance dans la construction d’une relation humaine. Elle a pu retrouver des histoires de confiance dans sa vie et celle des autres, et réfléchir au lien entre la confiance et la possibilité de construction d’un projet commun.

Sous l’influence de la pensée par tas, caractéristique du monde traumatique et du vécu abandonnique, elle décrit l’expérience de la confiance et celle de la construction comme deux entités apposées l’une à côté de l’autre, sans lien. La présence de l’accordage donne l’opportunité au thérapeute d’amener Mme T. à tisser un lien entre la confiance et la construction : ainsi peut s’initier, grâce à la collaboration avec le thérapeute, un mode de « pensée par complexe » dans lequel la signification des mots, intégrant les différences de contexte, peut être partagée socialement. Cette nouvelle dynamique cognitive qui porte une composante relationnelle va l’autoriser à parler de la souffrance ressentie depuis la perte de contact avec son fils. Il est très important de réaliser que cette mère peut parler de sa douleur, justement parce qu’elle se sent en confiance avec le thérapeute. Si celui-ci n’accueille pas suffisamment le sens de cette souffrance en posant trop rapidement des questions à Mme T. sur les moments où son fils lui a fait confiance, ce questionnement risque de provoquer un sentiment de culpabilité lié à l’obligation de construire des relations de confiance. Cette obligation implicite dans laquelle Mme T. n’a pas de choix risque de réactiver l’influence du trauma et de réduire son vécu de confiance à un discours sur la confiance.

REDONNER DU SENS À L’INTENTIONNALITÉ
C’est parce qu’elle a senti que ses peurs concernant ses relations ont été accueillies durant l’entretien, qu’elle a pu spontanément évoquer l’anecdote suivante : « Mon conjoint ne dort plus avec moi, il me dit que si ça continue il va divorcer, qu’il l’a déjà fait une fois et qu’il n’a pas peur de recommencer. Il dit qu’il est un homme libre et que je vis dans la peur et la dépendance. » Ce récit lié à la peur l’amène à conclure : « Je suis une merde. » L’important à ce moment-là pour le thérapeute est de ne pas se faire recruter par cette histoire traumatique, et pour cela l’aider à percevoir la perte de confiance comme un effet secondaire de la peur et donc du trauma. Cette lecture est facilitée par l’emploi d’un questionnement externalisant qui fait ressortir le rôle du contexte de peur dans la perte de confiance. A partir de là, le « même pas peur » du mari pourra être interprété différemment. Ce n’est plus le message « je n’ai même pas peur de te quitter car moi, je suis autonome », mais le retour d’une signification intentionnelle où le « même pas peur (…) qui nous permet de construire un avenir commun) » est partageable. Si jusque-là MmeT. trouvait qu’avec le « même pas peur » son mari jouait les gros bras (mais au fond avait peur de partir puisqu’il continuait à habiter avec elle), elle comprend maintenant que si elle a perçu de la peur chez lui, ce n’est pas celle de partir, mais la peur qu’elle n’entende pas son intention de construire avec elle un projet où existent des relations de confiance. Cette prise de conscience de l’intentionnalité relationnelle du mari la touche affectivement, elle prend tout à coup conscience qu’elle a de la valeur pour lui et s’éloigne donc de l’image d’« être une merde » produite par le trauma.

CONVERSATION DE RE-MEMBERING
Ce changement de regard de Mme T. sur sa relation conjugale, en favorisant une nouvelle perception d’elle-même comme une femme ayant de la valeur, amène une modification émotionnelle, visible physiquement par le thérapeute, lui-même touché par cette évo- lution. C’est le moment où il va pouvoir poser des questions pour enrichir le lien de Mme T. avec d’autres histoires de confiance, avant d’introduire un questionnement spécifique sur l’intentionnalité et sur son lien avec l’humanité :

- Thérapeute : « Si je comprends bien, pour qu’une relation soit vraiment humaine, pour vous comme pour les autres, la confiance doit être présente ?

Devant sa réponse affirmative, d’autres questions sont posées afin de rentrer dans une conversation renforçant sa perception d’être une personne qui a de la valeur.
- Th. : Qui ne serait pas surpris que, pour vous, pour qu’une relation soit une relation humaine, la confiance doit être présente ?

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Dr Julien BETBÈZE Rédacteur en chef de la revue « Hypnose & Thérapies brèves ». Pédopsychiatre et psychiatre adultes, chef de service de l’Accueil familial thérapeutique de Loire-Atlantique de 1998 à 2018.
Chargé de cours à la Faculté de médecine de Nantes (DU Addictions, DU Hypnose, DU Douleur) et au sein des Instituts de la CFHTB. Responsable pédagogique et formateur en hypnose, thérapies stratégiques, solutionnistes et narratives à l’Arepta- IMHENA (Institut Milton H. Erickson Nantes).
N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024


Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''

Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.


Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.

Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.

Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !

Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !

J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.

Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.

Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »

Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.



Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°73

Hypnose Therapie Breve - vendredi 15 novembre 2024 - 22:19
N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024


Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''


Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.


Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.

Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.

- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.

Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !

Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !

J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.

Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.

Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »

Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.



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Comprendre, désensibiliser, revivre. Hors-série de la revue hypnose et thérapies brèves sur le psychotraumatisme.

Hypnose Therapie Breve - mercredi 16 octobre 2024 - 20:35
Dans ce hors-série 18 de la revue hypnose et thérapies brèves sur le psychotraumatisme, on y parle surtout d'hypnose, d'EMDR, de Brainspotting, d'HTSMA et de TLMR Thérapie du Lien et des Mondes relationnels. Un numéro exceptionnel à consulter. Merci à Emmanuel Malphettes d’avoir dirigé ce hors-série d’une très grande qualité sur le psychotrauma : chacun pourra comprendre la manière dont l’hypnose et les thérapies brèves sont des ressources essentielles pour déconstruire la force des histoires traumatiques.

Hélène Dellucci, formatrice à EMDR Europe et spécialiste en thérapie brève centrée compétences nous fait partager son expérience de prise en charge des traumas complexes. Elle montre comment l’utilisation de la « greffe » d’une valeur appartenant à une figure symbolique permet de recréer des liens vivants, pour que le sujet retrouve une capacité à faire face au vide identitaire. Si l’EMDR classique est bien adapté à la prise en charge du stress post-traumatique, dans les traumas complexes la reconnexion à une relation vivante est indispensable avant un travail de désensibilisation.

Roberta Milanese, spécialiste de thérapie brève stratégique, nous présente la technique du ''roman du traumatisme'' pour bloquer les tentatives de solutions (essayer d’oublier le trauma, éviter les situations associées au trauma, demander aide et réconfort) qui maintiennent le pouvoir du trauma dans la vie des personnes victimes de stress post-traumatique. Cette technique nécessite l’installation préalable d’une relation de coopération entre le client et le thérapeute. En cas de trauma complexe, le roman du trauma doit être associé au blocage des tentatives de solution des troubles associés (phobie, obsession compulsive, toxicomanie, automutilation, dépression, trouble de l’alimentation, paranoïa).

Arnaud Zeman nous fait partager ses prises en charge d’enfants multi-traumatisés accueillis dans des ITEP. Il montre l’importance de s’appuyer sur un tiers-sécure pour permettre à ces enfants de rentrer en relation et de réactiver des processus de re-liaison.

Vera Likaj décrit un paradoxe lié au processus dissociatif auquel est confronté tout thérapeute : ce n’est pas parce que le patient est présent et donne son accord verbal pour un travail collaboratif qu’il arrive à faire confiance à son thérapeute. Son texte met en évidence l’importance de l’engagement du thérapeute dans la relation pour que le sujet puisse mobiliser ses ressources.

Emmanuel Malphettes l’importance de donner forme à la sensation de vide qui amène le désespoir et la perte de sens, facteurs de chronicisation. A travers la situation du deuil bloqué d’un père maltraitant, il rappelle l’importance de définir un objectif relationnel pour sortir de la répétition mortifère.

Wilfrid Martineau avec sa finesse clinique habituelle le vécu psycho-traumatique. Cette description va aider chaque clinicien à aiguiser son écoute et à repérer les éléments pertinents dans la plainte afin d’en comprendre le sens.

Emmanuel Contamin, Françoise Contamin et Laetitia de Scoutheete nous présentent les thérapies EMDR de groupe comme facteur de résilience avec des enfants et des adolescents placés, ayant vécu des violences domestiques graves. Ce travail en groupe, très utile aussi dans les situations de catastrophe, est une ressource indispensable pour le thérapeute et les différents programmes de soin lorsque l’on sait que 500 millions de personnes à l’échelle mondiale souffrent de troubles psycho-traumatiques.

Dominique Megglé nous présente son utilisation des mouvements alternatifs (MESMAY), d’autant plus efficaces qu’utilisés de manière plus hypnotique. L’EMDR doit être comprise comme une technique hypnotique complétée par le « photoshop mental » redonnant au sujet, grâce à l’hypnose, la capacité de recréer un monde plus sûr. Il donne un plan détaillé de sa pratique donnant envie de lire ou relire son livre sur le trauma.

Murielle Figureau et Alexandra Princé nous présentent leur travail avec les tremblements thérapeutiques, dans la lignée de David Berceli, inventeur de la méthode TRE. Elles décrivent la technique et illustrent leurs propos d’exemples cliniques.

Éric Bardot, concepteur de la thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), et Stéphane Roy, décrivent comment sortir des situations traumatiques les plus graves pour habiter un monde humain. Ils précisent la notion de monde relationnel, son lien avec la transe thérapeutique et illustrent cette modélisation par une situation clinique expérimentée en formation.

Évelyne Josse fait le lien entre la théorie poly-vagale, l’hypnose et la co-construction de scénarios réparateurs. Cette technique déjà développée par Janet et Milton Erickson, trouve ici toute sa pertinence en lien avec les travaux de Porgès sur le système nerveux autonome.

Virginie Lagrée souligne à travers un récit très vivant l’importance pour le thérapeute de savoir accepter son impuissance. Les thérapeutes n’ont pas réponse à tout et doivent rester humbles devant le tragique de la vie.

Nicolas D’inca, chroniqueur régulier de la revue, nous présente sa pratique hypnotique dans les troubles dissociatifs de l’identité par la restauration du dialogue interpersonnel et intérieur. Il retrouve les ressources des guérisseurs traditionnels pour aider au processus de réassociation.

Clotilde Hennequin-Rivoire, élève de David Grand, promoteur du brain-spotting, nous montre comment la recherche d’un point oculaire, où le patient se sent moins perturbé et calme dans son corps, est un puissant activateur de ressources pour contacter les parties dissociées.

Nous remercions tous ces collègues de nous avoir transmis le vif de leur expérience pour permettre à chacun de trouver de nouvelles voies ou approfondir celles que nous utilisons dans ces situations si douloureuses et retrouver confiance dans le lien humain..

Crédit Photo © Xavier Montoy

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FORMATEURS et SUPERVISEURS CERTIFIES EMDR IMO. - Laurence ADJADJ: Psychologue, Psychothérapeute, Présidente de France EMDR IMO ® et de l'Institut HYPNOTIM.
- Laurent GROSS: Psychothérapeute Certifié par ARS en 2013, Kinésithérapeute, Vice-Président de France EMDR IMO ®, Président du CHTIP Collège d’Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris et de l'Institut IN-DOLORE
- Dr Pascal VESPROUMIS: Médecin Addictologue, Président de l'ACCH. Anime les supervisions.
- Dr Roxane COLETTE: Médecin Psychiatre, auteur du livre: Petits maux, grands traumas: de l’EMDR à l’IMO, une nouvelle voie de guérison.
- Sophie TOURNOUËR: Psychologue, Psychothérapeute, Thérapeute Familiale et de Couple. Anime les supervisions.
- Claire DAHAN: Psychologue, Psychothérapeute. Conférencière internationale.


Technique or not technique? Dans le cortège des souffrances aux urgences.

Hypnose Thérapeutique - mardi 15 octobre 2024 - 16:23
Dr Virginie Lagrée pour la revue hypnose et thérapies brèves, hors-série sur le psychotraumatisme. Médecin aux urgences du CHU de Nantes, l’auteure voit défiler toutes sortes de patients et de situations à haute intensité traumatique. De son récit, il ressort beaucoup d’angoisse et de détresse, et peu de certitudes, des gestes professionnels souvent, de l’engagement et des paroles de soutien, un fort sentiment d’humilité enfin. « Hello Virginie ! Peux-tu m’aider en écrivant un article sur le psychotraumatisme aux urgences médico-psychologiques pour le “Hors-Série” de la revue “Hypnose & Thérapies brèves”. J’userai de toutes les stratégies en cas de refus (menace, scarifications, roulage par terre au sol...) car j’ai vraiment besoin d’aide ! Ci-joint les consignes. » C’est le mail que je découvre en ouvrant ma boîte. Je me prends à sourire en imaginant Emmanuel mon collègue psychiatre se rouler par terre et je ne peux pas lui refuser... C’est à ce moment-là que Claire, infirmière nouvellement arrivée dans le service, revient de l’accueil avec un dossier :


- Claire : « Je ne me sens pas à l’aise du tout avec ce genre de situation, je ne suis pas formée, ça m’angoisse.

- Collègue infirmier : C’est quoi ? s’enquiert un autre infirmier.

- Claire :Monsieur Pierre, 55 ans, chauffeur poids lourd depuis trente ans. Il vient de voir s’encastrer une voiture sous ses roues, sans rien pouvoir faire, un virage, glissant... Il est super mal... Ce sont les pompiers qui l’ont emmené.

- Collègue infirmier : C’est un débrief. Je n’aime pas trop non plus ces entretiens. Moi, je me suis formé sur le tas, à force d’en voir. » J’écoute d’une oreille en refermant ma boîte mail. Formée, je le suis. Et pourtant... Je fais rapidement le tour de ma boîte à outils, HTSMA (Hypnose Thérapies stratégiques et Mouvements alternatifs), Thérapies narratives, TRE (Trauma Releasing Exercises), débriefing et jeux de rôles lorsque je faisais partie de la CUMP (Cellule d’urgence médico-psycho - logique), entendu parler aussi du Brainspotting, lu le livre de David Grand. Pas une expérience sur laquelle m’appuyer ne me revient... Je suis de garde une nuit et j’étais en formation HTSMA la semaine précédente. Je reçois une jeune femme, Agnès, victime d’un accident de la voie publique. L’accident vient d’arriver, elle est en larmes, très angoissée, sa réaction reste adaptée mais elle est très envahie, elle revit en boucle l’accident. Elle répète : « J’aurais dû freiner, j’aurais dû freiner... »

Scène insoutenable qu’elle me raconte avec moult détails, je me disais que cela aurait pu être moi, c’est cela aussi les consultations de psychotraumatisme, c’est cette identification permanente, « on y laisse des plumes », comme le disait mon infirmier à Claire. Je me souviens d’un soir où tous mes col - lègues des urgences et moi-même avions scellé notre télévision le soir même après avoir reçu un père qui venait de perdre sa fille de 2 ans écrasée sous le poste. C’est l’effet « osmotique » du trauma, comme une imprégnation. Mais cela n’est-il pas surtout un signe d’engagement de la part des soignants, un accordage affectif lors de l’entretien ?

A propos de l’impact sur les soignants, je me rappelle avoir croisé mes collègues du Samu revenant d’une intervention dans un parc d’attractions pour enfants. Le wagon d’un manège mal fixé est passé sur le corps d’un animateur, décédé. Ils s’arrêtent dans le couloir, hilares, ils me montrent les photos : « Mate la scène, une boucherie, c’était le festival du gore ! » Ils sont manifestement très dissociés. Je les invite à venir prendre un café au secteur psychiatrique, avec l’idée d’un débriefing informel. On a parlé un peu, bu du café beaucoup, le temps que tout le monde se rassemble, se réassocie.

Aucune technique, juste un retour dans l’ici et maintenant. Quand mon fils m’a demandé d’organiser son anniversaire dans ce même parc, j’ai refusé. L’impact est à libération prolongée, semble-t-il. Je ne sais plus ce que j’ai fait ou dit à Agnès, rien de mirobolant sûrement, mais encore moi-même un peu sidérée j’ai eu besoin d’en parler à mon maître, le Docteur Martineau.
- « Tu as fait de l’EMDR ? me demande-t-il.

- Comme ça, là, en aigu ?!

- Ben oui !

- J’y ai pensé oui, mais je n’ai pas osé.

- Alors tu préfères laisser des gens souffrir plutôt que de tenter ce que tu as appris par peur de te planter ? » 


Cette réplique m’est restée coincée dans la gorge et le coeur... Evidemment qu’il aurait fallu tout tenter, peu importe d’être ridicule. Je décide d’emmener Claire avec moi voir Monsieur Pierre. Il entend les bruits de freinage, les pneus qui crissent, il revoit les yeux de la conductrice, un regard tout aussi démuni que le sien.

- M. Pierre : « C’est comme si elle était résignée à mourir, dit-il.

- Thérapeute : Je pense à ses enfants, son mari, quel âge peut-elle avoir ? Pas plus de trente ans je pense...

Il me demande des nouvelles de la victime, si elle est arrivée aux urgences, comment elle va.

- M. Pierre : Je voudrais au moins savoir si elle est vivante ou morte.

- Th. : Je vais me renseigner. Je sens le regard étonné et éloquent de Claire se poser sur moi.

- Claire : Quand je pense au nombre de fois où tu nous rappelles de faire attention au secret professionnel ! » C’est sorti tout seul, Claire, je n’ai pas réfléchi, c’est cela qui lui semblerait le plus utile, là, tout de suite, à ce patient, alors sans rentrer dans les détails médicaux je vais lui donner des nouvelles à Monsieur Pierre. Je me suis retrouvée à lui annoncer qu’elle était malheureusement décédée. Je me souviens de recevoir Patricia, jeune fille, qui me raconte avoir été violée quinze jours auparavant. Elle est dévastée par l’angoisse, entend les paroles de son violeur en boucle, revoit les images de la scène en flashs intempestifs, vit dans un état d’hypervigilance anxieux permanent, évite le trajet habituel de retour chez elle, sursaute quand son grille-pain éjecte ses tartines le matin. Après moult hésitations, je me lance, me souvenant de la réflexion de mon maître. A quoi sert de se former sinon ? Je me rappelle que lors d’agressions physiques il vaut mieux éviter de toucher, ou alors demander l’autorisation, alors je lui demande de suivre mon doigt, et c’est parti pour une série de mouvements alternatifs.

- Th. : « C’est comment en vous là, maintenant ?

- Patricia : Ça va nettement mieux ! Mouvements alternatifs encore.
- Patricia : Ah oui, vraiment, c’est bien là...

- Th. : Restez avec cela... Mouvements alternatifs de nouveau.
- Patricia : Je vous assure ça va très bien », insiste-t-elle, s’agaçant presque. Je me suis doutée que cette patiente fort gentille essayait juste de me faire plaisir et de me rassurer, ou bien que cela était tellement insupportable pour elle de reparler du traumatisme qu’elle a préféré en finir vite, éviter de s’y confronter. Probablement, je n’ai pas réussi à obtenir une alliance suffisamment solide pour l’autoriser à lâcher prise et se sentir en sécurité. J’aurais dû prendre le temps d’installer une place sûre, et pourquoi pas utiliser une échelle afin de vérifier son niveau de sécurité. Autre souvenir, autre expérience : Chantal, la meilleure amie d’une jeune fille disparue, retrouvée violée dans un fossé, arrive aux urgences dans un état de dissociation majeure, pouvant la mettre en danger. Une instabilité psychomotrice incontrôlable, des pleurs, des cris, des attitudes désadaptées, elle se tape la tête contre les murs. Il a fallu « l’anxiolyser » et la garder aux urgences au moins une nuit afin de revoir les choses après un temps d’apaisement provoqué par les médicaments. Il y a encore quelques années je ne me posais pas la question, je donnais du Xanax ou du Valium avec un résultat qui ne m’aurait pas fait changer d’avis. « Les benzodiazépines sont contre-indiquées dans les PTSD », m’ont appris mes internes ensuite. Sont recommandés : antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et bétabloquants. Nous n’avons ni l’un ni l’autre aux urgences psychiatriques car il s’agit de traitements essentiellement prescrits lors d’un suivi, ce que nous n’assurons pas. Il nous faut donc essayer de trouver une consultation post-urgence rapidement.

C’est ce qu’il se passe avec cette patiente, chauffeuse de taxi, prise lors d’une de ses courses dans un règlement de comptes entre narcotrafiquants et qui a vu deux hommes cagoulés tirer sur son véhicule à la kalachnikov. Je parviens à lui trouver un rendez-vous en libéral dans la semaine qui suit. J’ai appris qu’elle s’y était rendue une fois puis n’avait pas honoré le second rendez-vous. Alors comment accrocher les patients quand on doit les ré-adresser alors que l’on sait que l’on est la « première figure d’attachement » après un choc ? Comme Julie, victime d’une agression sexuelle alors qu’elle rentrait d’un dîner entre amis et allait reprendre sa voiture. Julie est déjà venue dans le service après l’examen gynécologique initial, il y a quatre jours. Dissociée, elle avait refusé de rester, disant qu’elle allait retourner travailler à la crèche dans laquelle elle est employée depuis un mois et que tout irait bien, qu’elle était entourée de ses amis, elle ne voulait pas parler à ses parents de l’agression. Je n’avais pas d’argument pour la garder de force à l’hôpital et le service débordait de patients plus ou moins instables et agités qui l’inquiétaient encore davantage. Là encore, je lui ai fait promettre de revenir si elle en avait besoin. Elle revient ce jour. Elle a besoin d’un justificatif pour son employeur car elle n’a pas réussi à retourner travailler. Elle se sent trop honteuse et sale. Elle répète : « Je n’aurais pas dû mettre de jupe ce soir-là... » Elle est en demande de réassurance sur le fait que « ça va revenir, ça va aller ». « Je suis quelqu’un de joyeux d’habitude... »



J’ai pu grâce à ce patient avoir un regard sur l’étendue des remaniements psychiques que peut impliquer un traumatisme...

Pour lire la suite de cet article de la revue...


Dr Virginie LAGRÉE Praticien hospitalier aux urgences du CHU de Nantes. Formée à l’hypnose à l’ARePTA à Nantes ainsi qu’aux thérapies stratégiques, à l’HTSMA et aux thérapies narratives.
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NDLR L'HTSMA fait suite à l'EMDR et précède la TLMR Thérapie du Lien et des Mondes Relationnels.
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Les scénarios réparateurs. Un système nerveux autonome plein de ressources.

Hypnose Therapie Breve - lundi 14 octobre 2024 - 17:54
Evelyne JOSSE pour le hors-série de la revue hypnose et thérapies brèves sur le psychotraumatisme. Dans la « boîte à outils » du thérapeute, les scénarios réparateurs ont toute leur place pour traiter les cas de traumatisme psychique. Le principe de cette méthode inspirée de la théorie polyvagale : replonger le patient dans l’événement douloureux, avec le thérapeute en accompagnateur et régulateur de ses émotions. En hypnose, le thérapeute demande au patient de remonter au moment de la situation traumatique, puis, à partir de ses apprentissages et de ses ressources actuelles, il l’aide à en réélaborer le scénario de sorte qu’il perde sa charge traumatogène.

1. Le trauma sous l’angle de la théorie polyvagale

Pour mieux comprendre le traumatisme psychique, commençons par nous pencher sur la théorie polyvagale. Elle décrit les réactions graduelles du système nerveux autonome en réponse au niveau de risque détecté dans l’environnement et explique les conditions nécessaires à sa régulation, fournissant ainsi de précieuses pistes thérapeutiques au praticien éclairé. Le système nerveux autonome régit les grandes fonctions vitales et viscérales de l’organisme. Jusqu’à récemment, on considérait qu’il était composé de deux voies : le système sympathique, également appelé orthosympathique, et le système parasympathique. Les recherches ont conduit le neurologue américain Stephen Porges à affirmer que le système parasympathique est lui-même scindé en deux branches, une branche ventrale (partie ventrale du nerf vague et nerfs crâniens III, VII, IX) et une branche dorsale (partie dorsale du nerf vague) (Winter & Tyree, 2016). Selon sa théorie, dénommée théorie polyvagale (de poly, plusieurs, et vagal, du nerf vague), le système nerveux autonome est organisé hiérarchiquement en trois niveaux : le parasympathique ventral, le sympathique et le parasympathique dorsal. Outre ses fonctions végétatives, le système nerveux autonome analyse constamment, sans le concours du conscient et sans l’intervention de processus cognitifs, le niveau de risque d’une situation. C’est ce que Porges nomme « neuroception ». En réponse au niveau de risque détecté, notre système nerveux autonome provoque des réactions automatiques : activation du vague ventral lorsque nous sommes en sécurité, du sympathique lorsque nous sommes en danger, et du vague dorsal lorsque notre vie est menacée. Illustrons ces réactions par un exemple.

Le vacancier fait une mauvaise rencontre


Imaginons un vacancier sur une plage. Il est en sécurité. Il se sent serein et détendu. La branche ventrale de son nerf vague est activée de manière prédominante. C’est dans ce « mode ventral » qu’il possède le plus large éventail de comportements, de ressources cognitives (capacité de concentration, de compréhension, d’apprentissage, de raisonnement et de rationalisations, créativité, etc.), de ressources d’engagement social (empathie, désir d’échanger avec autrui, capacité à venir en aide à un tiers et à l’apaiser, etc.) et de capacité à éprouver des sensations et des émotions positives (bien-être, joie, calme, etc.). Après la sieste, il décide d’aller piquer une tête. Il est motivé et enthousiaste. Son système sympathique s’active afin de fournir à son corps l’énergie dont il a besoin pour mener à bien cette activité agréable. Il est en sécurité et son système ventral prédomine, régulant l’activité du sympathique. En sortant de l’eau, il réalise que la marée monte à vive allure.

S’il ne court aucun péril dans l’immédiat, la situation exige toutefois qu’il réagisse sans délai. Il est un peu nerveux et légèrement tendu. Son système sympathique se mobilise et prend le contrôle (mobilisation). Il presse le pas et ramasse à la hâte ses effets personnels abandonnés sur le sable. C’est alors que son chemin croise celui d’une bande de voyous aux intentions manifestement malveillantes. Il se sait en danger et prend peur. Son système sympathique se suractive. Son organisme se prépare à l’action et sécrète des hormones de stress. L’heure n’est plus à l’apprentissage, à la créativité, à la compréhension ou à l’empathie. Seule compte la survie. Il détale (fuir), mais les vauriens le rattrapent. Rageur, il distribue des coups de poing à la volée (combattre). Progressivement, il s’épuise, sans plus nourrir l’espoir d’une issue favorable. Il continue à combattre, mais ses gestes sont exécutés machinalement (réaction automatique). Il n’est plus tout à fait lui-même et la situation lui paraît irréelle (dissociation). Son système sympathique reste hyperactivé, mais la branche dorsale du nerf vague est désormais recrutée. Soudainement, un de ses agresseurs exhibe une arme et la lui pointe sur la tempe.

La victime voit sa dernière heure venue. A quoi bon se démener ? Le combat est perdu d’avance. L’hyperactivation du sympathique, soutenant les capacités de son organisme à lutter, est devenue inutile. Le sympathique décroche et la branche dorsale du nerf vague prend la main (hypoactivation). Sous la tutelle du parasympathique, ses battements cardiaques ralentissent et sa tension artérielle décroît. La diminution de l’afflux de sang au cerveau lui procure une impression de flou et une sensation de confusion. Il n’éprouve plus d’émotions, à moins peut-être de la tristesse, du découragement ou du désespoir. Il ne ressent plus de douleur ou si peu. Peut-être finit-il par s’évanouir... Les réponses du système nerveux central sont progressives et successives. Il est impossible de passer du « mode ventral » au « « mode dorsal » sans passer par le « mode sympathique ». Inversement, une personne ne peut sortir du « mode dorsal » et revenir au « mode ventral » sans passer par l’échelon sympathique. Cette compréhension doit guider l’hypnothérapeute dans la séquence des transformations à opérer au niveau des réminiscences traumatiques.

Nous avons choisi de représenter l’activité du système nerveux central sous la forme d’une pyramide inversée. Sa large base représente l’éventail de capacités et de ressources disponibles en « mode ventral ». Cellesci se restreignent au fur et à mesure que l’on descend sur l’échelle neuro - végétative en réponse au niveau de danger.

2. Le trauma sous l’angle de la reconsolidation de la mémoire

Les chercheurs en neurosciences ont démontré qu’un souvenir est modifié à chaque évocation. Il est ré-encodé avec le nouveau contexte dans lequel il a été rappelé et est reconstruit à la lumière des besoins et des connaissances du présent. De nombreuses études ont d’ailleurs prouvé qu’il est possible de modifier les souvenirs suite à leur réactivation (Winocur, Moscovitch, 2011 ; Nader, Schafe, LeDoux, 2000b ; Sara, 2000). Ces récentes découvertes offrent une assise scientifique aux méthodes hypnotiques proposant une modification des réminiscences traumatiques dans le but thérapeutique de libérer les patients de leur symptomatologie post-traumatique (Josse, 2023).

3. La thérapie des traumas par les scénarios réparateurs

La méthode du scénario réparateur s’attache à élaborer une reconstruction subjective des événements traumatiques en y introjectant les ressources dont le patient a été privé au moment des faits. Dans ce type de mise en scène, l’idée de souffrance passive est totalement absente. Les symptômes, les émotions douloureuses et les cognitions négatives de la victime sont imputés à l’événement dramatique tandis qu’une autre partie, constituée des zones psychiques restées intactes du souffle traumatique, est identifiée à la lutte qu’elle mène contre cette influence. Cette conception rejoint le modèle de la « dissociation structurelle de la personnalité » développée par Onno van der Hart et ses collaborateurs au début des années 2000. Selon ce modèle, une menace majeure peut provoquer une dissociation aboutissant à une organisation psychique particulière dans laquelle coexistent différents sous-systèmes psychobiologiques de la personnalité. La PE, partie émotionnelle de la personnalité, bloquée dans l’expérience traumatique, est constituée d’expériences sensorimotrices douloureuses et chargée d’affects pénibles. La PAN, partie apparemment normale de la personnalité, assume les tâches nécessaires à la vie quotidienne et à la survie de l’espèce.

4. Remonter l’échelle polyvagale

L’exposition à la scène traumatique n’est pas souhaitable dans tous les cas. C’est au thérapeute que revient la responsabilité. Lorsque l’exposition au souvenir traumatique suscite des peurs incontrôlables, le thérapeute doit ralentir le rythme afin de maintenir les réactions du patient à un niveau supportable qui n’interfère pas avec le réapprentissage et préférer des techniques telles que les métaphores et les histoires thérapeutiques.

Pour accompagner et proposer des scénarios réparateurs adaptés, il est essentiel que le praticien comprenne sur ce qui a fait trauma. Les émotions exprimées par le patient sont des pistes précieuses. La colère, le sentiment d’impuissance et les sentiments de culpabilité indiquent généralement qu’il n’a pas pu se défendre ou défendre un tiers ; la peur signale le plus souvent le manque de protection ou le défaut d’outils cognitifs (incompréhension de la situation au moment de faits, situation tragique vécue comme permanente) ; la honte témoigne habituellement du fait de n’avoir pas pu se défendre ou d’avoir été déshumanisé (humilié, traité comme un objet).

Une fois l’état hypnotique induit, le thérapeute amène le patient à retrouver la situation délétère en disant, par exemple : « Lorsque ce sera le bon moment pour votre inconscient, il vous ramènera au moment de l’agression. Vous êtes dans la rue, vous marchez, vous entendez des pas derrière vous... » Pour l’accompagner au mieux, il est important qu’il sache rapidement ce qui se passe pour lui. Aussi, pose-t-il des questions telles que : « où êtesvous ? », « que se passe-t-il ? », « que faites-vous ? ». Si la vie de la personne a été jalonnée de nombreux événements adverses, il est utile de lui demander son âge. En effet, l’intervenant ne peut être certain du moment que va connecter le patient ayant subi des maltraitances répétées, même s’il l’a orienté vers un souvenir précis. Lorsque le rappel du trauma provoque une régression en âge, le thérapeute veille à s’adresser à cette partie en adaptant ses propos, sa tonalité et son vocabulaire à l’âge expérimenté par son patient. Il est, par exemple, conseillé de tutoyer l’enfant et de continuer à vouvoyer le patient adulte.

L’intervenant aide son patient à identifier les ressources qui lui ont fait défaut au moment critique et l’encourage à transformer la scène traumatique en y injectant les solutions choisies. En priorité, le scénario doit le soustraire au danger vital et lui assurer sécurité physique et protection (neutralisation du danger, personne-soutien, protectrice et introduisant des valeurs essentielles telles que la morale, le respect, la justice, etc.). Il peut ainsi commencer à sortir du « mode dorsal » et remonter d’un échelon sur l’échelle polyvagale. Dans un second temps, le patient doit pouvoir sortir du figement, dépasser l’impuissance et retrouver du contrôle (capacité ou possibilité d’action et de réaction), c’est-à-dire passer du « mode dorsal » au « mode sympathique ». Dans une troisième étape, il doit être sécurisé affectivement et émotionnellement (réconfort, respect, compassion, empathie par une personne bienveillante, moyens habituels de régulation des enfants tels que jouer, se promener, raconter une histoire, etc.). Cette étape de régulation permet au patient d’activer le « mode ventral ». Au besoin, dans une quatrième phase, de la compréhension et du sens (outil cognitif) pourront être introduits afin de permettre une restructuration cognitive par un changement d’interprétation de la situation.

Prenons le cas d’une personne maltraitée dans l’enfance par son père. Le premier scénario pourrait, par exemple, mettre en scène un grandpère qui la soustrait au danger ; un deuxième pourrait faire intervenir une grand-mère pour la réconforter ; un troisième pourrait permettre à la fillette de se défendre après être devenue ultrapuissante grâce à l’ingestion d’une potion magique ; et dans un quatrième, l’adulte qu’elle est devenue pourrait venir expliquer à la petite fille qu’elle n’a pas à se sentir coupable, le seul ayant commis des actes répréhensibles étant son père. Le thérapeute accompagne le patient dans la traversée de chaque scénario jusqu’au moment où il sait que l’événement a pris fin et qu’il a survécu.

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EVELYNE JOSSE
Psychologue, psychotraumatologue, chargée de cours à l’université de Metz (UL) et chargée de cours en formation continue à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Elle a fondé le DIU en hypnose à l’ULB et à l’UL. Elle enseigne l’hypnose aux professionnels de la santé et dispense des cours en psychotraumatologie. Auteure d’ouvrages sur le traumatisme psychique et sur l’hypnose. Elle gère le site www.resilience-psy.com et la chaîne YouTube Resilience Psy.
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Livres du mois. Revue hypnose et thérapies brèves 72.

Hypnose Thérapeutique - mardi 17 septembre 2024 - 18:17
Comptes rendus par Julien BETBÈZE
Dans le fauteuil de l’hypnose, Marc Galy, Erès. Dans la préface de cet ouvrage, Philippe Delerm écrit : « Ressentir et rien d’autre. Ne pas juger. Mais être là, profondément, dans un ailleurs qui devient ici... » Marc Galy, médecin anesthésiste, responsable de la consultation d’hypnose médicale à l’hôpital Saint-Louis à Paris, enseignant au DU de la Pitié-Salpêtrière, nous décrit l’importance de l’installation du corps dans le fauteuil pour développer un espace de liberté ouvrant un autre chemin. Un livre dans lequel on retrouve la finesse des analyses de son auteur.
Marc Galy anime une Masterclass sur François Roustang, “la feuille blanche”, la Présence, l’Attente et le Silence.
René Girard. Biographie, Benoît Chantre, Grasset Enfin une biographie complète sur la pensée d’un des plus grands penseurs français du XXe siècle, créateur de la théorie mimétique. René Girard, auteur de livres majeur s (Mensonge romant ique et vér i té romanesque, La violence et le sacré...) a été le co-organisateur du célèbre colloque de Baltimore en 1966 qui a fait connaître les penseurs français (Derrida, Lacan, etc.) aux USA. Cette biographie intellectuelle se lit comme le roman d’un siècle de bruit et de fureur.
Comptes rendus par Sophie COHEN
La communication, ça soigne et ça se soigne, Laure Watelet, Pauline Antoine, Satas C’est une bande dessinée. La première sur cette thématique tellement répandue et importante : la communication thérapeutique. Les dessins sont très plaisants, Pauline Antoine a exercé son art, elle a su saisir et mettre en scène les situations les plus courantes rencontrées sur le terrain de l’hôpital. Le contenu est présenté avec humour. Trouver résumés ainsi les concepts essentiels sous forme de mise en situation est intéressant pour tous ceux qui découvrent et s’attachent à progresser dans nos relations. Je ne peux que vous recommander de lire cette BD unique en son genre.
Accompagner la mort et le deuil : une approche pratique pour le milieu hospitalier, Christiane Steffens-Dhaussy, Satas Nous sommes tous confrontés à un moment ou à un autre à la mort. Que ce soit dans l’accompagnement de nos patients en activité libérale ou en activité hospitalière. La fin de la vie pose toujours de nombreuses questions aux soignants et à l’entourage familial ou professionnel de la personne concernée. Dans cet ouvrage, beaucoup de situations cliniques sont exposées. L’auteure nous livre son expérience et nous en fait profiter au travers de ses écrits. La lecture terminée, vous vous sentirez certainement confortés dans certaines de vos pratiques ou questionnés par rapport à celles-ci. La culture et les pratiques autour du deuil sont abordées. Le burnout également. Des pratiques hypnotiques sont proposées. On se laisse facilement accompagner par ce livre.
Silhouette mon amie, mon ennemie. Comprendre et aimer son corps à l’heure des réseaux sociaux, Dr Dominique-Adèle Cassuto, dessinatrice Titeepex, Editions de La Martinière Jeunesse. Un livre qui s’adresse aux adolescents, c’est plutôt rare. On le constate souvent, les adolescents sont sensibles à leur imag e . Cette période fragile de la vie valait bien un livre con sacré à la question de la maigreur ou du surpoids. Illustré, l’ouvrage se lit facilement, il comporte des tas de petits témoignages qui le rendent vivant. Il comprend également des tests et des conseils. Il n’empêche que le fond est solide, documenté. Enfin un livre qui parle des réseaux sociaux, et en particulier comment s’en protéger. Le sujet des influenceurs est abordé. Des numéros d’appel, des sites d’informations utiles et des vidéos du Dr Cassuto sont accessibles en flashant un QR code. A mettre entre les mains de tous les ados qui se posent des questions sur leur silhouette et qui souffrent de la comparaison de leur corps réel par rapport au virtuel.

« Give up » et dépression. Recadrage et conversation d'engagement.

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 16:04
Dr Alain VALLÉE pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves 72. Comment imaginer rendre hommage à Alain Vallée, qui nous a quittés dernièrement, sans faire résonner une nouvelle fois sa parole, sa pensée, ses idées... Il nous est donc apparu essentiel de publier dans les pages d’« Hypnose & Thérapies brèves » un article consacré à la conversation d’engagement dans un cas de dépression.

QUELQUES RAPPELS SUR LES ÉLÉMENTS PSYCHOGÉNÉTIQUES DE LA DÉPRESSION

Dans la dépression, le patient se sent victime des autres, du monde, ou de ses illusions ; tout ce qu’il essaie de faire pour remettre de l’ordre dans sa relation aux autres, au monde, ou à lui-même, est vain et ne conduit qu’au désespoir. Il essaie de corriger par des tentatives de solution : éviter de penser au futur et à l’effondrement, contrôler encore plus lui-même, le monde et les aut res. L’échec va le mener au désespoir. A la fin, il ne lui reste plus qu’à « laisser tomber ».

UN PARADOXE

Depuis que je suis amené à suivre des patients dépressifs ou « burnout », je me suis senti bloqué par un paradoxe. La dépression est-elle une réaction passive ou bien un comportement actif ? S’agit-il de bloquer un ensemble de conduites automatiques pathologiques ou bien s’agit-il de mettre fin aux conséquences dramatiques d’un choix délétère ?

Pour Giorgio Nardone, la réaction de défense principale de la dépression est le « give up » que l’on traduit généralement par « laisser tomber ». Toutefois cette traduction ne met pas suffisamment en évidence ce côté actif du « give up » (différent du « give in » passif). L’impuissance et le désespoir amènent les dépressifs à avoir une attitude constante : ils laissent tomber (« give up »), ce qui les amène à jouer le rôle de la victime et, conséquemment, à prendre l’entourage en otage. Il apparaît donc justifié d’entraîner cette personne à abandonner le fait de jouer la victime et à casser le cercle vicieux de prise d’otage de l’entourage. Avec « up » il s’agit d’abandonner, de laisser tomber, de rendre, de sacrifier quelque chose : c’est une action. Ainsi, si le patient laisse tomber la lutte, c’est un choix actif, beaucoup plus délibéré qu’il n’y paraît, un moyen de défense actif. Pourtant nos patients dépressifs donnent l’impression que tout leur est tombé sur le dos, tout a totalement dépassé leurs capacités, si bien que le comportement dépressif leur apparaît comme une pure réaction sur laquelle ils n’ont aucune prise.

COMMENT LES AMENER À PENSER QU’ILS N’ONT PAS CAPITULÉ MAIS QUE, AU CONTRAIRE, ILS ONT SUSPENDU LE COMBAT D’UNE MANIÈRE DÉLIBÉRÉE ?

Vous imaginez bien que si votre patient dépressif prend en compte l’aspect actif de son système de défense, c’est toute sa représentation de lui-même qui va basculer du mode passif au mode actif. Sa propension à coopérer activement dans le soin augmentera d’une façon très importante. Peut-être même que, au lieu de se contenter de céder à la pression des autres pour faire telle ou telle activité, au lieu d’appeler à son aide : « il faut que... », il lui sera plus facile de repérer des moments à l’occasion desquels il a pu dire : « je fais cela ou j’ai fait cela ». Dans ce renversement de sa posture, tous les moyens de défense utilisés apparaîtront actifs. C’est ainsi que les plaintes, les ruminations, les comparaisons, les efforts, les évitements lui apparaîtront comme des stratégies délibérées de protection, vis-à-vis desquelles il peut envisager un espace de liberté suffisant pour pouvoir les modifier ou même les arrêter. En effet, vous savez tous que se plaindre, ruminer, se comparer aux autres, faire des efforts ou bien évoquer les « il faut que », éviter toutes sortes de situations, sont des tentatives de solutions inefficaces qui ne servent qu’à entretenir le problème. Parmi celles-ci, certaines sont devenues automatiques, que ce soient les ruminations, les constructions de scenarii négatifs, la perte des intérêts, l’incapacité d’anticiper. Elles sont tellement devenues automatiques qu’elles sont devenues des symptômes caractéristiques de l’état de maladie.

Lorsque vous aurez montré à votre patient combien une seule de ses stratégies est active et délibérée, il sera beaucoup plus enclin à reconsidérer l’ensemble de ses moyens de défense et, petit à petit, à prendre en compte combien chacun de ces comportements, même s’il est devenu automatique avec le temps, a été au début un comportement décidé ou une action délibérée. Alors, me direz-vous, comment faites-vous ?

L’HYPNOSE

Déjà, vous savez tous amener ce processus. Par exemple, imaginons que vous installez pour lui un bon souvenir. Cette expérience engendre, maintenant, un état de bien-être calme qui fait que, juste à ce moment-là, ni avant ni après, le patient suspend ses tentatives de solutions inefficaces vis-à-vis de lui-même et également vis-à-vis de son interlocuteur, lequel renonce lui-même à son envie de donner des bons conseils ou des exhortations.
Le risque principal a lieu juste après la transe, lorsque votre patient retrouve avec vous son monde ordinaire et qu’il est fréquemment amené à vous dire : « Docteur, c’était agréable votre relaxation, mais après ? » C’est justement à ce point précis que, quelquefois, vous ne savez pas trop quoi répondre et que vous désespérez vous-même, votre proposition d’une expérience confortable d’hypnose vous apparaissant alors comme une tentative de solution insuffisante et inefficace contre le mur trop haut de la dépression.

C’est à ce moment-là qu’il est important, pour continuer le processus thérapeutique, d’initier une conversation d’engagement pour lui faire percevoir que ses modalités habituelles de fonctionnement sont beaucoup plus actives et délibérées qu’il ne le croit.

VIGNETTE CLINIQUE : JUSTE APRÈS LE BON SOUVENIR

-Thérapeute : « Comment vous sentezvous, maintenant ?
- Patient : Bien.
- Th. : Pouvez-vous, avec votre main, me montrer le centre de ce “se sentir bien” ?
- P. : C’est là. Il pose alors sa main sur le haut du thorax.
- Th. : Que diriez-vous : plus léger, soulagé, quoi d’autre ?
- P. : Soulagé.
- Th. : OK. Maintenant, comment voyezvous la suite ? Est-ce que, à votre avis, vous allez sortir guéri, ou bien allez-vous recommencer à ruminer, à broyer du noir, ou bien tout ce que vous êtes amené à faire d’habitude ?
- P. : Ouais, ça va recommencer.
- Th. : Est-ce que vous pouvez me dire quand ça va recommencer ? Est-ce que ce sera parce que vous allez retrouver votre oppression dans la respiration, est-ce que ce sera parce que vous allez recommencer à imaginer le mur noir qui est devant vous, est-ce que ça va être parce que vous allez voir devant vous la liste de tous les “il faut que” qui vous attendent, ou bien n’importe quoi d’autre ?
- P. : Oui, c’est un peu tout cela.
- Th. : Si je comprends bien, vous allez vous dire : c’est plus fort que moi, je ne peux pas affronter cela et je préfère laisser tomber.
- P. : Exactement !
- Th. : Donc, si je comprends bien, en sortant d’ici, ou bien même avant, vous savez que vous allez décider de laisser tomber dans le but de vous protéger de ce que vous envisagez comme pire ?
- P. (hésitation...) : Oui.
- Th. : Dites-moi, imaginez que vous avez une conversation avec une personne de votre connaissance qui vit le même enfer que vous. Imaginez que cette personne vous dise qu’elle est allée voir un thérapeute, qu’elle s’est sentie mieux et que, ensuite, plutôt que d’en profiter pour augmenter ses efforts, elle a préféré laisser tomber tout de suite plutôt que de continuer à faire des efforts comme d’habitude. Qu’est-ce que vous penseriez à propos de cette personne ?…

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Dr Alain Vallée Après une carrière de psychiatre hospitalier, il a exercé comme psychothérapeute. A enseigné l’hypnose et les thérapies brèves dans plusieurs DU ainsi que dans divers instituts français et étrangers. Auteur de nombreux articles et d’un livre paru en 2017 : « Nouveau cours de TOS, dialogues et récits », éditions Satas, Bruxelles. Président de l’AREPTA - Institut Milton Erickson de Nantes.

Un passeur de vie. De Julien BETBÈZE en hommage à Alain Vallée.

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 15:55
Alain Vallée découvre l’hypnose en 1990, au cours d’une journée de travail d’un groupe nantais de psychanalystes avec François Roustang (qui venait de publier Influence) ; la conférence de François Roustang le touche intellectuellement et physiquement, et sa vie de thérapeute va en être profondément modifiée. Il souhaite alors expérimenter une séance d’hypnose et m’invite pour cela dans son bureau à l’hôpital. Il m'indique adorer naviguer, activité associée à la liberté, à la relation avec ses enfants et à l’amitié avec les marins. Le thème de la séance se porte donc naturellement sur le thème du bateau, de la liberté, du voyage, de l’amitié. Il s’absorbe rapidement dans cette expérience ressource, et dès la fin de cette séance, l’oeil pétillant et un large sourire, déclare : « On va monter une formation d’hypnose au CHU, connais-tu quelqu’un ? » C’est ainsi que Jacques Antoine Malarewicz viendra durant plusieurs années au CHU de Nantes former des psychiatres : sa créativité et son humour gentiment provocatif résonnent avec le désir d’Alain qui découvre une nouvelle pratique basée sur l’intelligence du corps.

Cette formation liant l’hypnose et l’esprit des thérapies brèves lui ouvre de nouvelles perspectives qu’il cherche à approfondir avec Michel Kerouac, puis avec Steve de Shazer en 1994 : « Je me souviens encore avec surprise et délectation d’une situation de supervision à propos de la dépression résistante au cours de laquelle je jouais le rôle d’un de mes patients dépressifs. Lorsque Steve de Shazer m’a fait raconter ma journée dans le détail, quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai avoué “mettre du ketchup” dans les pâtes […] encore insipides l’instant d’avant. J’ai beaucoup appris ce jour-là » (1). Les collègues présents se rappellent tous comment le visage d’Alain s’est profondément modifié, passant d’une hypomimie dépressive au sourire malicieux de l’enfant plaintif pris avec le doigt dans le pot de confiture. L’irruption de la sauce tomate sur des pâtes insipides a été une véritable expérience émotionnelle lui permettant de comprendre qu’une simple question peut ramener à la vie, ce qui l’amènera par la suite à vouloir transmettre la puissance d’un questionnement ajusté dans son enseignement. Suite à cette expérience fondatrice, Alain a le courage de quitter l’hôpital et son statut de psychiatre hospitalier reconnu pour s’installer en ville afin de pratiquer l’hypnose et la thérapie orientée solution dont il deviendra l’un des meilleurs spécialistes français.

La rencontre avec Steve de Shazer renforce son désir de créer une structure centrée sur les thérapies actives afin de partager le plaisir à pratiquer les thérapies brèves. Dans cette optique il sera à l’initiative de la création de l’ARePTA (Association régionale pour une thérapie active, qui deviendra également l’Institut Milton H. Erickson de Nantes), lui permettant d’intégrer le travail de François Roustang et de Steve de Shazer sur le corps relationnel comme un véritable renouvellement de la pensée psychopathologique.

A l’ARePTA, Alain a toujours incité chacun à garder sa propre créativité : le respect de la diversité des points de vue et de l’expérience singulière des formateurs était essentiel pour lui. Généreux dans l’échange et dans la transmission, il mettait au centre de son attention toute idée dont il sentait la justesse. « Depuis bon nombre d’années, je tente de transmettre l’idée et l’expérience de la simplicité, voire du minimalisme » (2). Alain se méfiait des théories compliquées et de la fausse unanimité des discours vides, il préconisait la curiosité et souhaitait à chacun de « dé-coïncider » du discours convenu, l’amour suffit : « La compréhension engendre la sympathie, la sympathie appelle l’amour et l’unité. C’est cela accepter » (3).

Notes
1. Alain Vallée, Manuel pratique de thérapie orientée solution, Bruxelles, Satas, 2017.
2. Alain Vallée, Hypnose de l’acceptation, Toulouse, Erès, à paraître.
3. André Comte-Sponville, De l’autre côté du désespoir, Paris, Accarias-L’Originel, 1997.


«Oh non, pas lui !». Gérard OSTERMANN en hommage à Alain Vallée.

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 15:46
« Oh non, pas lui ! » Voici la réaction immédiate et particulièrement émue d’une jeune collègue qui a pu bénéficier de l’enseignement d’Alain Vallée à l’ARePTA et à qui je venais de lui annoncer sa disparition. Cette vive réaction en dit long et résonne tellement avec la juste formulation de Lamartine : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! »

Ma première pensée bien ancrée dans le coeur s’adresse à son épouse Catherine et à ses fils Julien et Antoine.
Comme tout un chacun, nous voyons notre entourage (proches ou relations) disparaître petit à petit, fauchés par le temps, et ce qui lui est relié : vieillesse, maladies, accidents. Les ornières du sentier sur lequel chacun avance se comblent de souvenirs au fur et à mesure qu’il aborde des crêtes désertifiées et nos émotions seules peuvent encore nous tenir lieu de compagnes dans la solitude qui s’installe et nous glace. Alors, fatalement, se pose un jour la question de l’à quoi bon ! Les étais de la simple logique ne suffisant plus à nous tenir debout, il faut y ajouter non du sens, mais des sensations, en comblant les vides avec quelques prothèses (ou, au choix, un crayon à papier) pour continuer à croquer modestement la vie. Combattre l’absence et le vide par la chimie et la méditation, bâtir des ponts sur le vide, se construire sans illusions un présent Potemkine... et transformer sa vie en mutant son existence de l’actif bouillonnant au passif apaisé. Sans illusion(s). Voilà tout ce qui nous est accordé !

Aujourd’hui, nous nous réunissons nos plumes pour rendre un vibrant hommage à un grand psychiatre, un homme d’une grande humanité et un pionnier dans le domaine des thérapies brèves.

Alain, ton départ laisse un vide immense dans nos coeurs et dans le domaine de la psychiatrie et la thérapie. Je sais ce que tu m’aurais répondu : « Laisse s’écouler la sensation de l’émotion. » Tu as consacré ta vie à aider les autres, à écouter leurs souffrances et à apporter un soulagement dans leurs vies tourmentées. Ton empathie inébranlable et ta compassion ont touché de nombreuses personnes, leur redonnant espoir et confiance en un avenir meilleur. Tes patients se souviendront toujours de tes paroles réconfortantes et de ta présence rassurante. En tant que pionnier dans le champ des thérapies brèves, tu as ouvert de nouvelles voies pour le traitement de la souffrance. Ton approche novatrice a permis à de nombreux patients de trouver des solutions rapides et efficaces à leurs problèmes. Ton travail a inspiré de nombreux autres professionnels de la santé mentale et continuera d’influencer les générations à venir. Au-delà de ton expertise professionnelle, tu as été également un être cher, un ami fidèle et un modèle de bienveillance. Ta générosité et ta gentillesse ont touché tous ceux qui ont eu la chance de te connaître. Ton sourire chaleureux et ton sens de l’humour ont illuminé nos vies.

Dans la tristesse et le regret de son départ prématuré, Nous rendons hommage à Alain, grand psychiatre éclairé, Spécialiste de l’hypnose et des thérapies brèves, Un humaniste et pédagogue qui a marqué les esprits sans trêve. Alain, tel un Victor Hugo de notre temps, A su éveiller les consciences en un instant, Par sa plume experte, il a tracé des chemins, Vers la guérison, l’épanouissement et le bien. Dans l’art de l’hypnose, il était un maître, Révélant les ressources cachées, libérant les êtres, Par ses mots choisis, il ouvrait les portes de l’inconscient, Pour apaiser les maux, panser les blessures, en un instant. Sa passion pour les thérapies brèves était sans égale, Il savait que le temps était précieux, vital, En quelques séances, il trouvait la clé, Pour que chacun puisse retrouver la sérénité. Mais Alain était bien plus qu’un expert, Un humaniste au coeur ouvert, au regard sincère, Il écoutait les histoires, les souffrances, les douleurs, Et offrait son soutien, sa compréhension, sa chaleur. Il éclairait les esprits, levait les voiles de l’ignorance, Pour que chacun puisse trouver sa propre renaissance. Hélas, la vie lui a arraché prématurément, Mais son héritage perdurera éternellement, Dans les coeurs de ceux qu’il a touchés, inspirés, Par sa bienveillance, son humanité, sa volonté. Son départ laisse un vide immense, un regret, Mais son oeuvre continuera de briller, Comme une étoile dans le ciel, pour l’éternité.

Mon cher Alain,
Mon regretté ami David Servan-Schreiber avait écrit juste avant de partir : « on peut se dire au revoir plusieurs fois ». Pour ma part, j’ai envie de te dire « bonjour à nouveau ». Comme tu as pris de l’altitude, beaucoup d’altitude, j’ai imaginé ton voyage céleste : saint Pierre t’accueille et te dit : « Alain, soyez le bienvenu, nous vous avons réservé une place entre Baruch Spinoza et Milton Erickson. Vous pourrez ainsi discuter pendant l’éternité ». J’ai alors deviné ta réponse : « merci infiniment, mais il nous faudra bien un jour de plus ! ».

La mort met fin à la vie, mais pas à la relation. La tradition juive insiste sur le fait que la présence au monde d’un disparu reste solidement accrochée à nos vies grâce aux mots. Ainsi en témoigne la magnifique prière des morts qu’est le Kaddish, qui dit : «Puisse son âme être tissée aux fils de nos vies.»


Un pédagogue aguerri. Hommage à Alain Vallée (1950-2023) par Pierre CASTELNAU, président de la CFHTB.

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 15:38
Alain Vallée nous a quittés trop tôt. Médecin spécialisé en psychiatrie et expert reconnu de l’hypnose et des thérapies brèves, le Dr Vallée a formé des générations d’étudiants et de stagiaires au sein de l’Institut Milton Erickson de Nantes (ARePTA). Spécialiste de la conversation d’engagement et des stratégies solutionnistes, Alain Vallée a pris soin de milliers de patients au cours de sa carrière. Il était aussi une figure marquante de la Confédération francophone d’Hypnose et Thérapies brèves (CFHTB) : par sa bonne humeur équanime et son regard doux et clair, bien sûr, mais aussi par la finesse de ses analyses sur le fonctionnement réel du psychisme humain. Pédagogue aguerri, Alain savait rendre limpide un cheminement complexe avec un regard résolument humaniste que tous lui reconnaissent.

Auprès du Dr Isabelle Nickles, présidente de l’Institut Milton Erickson de Montpellier, il avait activement participé à l’organisation du Forum de la CFHTB qui fut un succès mémorable en 2018. J’ai eu la chance de croiser aussi régulièrement Alain Vallée aux Journées hypnotiques de Biarritz (JHB), organisées par Hugues et Frédérique Honoré et l’Institut Milton Erickson Biarritz-Pays Basque. Recueillir son avis et lui soumettre une idée ou une hypothèse nouvelle donnait toujours lieu à un échange fécond. Comme beaucoup d’entre nous, j’appréciais son abord facétieux et sa frappante vivacité d’esprit.
Au plus fort de son combat contre la maladie, cette vivacité ne l’a pas quitté. En septembre dernier, alors que je prenais de ses nouvelles, il me confia la mission de proposer une réflexion aux participants de l’édition 2023 des JHB à laquelle il regrettait de ne pouvoir participer. Telle fut sa consigne que nous avons bien sûr suivie : « Transmets mes voeux de réussite pour ces Journées. Je vous souhaite beaucoup de joie, à la condition que vous y prêtiez attention, condition nécessaire à son introjection et matériau principal du sentiment de bonheur. Peut-être pourriez- vous même réfléchir à la manière dont, faute d’attention, nous laissons se perdre la richesse de la vie. Amitiés à tous. Belles et brillantes JHB ! »

Voici quelques-unes des réponses recueillies à l’occasion de ces Journées :

- « Cher Alain, je viens d’Australie et j’ai suivi plusieurs de vos formations. J’ai été très touchée, émue et inspirée par votre philosophie et votre manière d’être. Votre manière de voir le monde, votre bienveillance qui est sincère, authentique et à part. »

- « Alain, merci ! Merci pour ton enseignement depuis des dizaines d’années. Pour ta pédagogie, pour ta patience et ton empathie. Merci pour ton sens de la simplification et de la synthèse qui permettent de ne garder que l’essentiel. Ta voix m’accompagne pour toujours. »


-« A un de mes maîtres. A un ami qui m’a permis de grandir et de voir autrement. Qui, à travers cette tristesse de n’être que soi, sait sourire et rire d’un rien. Qui m’a dit “ose” et j’ai osé. Un grand merci à toi Alain et au plaisir de t’écouter et t’entendre rire. »

- « Alain est le thérapeute qui a le plus apporté à ma pratique (de soignant) par sa simplicité, sa curiosité et son style unique. Alors je “resterai avec ça”, ses enseignements et ses partages si porteurs. De quoi nourrir ma vie et ma pratique de belles images pleines de sens. »

Cher Alain, par ton talent et ta gentillesse tu as marqué pour toujours le monde de l’hypnose de soin et tu ne seras jamais loin de nous tous. Nul doute que nous garderons, à jamais dans nos coeurs, ce fameux « c’est la vie » paisible et philosophe qui ponctuait tes regards bienveillants sur le monde.
Selon Jacques Perry-Salkow, grand maître des anagrammes, les mots renferment le sens caché du monde. En prêtant attention à l’ordre des lettres on peut ainsi parfois découvrir la musique intérieure qui éclaire l’âme d’une personne pour l’éternité et au-delà du cadre apparent de son nom : EN VIE… LA LA LA…


Pr Pierre CASTELNAU Professeur de pédiatrie et chef du service de neuropédiatrie au CHU de Tours. Chercheur affilié à l’unité Inserm U1253 « iBrain », coordonnateur du DU d’hypnose médicale de l’université de Tours.

Abracadabra... «il a fait comme il a dit». Hommage à Alain Vallée de Wilfrid MARTINEAU

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 15:32
Alain Vallée nous a quittés trop vite. Mais il nous reste quelque chose de lui de précieux car, au-delà du souvenir, les patients qu’il a contribué à aider, les personnes qui ont eu le bonheur de recevoir son enseignement gardent dans leur vie d’aujourd’hui quelque chose d’Alain.

J’ai rencontré Alain en 1984 alors que je terminais mon internat. Il avait pris un peu de temps pour préparer certains d’entre nous à ce que l’on appelait à l’époque l’assistanat des hôpitaux psychiatriques. J’ai gardé de ces premières rencontres le souvenir d’un jeune clinicien rigoureux qui avait déjà une certaine aura et le goût de la transmission. A cette époque, il fréquentait les cercles psychanalytiques, était réputé comme un psychanalyste lacanien intelligent et ouvert, et avait le plus grand respect pour l’enseignement de Piera Aulagnier.

Alain Vallée était curieux à tout ce qui pouvait être utile aux patients. Découvrant l’hypnose, grâce à François Roustang et Julien Betbèze, il a eu la chance de bénéficier de l’enseignement de Jacques Antoine Malarewicz et de Michel Kerouac, à une époque où celle-ci n’avait pas bonne presse dans les milieux psychanalytiques. Il a perçu que l’hypnose permettait d’affiner le sens clinique dans des situations difficiles. Cela a orienté différemment sa pratique et il s’est rapproché du courant systémique, en particulier l’approche centrée solution. C’est sans doute sa rencontre avec Steve de Shazer qui a été déterminante, transformant radicalement l’approche thérapeutique avec une simplicité déconcertante. Mais comme chacun sait, «simple n’est pas facile». L’amour du détail, l’observation des petites différences, l’accompagnement respectueux du patient, la centration sur les ressources et les compétences qui sont au centre de l’éthique des thérapies brèves d’inspiration solutionniste se sont révélés rejoindre ses préoccupations dans la relation soignant-soigné.

Alain Vallée exerçait comme psychiatre en milieu hospitalier, il était expert auprès des tribunaux et a été à l’initiative de nombreuses innovations pour améliorer les prises en charge. Par la suite, il opère un tournant radical dans sa pratique en s’installant en ville comme psychiatre, psychothérapeute libéral au tournant de la quarantaine. Je me rappelle avec émotion les supervisions avec J.A. Malarewicz et celles que nous faisions en direct avec quelques confrères, à l’aide d’une glace sans tain dans son bureau aménagé à cet effet. Alain a toujours aimé partager et transmettre.

En 1994, avec un groupe de psychiatres, médecins et psychologues nantais, Alain créera l’ARePTA qui deviendra plus tard « Institut Milton Erickson de Nantes ». Il en sera le président-fondateur. Cette association rejoindra la CFHTB. Ce qui en était au coeur, c’était le partage et une grande créativité entre des professionnels pas toujours d’accord, mais qui au fil du temps ont pu construire une sorte d’état d’esprit, une éthique, une manière d’accompagner dans la thérapie. Alain en était l’aiguillon. L’idée centrale était celle d’être ouvert à toute pratique contributive au bien-être des patients et de converger vers la reconnaissance des compétences et de la capacité d’autonomisation du patient. Cela nous a permis de nous ouvrir à de nombreuses approches comme l’EMDR, la thérapie stratégique et plus récemment la thérapie narrative, et de contribuer à répandre ses approches auprès des professionnels de santé.

Alain a déployé beaucoup d’énergie pour développer tous ces projets. Il n’a jamais voulu, même s’il est resté longtemps président de l’ARePTA, se transformer en maître à penser et est resté jusqu’à la fin avide des apports des uns et des autres. Notre collaboration lors des différentes formations et forums était étroite, et les partages écrits et oraux, d’une grande richesse, ont permis de construire un enseignement vivant, donnant toute sa place au lien entre hypnose et thérapies brèves. Jusqu’au bout, il est resté un apprenant. Des philosophes comme Wittgenstein mais surtout Spinoza ou Prajnanpad l’ont beaucoup influencé tant dans sa pratique que dans sa vie personnelle et ont contribué à construire cette « hypnose de l’acceptation » qu’Alain aimait transmettre.

Cet enseignement, il a eu l’occasion de le prodiguer dans de nombreux instituts et universités participant à de nombreux DU (douleur, hypnose...) et aussi lors des forums où ses interventions étaient fort appréciées. Ouvert aux autres et à la différence, il aimait le partage et la confrontation des idées. Il ne manquait jamais un forum de la CFHTB ni l’occasion d’une découverte de la pratique d’un nouvel expert que nous cherchions à inviter dans notre association.
Mais derrière l’enseignant, il y avait l’homme pour qui le « devenir sage » était l’enjeu fondamental de l’existence. Il était un repère pour beaucoup d’entre nous. Plein d’humour, il savait stimuler par de douces provocations les personnes en formation à se décaler de leurs positions et à faire de réelles nouvelles expériences. Toujours présent, studieux et attentif à intégrer de nouveaux apports dans sa pratique, il a grandi dans son métier de thérapeute en parallèle de son métier d’homme. Il pensait profondément que toute croissance existentielle implique de ne pas s’enfermer dans la position du « Sachant ».

C’est peut-être l’art de la navigation qui l’a amené à être ce capitaine serein à la barre du bateau ARePTA. Il n’a pas lâché, attendant le moment opportun pour confier à d’autres la conduite du navire. Jusqu’au bout (cet été encore), Alain aura navigué d’île en île sur cet océan qui le faisait rêver et que nous aimons tant. Il s’est éclipsé, entouré ces derniers mois des siens qui l’ont accompagné dans la maladie qu’il a acceptée avec une dignité exceptionnelle. Nos pensées vont vers sa famille et ses proches.
Alain était un vrai ami, respectueux, ouvert et très attentif à ses proches. J’ai pu observer sa délicatesse si souvent. Il essayait de rejoindre par sa manière de vivre ce qu’il pensait juste. C’est là une tâche très difficile et je peux dire qu’il l’a pleinement réussie.
Alain aimait beaucoup la question miracle que l’on pourrait résumer avec cette formule : Abracadabra ! Delphine Horvilleur (1) nous rappelle qu’en araméen cela se traduit littéralement par « il a fait comme il a dit ». Le verbe crée le changement ! Abracadabra, Alain, dans sa vie.
1. Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts, Grasset, 2021.



Dr Wilfrid MARTINEAU Chef du pôle Psychiatrie et Santé mentale du CHU de Nantes. Formation à l’hypnose, EMDR, TOS, thérapie narrative et thérapie stratégique. Expérience de l’urgence et des situations de crise et du psychotraumatisme. Exercice actuel en psychiatrie de secteur (CMP et unités d’hospitalisation). Formateur au sein de l’ARePTAInstitut Milton Erickson de Nantes. Coordonnateur du DU Hypnose et Communication thérapeutique de la Faculté de médecine de Nantes.

Petite conversation thérapeutique Virginie LAGRÉE. Hommage à Alain Vallée (1950-2023)

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 15:07
« Ne pas pleurer ce qui est perdu, aimer non seulement ce que j’ai encore, quoi que ce soit, bon ou mauvais, car cette simple conscience est une preuve de vie. »
- Tu te rappelles ce que j’ai écrit ? Tu m’entends ?
- Oui, Alain, je t’entends. C’était l’un de tes derniers textos. Mais c’est un peu difficile de ne pas pleurer aujourd’hui...
- Imagine que ce soir, après cette journée, tu réussisses à t’endormir et que pendant la nuit, un miracle a lieu... qui fait que tout le chagrin que tu éprouves aujourd’hui s’est envolé... comme ça !
- C’est pas possible ça Alain ! Je t’assure... J’ai relu il y a peu l’un des messages que tu m’avais envoyé un jour gris comme celui-ci, tu m’écrivais : « Au-delà des difficultés, je te souhaite de savoir te protéger de tous les monstres de l’imagination, rappelle-toi : Ridiculus s’ils sont présents, Erectus pour les faire grossir si tu crains qu’ils ne viennent. »
J’ai beau hurler matin et soir Ridiculus, Erectus, dans tous les sens pour chasser mes peurs, ça ne marche plus depuis que tu n’es plus là.
- Qu’est-ce que tu ressens, c’est quoi la sensation qui va avec ton émotion ?
- C’est comme un trou, un énorme trou qui fait mal.
- Et où ça se situe ?
- Dans mon coeur, oui c’est ça, j’ai un trou dans le coeur.
- Pose ta main dessus, laisse la sensation s’écouler, et répète « j’accepte ».
- J’arrive pas, je te promets.
- Bon alors, essaie de faire venir un bon souvenir.
- Un bon souvenir ? Mais il y en a tellement Alain de bons souvenirs avec toi !Un bon souvenir, c’est le « sang de marin » qui coule dans nos verres à Couëron, c’est le coucher de soleil sur Arz au mouillage lors de notre virée en mer avec Catherine sur « Hippogriffe », c’est les fous rires à Berder, à Biarritz et à Liège, à Lesconil, à Saint-Malo, et aussi pendant tes enseignements à l’ARePTA, c’est nos retrouvailles estivales au Crouesty et le gâteau breton pour nos anniversaires communs chez vous ou chez nous que tu avais baptisé « l’auberge du chat qui pète », tous ces moments joyeux grâce à « la chimie des breuvages et l’alchimie du restant » comme tu disais... Ce sont tes phrases guides, tes messages de soutien, dont j’ai fait des mantras, ton plan de secours pour notre fils dont tu as fait un chapitre dans ton premier livre, ta présence et ton souci inconditionnel de l’autre, ton humour qui ne t’a jamais quitté, pas même dans les instants les plus difficiles, c’est...
- OK... OK... reste avec tout ça, garde bien tous ces souvenirs, ça aidera à combler le trou. C’est OK pour toi ?
- Bien sûr c’est OK. J’ai eu tellement de chance de les vivre, ces souvenirs seront mes ancrages, mes poussières d’étoiles, comme tu disais, mes poussières de toi... Merci Alain !


Dr VIRGINIE LAGRÉE Psychiatre aux Urgences médico-psychologiques du CHU de Nantes et au Service d’accueil familial thérapeutique adultes (SAFT) de Loire- Atlantique. Chargée de cours à l’université au DIU de Suicidologie, au DU de Médecine d’urgence et formation des internes. Vice-présidente de l’ARePTA.
Auteure de: Technique or not technique? Dans le cortège des souffrances aux urgences.

Il est parti... Hommage à Alain Vallée (1950-2023). Dr Jacques-Antoine MALAREWICZ.

Hypnose Therapie Breve - mardi 17 septembre 2024 - 14:49
Alain... Il est parti... Nul reproche à lui faire, tant la camarde est imprévisible et injuste pour tous, tant elle peut nous frapper même au plus intime de l’esprit là où, comme lui, travailleur curieux et obstiné de la pensée, il a été rogné par les dents d’un mauvais animal. Un cancer sournois, comme tous les cancers, mais le sien a été particulièrement prompt à la tâche.

Quand même... ce n’est pas bien...

La disparition d’Alain longtemps n’occultera pas les souvenirs qu’il me laisse. Souvenirs personnels bien évidemment, souvenirs professionnels et aussi, par bonheur, la trace de moments marqués par l’amitié ; c’est-à-dire, chaleureux et empreints de simplicité... Tout est dit...

En août dernier, au téléphone, il était resté le séduisant rebelle que je connaissais depuis les années quatre-vingt d’un tout autre siècle. Pestant, en bon connaisseur de ce milieu, contre les incohérences des différents systèmes hospitaliers et contre les hésitations de certains médecins. Il tentait ainsi de calmer, autant que faire se peut, ce qui est parfaitement légitime, les injustices que le destin lui avait infligées à si court terme.
Comme cela lui arrivait souvent, je l’ai senti se forger d’autres certitudes que celles qu’il détestait subir. Parfois, il avait également pour réflexe de contester les propos de son interlocuteur, non seulement pour le plaisir de la controverse mais pour sacrifier au besoin beaucoup plus subtil, et pour certains désuet, de la disputatio.

Qu’a-t-il emporté avec lui, outre le tourbillon de ses activités brutalement interrompues ? Ce qui subsiste pour les survivants, à tout prendre, compte peut-être moins que ce qui reste sédimenté dans l’âme du mort.

En réaction désespérée à une disparition, se dessine dans l’espace mental intime de chacun un puzzle, à la fois incomplet et tragique, qui prétend à l’idéal mais ne fait qu’établir une frontière de plus en plus incertaine avec ce qui n’est plus.

Ainsi je pourrais, cédant à la facilité, mentionner sa barbe qui est restée pour moi un tantinet gréco-phrygienne, sa voix si particulière qui m’a toujours semblé naturellement modelée pour induire l’hypnose, son regard qui, dans mes souvenirs déformants, avait toutes les limpidités et les bleuités de l’océan – que ses proches me pardonnent les libertés fautives que je prends avec ce qu’ils savent bien mieux de leur époux, de leur père, de leur grand-père.

En fait, il n’est pas utile de chercher à préciser une esquisse qui restera toujours bien en deçà des incertains souvenirs s’effaçant dans la brume du quotidien.
Où est-il parti ? En mer comme il est tentant de l’imaginer, en voyage au-delà de l’horizon dans des rêveries éternelles qu’on ne peut que lui souhaiter, en écriture comme il savait bien le faire, en discussions avec d’autres explorateurs du monde inépuisable de l’âme humaine et de la psychothérapie ?
Au sujet d’Alain, il va falloir s’habituer à conjuguer le temps à l’imparfait et aux approximations qu’imposent les souvenirs et les points de suspension, à la nostalgie d’un passé qui s’éloigne cruellement et nous engloutira tous plus ou moins rapidement, aux discrets et implacables tamisages qu’opère, sans les annoncer et les assumer, la mémoire porteuse de trahisons.
En Pays nantais, Alain a été l’un des fondateurs de l’ARePTA – un acronyme qui est toujours resté mystérieux pour moi et dont la première lettre annonce, selon toute probabilité, une association. Son audience s’est prolongée bien au-delà. Que ce beau navire puisse continuer à voguer !


Dr JACQUES-ANTOINE MALAREWICZ Après avoir été chef de service pendant dix ans à la clinique Dupré de Sceaux, il partage son temps entre son cabinet de consultations, la formation et la supervision de psychothérapeutes, ainsi que de consultants en entreprise. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’hypnose ericksonienne et à l’approche systémique.

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Il était une voie / voix. Revue Hypnose et Thérapies Brèves 72.

Hypnose Thérapeutique - jeudi 12 septembre 2024 - 23:02
Le pourquoi du comment ! Par Blandine ROSSI-BOUCHET. C’est en sa qualité d’hypnophoniste que l’auteure recueille la parole de femmes aux parcours de vies tortueuses. Confidences de vive-voix, à mi-voix, à voix basse. Des voix cassées, blessées, étouffées, éraillées, étranglées... voix éteintes aussi. Toutes ces blessures psychologiques qui déteignent sur la voix et dont il faut soigner les maux. « Il était une fois, il y a bien longtemps, quand les cochons parlaient en vers et quand les poules avaient des dents, une très belle princesse aux cheveux d’ébène, au teint d’albâtre et aux yeux bleu azur. Son sourire était le plus éblouissant et sa voix la plus envoûtante de tout son royaume.

Pour ses vingt ans, la Princesse rêvait de devenir mannequin et de rencontrer le Prince Charmant sur son cheval blanc avec qui elle se marierait et aurait beaucoup d’enfants.

Pour ses trente ans, la Princesse devint la reine des podiums et autres défilés, la muse de créateurs célèbres et la déesse des nuits de la capitale de son royaume...

Pour ses quarante ans, elle enchaîna les amants, ne voyant toujours pas venir le moindre cheval blanc, vivant seule dans son palais d’argent et rêvant qu’un nouveau jour se lève... Son voeu fut enfin exaucé pour ses cinquante ans, sous les traits d’un prince trop jeune et trop charmant pour la Princesse remplie d’espoir qui, hélas, crut en cette dernière chance. Ils vécurent heureux dans son palais d’argent jusqu’au jour où la Sorcière AVC lança un puissant sortilège sur la Princesse, soudainement transformée en une pauvre Poupée de cire brisée et à moitié paralysée, aux cheveux grisonnants, au teint blafard et au sourire tordu. Par amour pour elle, le Prince conduisit promptement sa Poupée de cire à l’abri des regards peu amènes et des critiques mondaines dans un manoir de la forêt des Pins enchanteurs. Ils y vécurent cachés jusqu’à ce que la Poupée de cire perde le son, assurément victime de la terrifiante Aphonie, maléfique cousine de la Sorcière AVC...

« La Princesse, brisée par cette coupure de son, trouva la force d’aller pleurer son malheur auprès du Grand Magicien de la Forêt enchantée ; Merlin, dont les sortilèges étaient impuissants à délivrer la Princesse désenchantée de ce sort maléfique, lui recommanda de se rendre chez la Fée des Mots. La Princesse désespérée, emplie d’un espoir nouveau, se rendit ainsi semaine après semaine chez la Fée des Mots. Celle-ci déploya de nombreuses baguettes, usa de toutes les incantations ensorcelées et autres formules magiques ancestrales. En vain... la Poupée de cire restait tristement sans le son. En dernier ressort, la Fée des Mots alla quérir Morgane, la Puissante Ensorceleuse. Elle seule était capable de lever le sortilège maléfique, par le pouvoir psychanalytique de sa baguette taillée en bois freudien. Quelques mois plus tard, la Princesse revint chez la Fée des Mots pour lui conter la fin de l’histoire. Alors que Morgane recherchait toujours les ingrédients rares pour concocter la potion magique de délivrance vocale, la voix de la Princesse revint comme par magie en un jour sombre. Son cri fut si puissant qu’il s’entendit dans tout le royaume. Morgane, alertée, vola immédiatement à son secours. Elle arriva juste à temps pour empêcher le Prince plus si charmant, mais devenu très violent, d’étrangler sa Poupée de cire princière, lui qui l’avait, durant toutes ces années, maltraitée et trompée avec la jeune et jolie mais désargentée Cendrillon... tout en profitant très largement du palais d’argent et surtout de tout l’argent de l’infortunée Princesse. »

Ce conte pas du tout féerique est hélas inspiré d’une histoire vraie. Vingt-cinq ans de pratique clinique m’ont amenée à en entendre de nombreuses autres, en version originale ou sous-titrée, tandis que les formules orthophoniques orthodoxes étaient impuissantes à aider toutes ces voix qui me contaient leurs tristes sorts. Le monde est hélas plein de ces princesses mais surtout de ces pseudo-princes, chevaliers, laquais ou valets qui ne sont pas plus sages... et qui parfois se transforment non pas comme le Prince Charmant en inoffensive grenouille, mais en bourreau, boxeur, harceleur ou encore manipulateur, simplement par la puissance de leur propre pouvoir de malfaisance. « Résultat de l’alchimie entre le corps et la pensée, la voix est le reflet de la personnalité et de la vérité de chacun. Elle reflète nos états d’âme, les cicatrices de notre existence » (1).

Si la voix est en réalité bien plus qu’un banal instrument à vent et à cordes qui prend corps dans une caisse de résonance, mon rôle en tant qu’orthophoniste-luthier ne peut et ne doit pas se contenter d’intervenir sur cet instrument-voix désaccordé uniquement pour le réparer et le remettre, comme il se doit, dans le droit chemin...

La voix s’incarne littéralement dans notre corps, en tant qu’« instrument corporel qui fonctionne par un geste » (2) ; « tout le corps parle » (3). L’ensemble du corps permet en effet de dire, la voix est produite par un corps en mouvement ; elle est elle-même un mouvement, qui permet non seulement de dire, mais de se dire. Il est aisé de comprendre que la peur de se révéler, de se dévoiler ou d’exprimer ses émotions peut entraîner une restriction du mouvement et une limitation concomitante de la phonation. Et, si l’on considère que mouvement et vie sont intimement liés, alors il est possible d’envisager cette restriction comme un blocage du libre flux vital. C’est ainsi que j’accompagne sur le chemin de la liberté retrouvée de vraies princesses, emprisonnées dès leur naissance dans des corps de faux princes charmants, tout au long de la transe-formation d’une chenille poilue en un papillon majestueux, jusqu’à la naissance tant attendue de la voix délicate assortie à la robe de bal et aux pantoufles de vair...

Toutes ces voix cassées, brisées, spasmées, parfois muettes, faussées ou contrariées, ont toutes pour point commun de présenter des manifestations somatiques de blessures psychologiques. Et à propos de voix, celles de trois patientes résonnent singulièrement dans ma mémoire, comme une drôle de petite musique, porte-paroles des dysphonies dysfonctionnelles, ces pathologies dissonantes de la triade corps-voix-émotions. Christiane, Soisik et Céline étaient chacune atteinte de « sclérose en place »* vocale devenue vitale. Ces trois voix ont été prises au piège des tensions psychiques qui créent des tensions musculaires et malmènent la voix (4).

Cet engrenage néfaste a conduit au malmenage de l’instrument, mais également à sa dissonance : ces altérations vocales ont empiété sur la vie sociale de ces femmes, perturbé l’image d’elles-mêmes au travers du regard des autres (5) (6).

C’est comme si, dénoncées par les modifications acoustiques et esthétiques de leur voix, elles avaient été condamnées d’avance par un jury populaire devant lequel elles devaient assurer leur défense par l’intermédiaire de leur avocat orthophonique.

CAS DE CHRISTIANE ET SOISIK : POING DANS LA GORGE ET GRIZZLY « ATOMISÉ »


Christiane, 68 ans, et Soisik, 37 ans, partagent la particularité d’une parole corporelle qui a émergé sous la forme d’un trouble vocal (dysphonie), comme l’empreinte d’une expérience qui n’a pas pu être intégrée à la vie psychique au moment où elle s’est produite. Une prédiction funeste de récidive cancéreuse formulée par la Pythie médicale a littéralement « étranglé » la gorge de la première, tandis que des sous-entendus douteux et blessants de collègues bien-pensants sont restés « en travers » de la gorge de la seconde. Le corps de Christiane, qui a dit sans être entendu et qui a entendu sans pouvoir rien dire, a parlé avec ce poing dans la gorge qui l’étouffait de plus en plus, au point de réduire sa voix au silence.

Une séance d’hypnose formelle, avec induction par la respiration puis installation dans sa « safe place » et suggestions post-hypnotiques amnésiantes spécifiques, a permis à cette patiente de retrouver voix au chapitre en oubliant l’effet nocebo des mots prononcés si maladroitement par des soignants. Le corps de Soisik a inconsciemment manifesté son mécontentement muet sous la forme de cette « voix-ourse » au timbre éraillé et sourd qui ne pouvait, lui, que se faire entendre. Un portrait chinois de sa dysphonie (un grizzly, une râpe à fromage, du vert « hideux », du froid, de la musique rap « la plus pénible »), associé à la technique éponyme dite « des mains de Rossi », a permis à Soisik de retrouver la clarté de sa voix tout en devenant sourde à celles, médisantes, de ses collègues. Guidée par la musique de ma propre voix, elle a con - sciencieusement râpé chacune des griffes et chaque oreille de ce grizzly posé dans la main, celle qui avait été choisie. Puis, avec une jubilation communicative, la patiente a « atomisé » (sic) ce qui restait du grizzly ; intérieurement d’abord, avec de la musique rap diffusée directement dans les conduits auditifs (les pavillons ayant été râpés...), puis extérieurement par un vent glacial venu du tréfonds de son imagination, qu’elle a soufflé à s’en époumoner sur cette main, envoyant hors de vue et hors d’atteinte les particules invisibles du grizzly joyeusement vaincu.


CAS DE CÉLINE : L’HYPNOSE POUR OUVRIR LES « ÉCLUSES VOCALES »


La véritable énigme réside finalement dans l’expérience hypnotique avec Céline, jeune femme active de 39 ans, souffrant d’une pathologie tout aussi énigmatique : un syndrome d’adduction paradoxale des cordes vocales**. La patiente s’est très peu livrée, en restant scrupuleusement dans le cadre de ce qu’elle avait décidé de me dire, et surtout de me taire. Pour autant, et malgré ses résistances pré et post-hypnotiques, Céline est bel et bien entrée….



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Blandine ROSSI-BOUCHET Orthophoniste, auteure de l’ouvrage « La douleur en pratique orthophonique », enseignante au CFUO (Centre de formation universitaire en orthophonie) de Bordeaux ainsi qu’au DIU Hypnose de Bordeaux où elle a été formée. Elle est responsable Formation et Ethique de l’association Hypnose33 Ecole bordelaise ericksonienne, et animera une master class lors du 13e Forum de la CFHTB qui aura lieu du 15 au 18 mai 2024 à Bordeaux.

Auteure de Syndromes d’Ehlers-Danlos: errance du douloureux chronique
et de HypnoPhonie® De l'orthophonie saupoudrée d'hypnose. Revue Hypnose et Thérapies Brèves n°66

Voir son profil sur hypnose-formation.fr

L’hypnose relationnelle rend chaque rencontre unique et riche.

Hypnose Therapie Breve - jeudi 12 septembre 2024 - 22:06
Si la voix de Milton Erickson nous accompagne tous dans notre pratique, elle résonne d’autant plus quand l’hypnose accompagne des voix cassées, brisées, parfois muettes, manifestations de blessures psychologiques. Blandine Rossi-Bouchet, orthophoniste expérimentée, nous présente à travers de nombreux cas cliniques le travail en hypnophonie pour aider chacun à trouver sa voie. Nous la retrouverons avec toute l’équipe de Bordeaux du 15 au 18 mai pour le prochain Forum de la CFHTB. Les adolescents et les jeunes adultes sont soumis à une multitude de normes qu’ils n’ont pas choisies et par rapport auxquelles ils s’auto-évaluent très souvent négativement. Françoise Villermaux, pédopsychiatre, nous montre, à travers une prise en charge très détaillée, comment le questionnement narratif aide à sortir du sentiment d’échec personnel. Véronique Dasle, psychologue, nous ouvre à l’importance de l’écriture comme acte thérapeutique. « Les mots sont des gestes qui font bouger les choses » (François Roustang). L’écriture, comme l’hypnose, permet d’accueillir les sensations et aide à construire notre identité qui ouvre des possibles.

C’est ce que nous montre Karine Ficini, à travers son poème « Quand la souffrance dérape en rap » dans lequel elle met le deuil d’un père absent dans la musique de ses mots.

Bertrand Hénot nous présente un modèle pour activer la créativité onirique et se libérer des cauchemars, à partir de l’expérience du peuple senoï. La description de sa technique est détaillée et donne envie de la mettre en pratique.

Gérard Ostermann nous présente trois textes sur l’utilisation de l’hypnose dans l’infertilité (Michel Dupuet), l’eczéma dans un contexte alcoolique (Anne Malraux), et chez un enfant terrorisé aux urgences (Rachel Rey). Nous pouvons parcourir différentes situations cliniques où nous observons comment l’hypnose relationnelle, grâce à la créativité des thérapeutes, rend chaque rencontre unique et riche. En hommage à Alain Vallée qui nous a quittés le 15 novembre 2023, nous publions un texte qu’il nous a confié sur le recadrage et la conversation d’engagement dans la dépression.
Nous savons que le mécanisme d’entrée dans la dépression correspond à un « laisser tomber » (give up). Alain souligne l’importance de différencier un « laisser tomber » passif d’un « laisser tomber » actif, qui seul permet une remise en mouvement et une sortie de la plainte. Dans la conversation thérapeutique, nous percevons les subtilités de l’approche stratégique et les moments où la perception du sujet s’élargit pour se libérer du pouvoir de la dépression. Si Alain Vallée est connu pour sa vivacité d’esprit et sa pédagogie, il était avant tout un thérapeute et ami d’une grande bienveillance dont témoignent les textes écrits par J.A. Malarewicz, Virginie Lagrée, Wilfrid Martineau, Pierre Castelnau et Gérard Ostermann. J’ai également écrit un témoignage sur ce qui me liait à Alain : il m’a beaucoup apporté, non seulement en favorisant la légitimité d’une pratique nouvelle, mais aussi en entrant dans le monde de l’hypnose. Qu’il en soit remercié.

Et bien sûr, ne manquez pas les rubriques et le plaisir des yeux avec les très belles illustrations de l’artiste Cerdà et le dessin de Muhuc pour Alain.

Pensez à vous inscrire au Forum de la CFHTB à Bordeaux du 15 au 18 mai. Bonne année 2024 et qu’elle soit pour chacun de vous riche en lectures, découvertes et rencontres !



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Livres Hypnose

Hypnose TabacOubliez le tabac ! : La méthode révolutionnaire pour arrêter de fumer. Jean-Marc Benhaiem

Le Dr Jean-Marc Benhaiem, qui pratique l'hypnose depuis 1981 et a créé le diplôme universitaire d'hypnose médicale à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, explique comment arrêter définitivement de fumer.





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Que peut vraiment l'hypnose ? Depuis sa découverte voici plus de deux siècles, elle suscite fascination et défiance. Donnant la parole à des médecins et thérapeutes d'horizons très divers qui ont fait de l'hypnose un instrument privilégié de leur pratique, l'ouvrage explore " tous les états " de cette expérience : traitement de la douleur, des phobies, anesthésie, pédiatrie, sexologie, soins palliatifs, recherche sur le cerveau...





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Soigner par l'Hypnose. Dr Gérard Salem, Eric Bonvin

L'hypnose est aujourd'hui reconnue comme thérapie pour de nombreuses applications, notamment le traitement des douleurs rebelles (angoisses, phobies, troubles du sommeil, etc.). Nombre de médecins, psychiatres, psychologues, mais aussi généralistes, pédiatres et anesthésistes recourent à cette pratique.




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Un dialogue inhabituel. Cybernétique et émotions.

Une des avancées importantes de l’approche stratégique brève concerne la prise en compte du travail avec les émotions. Gregory Lambrette situe cette évolution dans une perspective historique, pour nous emmener loin des conceptions pionnières initiales, sans pour autant s’en couper.

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