La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur. Hors-Série 19 de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves.
Un cas frappant a marqué ma compréhension de la fonction protectrice de la psychosomatique... En 1990, je travaillais avec une personne qui avait une trentaine d’années. Appelons-la Lisbeth. Elle souffrait d’une polyarthrite rhumatoïde. Après avoir pratiqué un grand nombre de séances d’hypnose ericksonienne classique, utilisant presqu’exclusivement des métaphores indirectes au sens caché, l’état de Lisbeth ne s’améliorait pas : ni au niveau de la douleur physique, ni au niveau de la dépression, et ce malgré une lourde médication conjointe d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et de fortes doses d’anesthésiants. La vitesse de sédimentation atteignait des niveaux alarmants. La patiente portait des atèles recouvrant poignets et avant-bras, là où la douleur était la plus aiguë. Elle parvenait difficilement à se lever le matin pour conduire son petit garçon à l’école, revenait se coucher pour ne se lever que dans l’après-midi pour aller le rechercher. J’ai donc décidé de repenser la situation et d’utiliser une tout autre approche.
Je proposai à la patiente une approche directe qui n’était pas dans les principes que l’on m’avait enseignés. A la veille d’un week-end, lors de l’hypnose, je lui suggérai fermement d’éliminer purement et simplement les douleurs de la polyarthrite au profit de la douleur émotionnelle correspondante. A cette simple demande, l’apaisement des douleurs fut immédiat. La patiente, étonnée mais ravie, ne souffrait plus de ses douleurs aiguës. Nous nous sommes quittés sur ce résultat enthousiasmant. Le lendemain, et durant tout le weekend, Lisbeth tenta de me joindre au service de santé mentale où je travaillais. Elle laissa un grand nombre de messages sur le répondeur. La secrétaire qui arrivait le lundi matin écouta cette série de messages dans lesquels la patiente suppliait pour que je la rencontre au plus vite tellement elle était dans un état de désespoir. Je la reçus en urgence le matin même et immédiatement lui demandai (en hypnose) que le désespoir s’arrête et que les douleurs physiques correspondantes se réinstallent. A cet instant précis, à l’instant même, elle poussa un cri suivi immédiatement d’un soupir de soulagement devant l’immensité de la tristesse qui disparaissait presque totalement. Je venais de recevoir un cours pratique magistral à propos de la psychosomatique. Il rejoignait les cours de psychopathologie reçus et fut confirmé par les nombreuses personnes souffrant de maladies d’origine émotionnelle que j’ai eu l’occasion de rencontrer par la suite. Comme décrits dans les cours de psychopathologie que j’avais suivis, ces patients aux douleurs aiguës n’avaient que peu ou pas d’émotions, sauf celles concernant la douleur physique elle-même. Comme le répète à l’envi Milton Erickson, « les patients ne sont pas des sources fiables d’information »...
Par la suite, pour traiter la douleur aiguë de Lisbeth, j’ai utilisé une technique que Milton Erickson décrit dans l’Intégrale des articles. L’invitation hypnotique (pour éviter le terme maladroit d’induction) que j’utilisais alors se formule de cette manière : « Si votre conscient est d’accord et que votre inconscient est également d’accord et que votre conscient a confiance en moi et que votre inconscient a confiance en moi, alors vous irez en hypnose profonde, vous me raconterez les causes de cette maladie et vous oublierez ensuite ce que vous m’aurez confié, une fois la transe terminée. Par la suite et hors hypnose, j’orienterai vos associations conscientes pour vous permettre de retrouver – éventuellement – le contenu et ce uniquement si cela vous convient. » Pour toute invitation à aller en hypnose, je répétai trois fois les propositions ci-dessus. Elle entra en hypnose profonde, me parlant avec la voix d’une petite fille (régression vraie). Elle me décrivit d’abord avec peine et un débit très lent : « Oh ! un caleçon » ; la présence d’un caleçon sur un plancher et ensuite et de plus en plus rapidement, elle me décrivit deux années passées en Afrique avec sa soeur et son père qui, alcoolisé presque tous les soirs, venait les violer. Si Lisbeth résistait, elle était battue et enfermée dans les toilettes pour le restant de la nuit ou, ce qui la terrorisait davantage, elle était mise dans la rue, sur le seuil de la porte jusqu’au lendemain. Par la suite, la thérapie de cette personne fut complétée par deux ou trois séances durant lesquelles j’évoquais consciemment – hors hypnose – certains éléments des contenus amnésiés.
La première fois (après les deux séances d’hypnose profonde avec amnésie), j’ai mentionné le fait que j’avais aperçu un « caleçon » dans le petit parc à côté du centre de santé mentale où nous étions et, à la séance suivante, que j’avais vu une personne dormir sur le seuil d’une maison. Très étonnamment, lors de ces deux séances distantes d’une semaine, la patiente est entrée spontanément et immédiatement en transe en disant lentement un : « Ah, ouiiii ! » Transe « spontanée » dont elle ressortait immédiatement en semblant avoir complètement oublié ce qui venait de se passer. Peu de temps après, elle m’apprit qu’elle n’avait plus aucune douleur et avait arrêté toute médication, que son rhumatologue ne remarquait plus aucune anomalie dans la vitesse de sédimentation (à l’époque on ne se servait pas encore de la CRP). La thérapie s’arrêtait donc là, et lors de la troisième séance après celle en hypnose profonde, elle me déclara, à brûle-pourpoint, qu’elle ne croyait pas un instant à « cette histoire d’abus sexuels avec son père dont je lui avais parlé ». Ceci à mon grand étonnement puisque je n’avais pas abordé ce sujet, sauf de manière totalement indirecte en évoquant un caleçon puis quelqu’un qui dormait sur un seuil de porte.
TROIS NIVEAUX DE PSYCHOSOMATIQUE
La base des inductions utilisationnelles et du travail qui suit en PTR est le recours au corps, aux ressentis corporels. A propos des émotions, le thérapeute questionne constamment : « Où est-elle dans le corps ? Dans quelle partie du corps s’exprime-t-elle ? » Que l’émotion soit positive ou négative, le thérapeute invite toujours le patient à porter son attention sur la zone corporelle dans laquelle elle s’exprime. Puis il l’invite à intensifier cette sensation... et à constater qu’il a une maîtrise sur cette sensation/émotion.
1. Les manifestations psychosomatiques
Nous entendons par ce vocable les sensations habituelles qui se manifestent dans le corps du patient et qui souvent précèdent ou accompagnent l’expression d’une émotion : j’ai une boule dans la gorge, un noeud, une sensation de feu ou d’acide dans le ventre... J’ai un poids sur la poitrine, j’étouffe... J’ai une ceinture qui me serre le plexus solaire ou une pointe qui s’y enfonce... Je suis comme étranglé, la gorge se serre, j’étouffe... J’ai la tête qui enfle, elle est pressée par un étau, etc. Autant d’expressions idiosyncratiques à réutiliser pour demander au patient d’amplifier ses douleurs afin d’avoir un contrôle, une maîtrise sur elles... même si c’est « d’abord dans le mauvais sens ». Cette demande sera suivie d’invitations à observer et à décrire ce qui se passe dans le corps, la sensation peut alors varier, se déplacer ailleurs, se transformer de quelque manière que ce soit. Le thérapeute vise à ce que cette manifestation sensorielle se retransforme en émotions qui en étaient à l’origine. Quasi toujours ces émotions ramènent la ou les scènes qui les avaient créées. Le travail habituel en PTR consiste alors à « désensibiliser », c’est-àdire transformer le souvenir et les émotions afférentes. Ce travail de fond sur les souvenirs est indispensable. Il est faux de croire qu’un travail symbolique/ imaginaire axé uniquement sur les lésions touchées peut suffire. Par contre, il pourra utilement compléter le travail de fond en cas de maladie psychosomatique.
2. Les maladies psychosomatiques légères
Remontées acides, ulcères, béances de cardias, hernies hiatales, côlons irritables, anismes, etc., ces maladies et leurs manifestations douloureuses offrent une « entrée » pour le travail thérapeutique. Elles sont une véritable chance pour thérapeute et patient afin de retrouver les émotions et les souvenirs, souvent amnésiés, qui les ont fait naître, ce qui mène à la guérison du trauma. Pour faire simple, le thérapeute transforme le VAKOG complet du souvenir et les scénarios d’impuissance, ce qui permet de réveiller les besoins restés jusque-là inconscients et donne souvent lieu au développement d’un processus autonome auto-thérapeutique. Ce processus permet aux émotions dissociées dans la manifestation psychosomatique (phénomène hypnotique dont on a avantage à considérer la fonction protectrice) de s’exprimer (retour du refoulé) puis de s’apaiser enfin. Les scénarios réparateurs que le thérapeute a permis d’éliciter et qui s’imposent au patient sont fréquemment mis en action avec la PTR, ils offrent une guérison rapide et douce, presque magique. 3. Les maladies psychosomatiques lourdes Polyarthrites, épilepsies, pudendopathies, fibromyalgies, maladies autoimmunes, prolapsus du rectum, rectocolites hémorragiques... sont quelques exemples de maladies sévères dont souffrent de nombreux patients avant d’être traités par cette approche.
Attention, nous n’affirmons pas que toutes ces maladies ont une origine émotionnelle, mais lorsque c’est le cas, ces affections feront l’objet de désensibilisation d’un ou plusieurs traumas, voire de traumas complexes. Les souvenirs des traumas recouverts par les maladies les plus graves se révèlent progressivement au patient et à son thérapeute. Durant la progression des levées d’amnésies successives et leur insensibilisation le patient retrouve de plus en plus la capacité à ressentir ses émotions. Exemple d’un cas d’épilepsie En 2018,…
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GÉRALD BRASSINE Psychothérapeute, formateur en hypnose et thérapie brève. Fondateur de l’Institut Milton H. Erickson de Belgique (1984) et de celui du Nord de la France. Formations décisives auprès de P. Watzlawick, J. Weakland, R. Fisch, N. Cummings et Kay Thompson. Créateur de l’Hypnose conversationnelle stratégique-PTR. Auteur de : Faut-il parler de ça aux enfants ? Prévenir, détecter et gérer les abus sexuels subis par les enfants ; La vengeance du Jaguar ; Pour une intervention écologique dans le cadre de l’inceste ; Viols et agressions sexuelles avec usage de stupéfiants.
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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy
172 / Poême Ce corps K. Ficini
Maux de tête et désir de perfection. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
- Marie : « Je m’appelle Marie, j’ai 34 ans. Je viens vous voir. Depuis plusieurs mois, je souffre de maux de tête et de tensions dans la nuque qui deviennent vraiment handicapants. J’ai fait tous les examens médicaux possibles mais les médecins ne trouvent rien d’anormal. Une amie m’a conseillé de consulter un thérapeute...
- Thérapeute : Lorsque vous me dites “une amie m’a conseillé de venir me consulter pour ces tensions dans la nuque et ces maux de tête alors que les médecins n’ont rien trouvé d’organique”, pouvez-vous me dire ce que cette amie espère de cette consultation pour vous et qui vous a amené à avoir pris rendez-vous ici, avec moi ? Elle se tortille légèrement sur sa chaise, cherchant ses mots.
- Marie : En fait... c’est une amie proche, Claire... Elle a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, notamment au travail ou quand je dois voir ma famille. Elle m’a dit que parfois le corps exprime ce qu’on n’arrive pas à dire avec des mots... Elle marque une pause, baissant légèrement les yeux.
- Marie : Je ne voulais pas vraiment l’admettre au début, mais je crois qu’elle a raison. Ces derniers temps, je me sens... dépassée. Comme si j’avais une boule permanente dans la gorge, qui remonte jusqu’à la nuque. Mais c’est plus facile de dire que j’ai mal à la tête que d’expliquer ce que je ressens vraiment...
- Th. : Lorsque je vous entends me dire : “c’est une amie proche, Claire, qui a remarqué que mes maux de tête s’intensifiaient toujours dans certaines situations, comme au travail ou quand je dois voir ma famille”, je me dis que Claire doit être une amie bien proche pour qu’elle ait pu observer ces liens. Ai-je bien compris ? Elle hoche la tête, un léger sourire apparaît.
- Marie : Oui, Claire est ma meilleure amie depuis l’université. On travaille dans la même entreprise... On déjeune souvent ensemble. C’est elle qui m’a vu pleurer dans les toilettes le mois dernier, après une réunion particulièrement difficile avec mon chef. J’avais une migraine terrible... Elle était là aussi dimanche dernier quand j’ai dû annuler un repas de famille parce que j’avais trop mal à la tête. Elle m’a dit que c’était la troisième fois que ça arrivait avant un repas chez mes parents...
- Th. : Quand je vous entends me dire : “Claire est ma meilleure amie depuis l’université, qu’elle a pu observer les effets au niveau de votre nuque, comme de votre tête, dans cette situation avec votre chef au travail... et aussi avec votre famille”, est-ce que ce serait acceptable pour vous que nous fassions venir Claire avec nous, là, maintenant, dans ce bureau, en imagination ? Marie se redresse légèrement surprise par cette suggestion. Elle réfléchit un instant...
- Marie : Oui, je pense que ce serait possible. Claire est quelqu’un en qui j’ai vraiment confiance. Elle sait des choses que je n’arrive même pas à me dire à moi-même parfois... Ses mains se tordent nerveusement.
- Marie : C’est juste que ça me fait un peu peur... ce qu’elle pourrait dire. Elle est très directe, vous savez. Elle n’hésite pas à pointer les choses que j’essaie d’éviter... Mais bon, si c’est en imagination... je suis d’accord.
- Th. : Alors, nous allons imaginer qu’elle est là, avec nous. De vous entendre me dire (comme une voix off) : “Claire, je ne voulais pas l’admettre au début, je crois que tu as raison. C’est comme si une boule était présente en permanence dans ma gorge, je me sens dépassée”, à votre avis, que dirait-elle de vous ? Elle regarde un point imaginaire à côté de moi, comme si Claire était là, puis détourne légèrement le regard avec une voix légèrement émue.
- Marie : Elle dirait sûrement... “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde : à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses. Ce n’est pas ta tête le problème, c’est tout ce que tu n’oses pas dire...”.
Son corps se fige dans un silence…
- Marie : Elle me l’a déjà dit d'ailleurs... que je me rends malade à force de vouloir être la fille et l’employée parfaites.
- Th. : OK, Marie. La sincérité de votre réponse me touche. Et vous, comment cela réagit-il en vous de vous entendre dire (dans un rythme lent, avec une voix hypnotique comme si celle-ci reprenait en écho celle de Claire) : “Marie, ça fait des mois que je te vois t’enfermer dans le silence. Tu passes ton temps à dire “oui” à tout le monde, à ton chef qui te surcharge de travail, à ta mère qui te fait des reproches constants... Tu ravales tout, tu encaisses... tout ce que tu pourrais dire et que tu ne dis pas... et qui te rend malade à force de vouloir être la fille parfaite, l’employée modèle” ?
Ses yeux se remplissent de larmes, sa respiration devient plus profonde. Elle porte instinctivement la main à sa gorge. D’une voix tremblante, elle répond :
- Marie : C’est... c’est comme si... quand vous répétez... Je sens plus la boule dans ma gorge... Elle est encore plus présente. Des larmes coulent.
- Marie : C’est tellement dur de l’entendre... parce que c’est vrai. Je suis fatiguée... tellement fatiguée de toujours devoir être parfaite. Mais j’ai tellement peur... peur de décevoir, peur des conflits... Son corps a tendance à s’affaisser, allant vers l’effondrement. Sa main droite masse sa nuque.
- Marie : Ma nuque se relâche un peu... mais ça fait monter quelque chose... quelque chose que je retiens, je ne peux pas le sortir...
- Th. : Lorsque vous me dites “la boule dans ma gorge devient plus présente”, que cette fatigue envahit votre corps ? Comme le regard attentif de Claire est là, lui aussi, est-ce acceptable pour vous de recevoir mon aide ou pensez-vous que vous pouvez gérer toute seule, là, maintenant ?
Essuyant ses larmes avec sa main, la voix tremblante.
- Marie : Non... non, je ne peux pas gérer ça toute seule. Je crois que c’est justement ça le problème... J’ai toujours voulu tout gérer toute seule, tout contrôler. Sa tête regarde l’espace imaginaire, la place de Claire, puis son regard revient vers le mien.
- Marie : J’ai... j’ai besoin d’aide. C’est difficile à dire, mais... je ne sais même plus comment faire autrement que de tout garder à l’intérieur, jusqu’à ce que mon corps me fasse mal... Sa main continue à masser sa nuque d’une manière plus consciente.
- Marie : Je veux bien votre aide... Je ne sais pas comment faire, mais je ne veux plus continuer comme ça.
- Th. : Alors, Marie, avec Claire à nos côtés, je vais proposer à votre attention de se focaliser sur cette boule au niveau de votre gorge, et d’observer toutes les personnes qui vont venir se mettre en lien avec cette boule et qui la font exister là, maintenant. Elle se crispe légèrement. Elle porte ses deux mains à sa gorge.
- Marie : D’accord... D’une voix à peine audible. Elle ferme les yeux un instant, puis les réouvre, regardant alternativement vers l'espace où est Claire et vers moi.
- Marie : La première personne qui vient, c’est mon chef, Monsieur Dubois... Hier encore, il m’a rajouté un dossier urgent alors que j’étais déjà submergée... Et j’ai dit : “oui, bien sûr”... comme d’habitude... Et puis... ma mère... Dimanche dernier au téléphone, elle m’a encore comparée à ma soeur qui “elle au moins” a déjà deux enfants... Il y a aussi Paul, mon compagnon... qui ne comprend pas pourquoi je suis toujours fatiguée, pourquoi je ne veux plus sortir...
- Th. : Alors nous allons faire quelque chose d’un peu étrange (accompagné d’un grand mouvement de mon bras qui vient positionner les trois personnages, devant elle, dans l’espace imaginaire). Votre chef, Monsieur Dubois, votre mère, votre compagnon, Paul, sont là devant vous... Observez comment ils s’y prennent pour amplifier et entretenir la présence de cette boule dans votre gorge, là, maintenant ? Elle se recule instinctivement dans son siège, comme si leur présence imaginaire la faisait physiquement reculer. Sa respiration s’accélère, avec une voix étranglée.
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Dr Eric BARDOT
Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute, installé en libéral. Il est le concepteur de la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) et du Dessin orienté solution. Directeur et formateur à l’Institut de formation Mimethys. Formateur au DU d’hypnose à la Faculté de médecine de Nantes
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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Psychosomatique et dermatologie. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
La notion du sensible de cet organe peau, le sensible chez l’humain, me questionne depuis le début de mes études de dermatologue. Cette perception qui permet de s’accorder dans la relation et mobiliser les ressources vivantes des personnes est une façon d’aborder plus globalement le patient. En tant que thérapeute, je vis l’utilisation de l’hypnose, de l’HTSMA/TLMR (hypnose, thérapies stratégiques et mouvements alternatifs/Thérapie du lien et des mondes relationnels), de la thérapie narrative (TN), comme une autorisation. C’est une invitation à déployer la dimension naturelle de l’éprouvé, pour un partage, plus authentique, avec les patients. Aider à recréer le lien humain porteur de vie, dans toute sa singularité et sa diversité, m’inclure dans le processus vivant qui touche, transforme et fait croître. La peau est un organe de toucher, au propre comme au figuré, ce qui faisait dire à Paul Valéry : « ce qu’il y a de plus profond chez l’homme, c’est sa peau ». Histoire de toucher physique, de toucher psychique, chez Didier Anzieu dans son Moi-peau (1). La peau est un énigmatique support d’inscription, mais aussi une surface pour cacher, protéger, éprouver la relation, le lien à l’autre, à soi, au monde. Elle métaphorise la question de la relation et de l’autonomie relationnelle. Une partie de l’inconscient est corporelle, dit Milton Erickson. « La conscience corporelle est orientée vers l’ajustement relationnel et l’homéostasie » (2). Par la peau, nous éprouvons le contact avec nous-mêmes, les autres, ou parfois leur absence. Le corps éprouve des sensations, il perçoit des émotions. Ce peut être une information intuitive profonde au travers du vécu d’un dysfonctionnement corporel. Cette capacité relationnelle, médiée par l’imaginaire, est altérée lors des processus psychosomatiques.
La notion de traumatisme complexe prend en compte la somatisation comme une tentative de solution face à des situations de stress ou peurs récurrentes. La peau métaphorise. Et la métaphore est un bon médiateur pour convoquer alors l’imaginaire chez les patients. Dans le concret de la séance, en mobilisant le sensible et l’affect, la métaphore partagée crée des ponts entre le corps et l’esprit pour embarquer des mouvements de vie. Elle recrée des relations vivantes, dans un espace-temps où le problème n’est pas présent. Dans les séances, la première étape est d’accorder un soin particulier à installer une relation thérapeutique. Il s’agit de faire émerger une relation entre le patient et le thérapeute suffisamment sécure pour en faire un socle de confiance. C’est un lien qui est d’ailleurs questionné très régulièrement lors des entretiens (3)...
La deuxième étape a pour but de défusionner le patient de son problème. Il s’agira de faire émerger le contexte du problème, afin d’éviter de travailler sur l’identité de la personne, en allant voir ce qui vient se mettre en lien avec la problématique, et le patient ; observer alors la forme que cela prend. En TLMR, cela se travaille sur une scène imaginaire. En TN, le patient n’ayant pas accès au départ aux intentions positives, différentes portes d’entrée vont être possibles (4). La TN ou la TLMR tiennent compte du rythme du patient, et des processus de vie qui émergent au fur et à mesure des interactions. Dans le premier entretien, je me sers parfois de petits exercices hypnotiques pour faire éprouver au patient une expérience de calme (ou de « plus calme »), malgré son problème, même par une petite partie du corps, de façon à commencer à créer des expériences alternes qui vont tester l’accordage patientthérapeute, et peut-être aussi faire apparaître un objectif pour la séance.
CAS CLINIQUE 1 : LAETICIA ET ÉRYTHRO-COUPEROSE
Entre rougeurs et transparence, comment être en relation avec l’autre ? Laeticia, 42 ans, une très jolie femme, vient pour des rougeurs chroniques du visage (érythro-couperose) qui la gênent. Elle précise : « J’ai l’impression que ces rougeurs viennent révéler aux autres la gêne que j’éprouve dans les moments émotionnels. » Les questions des effets secondaires des traitements sont mises au devant de l’échange. La patiente se montre méfiante. Je propose un traitement par laser vasculaire pour effacer les traces rouges. Deux séances viennent à bout du problème. Je témoigne à Laeticia du fait qu’elle ait une peau plus belle au bout d’une séance. Ça la touche beaucoup.
Et à deux mois après la deuxième séance :
- Thérapeute : « Votre peau a retrouvé sa transparence, votre teint est beau, qu’en pensez-vous ? Je la sens insatisfaite, en désarroi...
- Laeticia : Je pensais que la gêne allait disparaître avec le traitement... Mais il n’en est rien... Ça a réactivé quelque chose que je connais déjà : je ne me sens pas vue... je me sens transparente... encore plus mal qu’avant... » (« Effacer les rougeurs, une tentative de solution », me dis-je...) Nous convenons de nous revoir cette fois-ci en entretien. Le questionnement du « je me sens transparente » se met en lien avec « difficulté de se mettre en relation ».
- Laeticia : « Je n’aimais pas mes rougeurs, pourtant les rougeurs montraient que j’existais, quelque part. D’ailleurs, depuis que je n’ai plus de rougeurs, j’ai de plus en plus de douleurs diffuses. » (Il s’agit de douleurs connues, sur un corps surentraîné de marathonienne.) Insatisfaction du résultat cutané, et déplacement du symptôme... Je réalise à quel point un problème esthétique peut être en lien avec une vulnérabilité sous-jacente, un traumatisme. La peau, comme les autres organes, transcrit à sa façon toutes les informations qui nous traversent. La poétique des organes emprunte les voies, quelque part, entre intéroception, extéroception, proprioception, inflammation, nociception... Laeticia passe de « j’ai des rougeurs » (un symptôme qui porte la relation : j’existe, je me sens en lien mais par l’intermédiaire de la gêne liée à mes rougeurs) à la situation « je n’en ai plus, et c’est le vide relationnel qui s’installe ».
- Laeticia : « C’est ancien ce sentiment d’être transparente. Pourtant, j’aimerais prendre mon envol, être plus autonome et indépendante, reprendre les manettes, reconduire, par exemple, mais je suis seule, je ne me sens pas soutenue. J’ai des douleurs et je me sens seule, car mes proches ne partagent pas mes souffrances. J’ai peur de m’enfermer dans cette situation... » Elle a peut-être encore plus peur d’en sortir... prise entre son désir d’acquisition de la liberté dans la relation, et la prison d’un monde abandonnique. Elle éprouve sa vitalité en se dépassant par le sport à outrance. Elle me fait remarquer qu’elle a la sensation de ne même pas écouter le corps dans la souffrance du sport. Elle s’en coupe, de cette souffrance, en y exerçant son contrôle. La peau apaisée, ça lui parle de quoi ? Non pas de la tranquillité à laquelle elle croyait accéder, mais de son monde abandonnique. Elle ne peut donc pas se réjouir d’un compliment ; elle ne peut pas l’entendre, le recevoir dans l’histoire dominante dysfonctionnelle qui vit encore au travers d’elle. Ses parents ont divorcé quand elle avait 6 ans. Elle dit avoir été « la béquille » de sa mère, prise dans une relation fusionnelle compliquée. Nous ferons un pas supplémentaire vers l’éprouvé de « je me sens transparente » lorsque Laeticia revoit une scène, un soir bien particulier où elle attendait sa mère...
Elle avait mis la table comme tous les soirs et avait préparé un bon repas surprise. La maman, en rentrant, décline le cadeau du repas à partager, car elle dit avoir un rendez-vous à l’extérieur avec un homme. « Mon rayon de soleil », comme elle nommait sa mère à ce moment, la quitte. « Tu vas passer la soirée chez la voisine », lui dit sa mère. A cette évocation, une douleur envahit la poitrine de Laeticia. Je lui demande si elle a besoin de mon aide dans le cadre de cette séance, là où elle en est. Elle acquiesce. Nous prenons tout le temps dont elle a besoin pour qu’elle se connecte à cette douleur et la tristesse en lien, pendant que je l’accompagne avec des mouvements alternatifs oculaires. Laeticia se met à mieux sentir la présence dans ses pieds, puis ses jambes. La respiration se libère, circule dans le corps. Peu à peu, lorsque l’intensité de l’émotion diminue et qu’elle devient mobilisable, je lui propose de choisir l’une de ses mains et d’y « déposer la tristesse ». Ensuite, de déposer le dos de sa main sur la paume de la mienne, tout en portant son attention à l’espace entre nos deux mains, et à la sensation ressentie en retour. (Cette modélisation de TLMR travaille le lien à l’autre, en accompagnant le déroulement des ressentis.)
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Dr VÉRONIQUE BONNET Médecin dermatologue, hypnothérapeute, installée en libéral à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines). Formée à l’hypnose à la Pitié-Salpêtrière, et en HTSMA à l’Institut Miméthys. Membre de l’Association française de dermatologie psychosomatique
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10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy
40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
120 / Ostéopathie et psychosomatique Enjeux et apports de la « double casquette ». Algoneurodystrophie et de douleurs abdominales P. Pétillot
134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Psoriasis géant. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
• défaillance de la mentalisation (environnement familial dysfonctionnel avec des difficultés à nommer et à contenir les affects de l’enfant, entravant le développement de la capacité à penser et symboliser) ;
• prédominance des réponses somatiques : dans l’enfance, lorsque les émotions ne peuvent pas être intégrées psychiquement, elles s’expriment souvent par le corps. Cela devient un mode d’expression privilégié.
D’une manière globale, la pensée opératoire peut également être une manière de faire face aux traumatismes psychiques. En effet, en évitant la réflexion sur des émotions douloureuses, le patient se réfugie dans une pensée utilitaire et sans affect. Dans le cas des troubles psychosomatiques, le patient éprouve des difficultés à identifier, différencier ou exprimer ses émotions. Ceci est un aspect central de la pensée opératoire. Le patient va souvent décrire ses symptômes ou les événements de manière détachée, sans leur associer une dimension émotionnelle. Le langage privilégié sera celui du descriptif et du factuel, sans recours au langage métaphorique ou à une élaboration symbolique. Les conflits psychiques qui ne trouvent pas de voie d’expression par la pensée ou le langage vont se décharger par le corps. Cela explique la survenue de manifestations somatiques dans des contextes émotionnels complexes ou stressants. Lorsque la pensée opératoire domine, les émotions non exprimées ou non reconnues se manifestent directement par des symptômes physiques. Ce fonctionnement mental limite les capacités du sujet à transformer ses expériences internes en récits signifiants, ce qui aggrave la vulnérabilité au stress. Enfin, le déficit dans l’expression émotionnelle peut entraîner des incompréhensions ou des malentendus dans les relations interpersonnelles. La Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR), qui a déjà fait l’objet de nombreux articles précédemment dans la Revue, est une approche thérapeutique innovante qui se distingue par plusieurs aspects originaux, à la croisée des dimensions relationnelles, émotionnelles et systémiques. Elle est une thérapeutique de choix dans le traitement des troubles psychosomatiques en se centrant sur ce qui fait lien ; aussi bien sur le plan intrapsychique qu’interpersonnel. Plutôt que de se focaliser uniquement sur l’individu ou sur ses symptômes, elle met en lumière la qualité des liens que la personne établit avec les autres, avec elle-même, avec le monde auquel elle appartient. Le lien devient le point de départ et le fil conducteur de l’exploration thérapeutique.
Nous partons du postulat que chaque individu évolue au sein de différents contextes relationnels qui représentent les espaces où se construisent et s’expriment nos relations (couple, famille, monde professionnel, relations amicales, etc.). L’ensemble de ces contextes et leurs interactions entre eux viennent structurer et enrichir ce que l’on appelle un « monde relationnel ». L’intérêt majeur de cette approche réside dans l’exploration de ce monde relationnel afin de mieux comprendre ses règles implicites et ses dynamiques spécifiques et comment l’individu interagit au sein et avec ce monde.
Vignette clinique
Afin d’illustrer au mieux les propos ci-dessus, je vous propose de suivre une première séance que j’ai eu l’occasion de réaliser avec une patiente souffrant de psoriasis...
Martine a 57 ans. Elle est séparée et à deux enfants. Depuis de nombreuses années, elle est suivie par un dermatologue pour un psoriasis à plaques géant au bras droit. Celui-ci démarre du poignet et s’étend jusqu’en haut de l’épaule et occupe la surface interne et externe du bras. Elle a déjà bénéficié ultérieurement de séances de psychothérapie principalement basées sur la parole. Elle dira que d’une certaine manière cela lui allait bien puisqu’elle n’avait pas besoin de trop ressentir les choses. Pour rappel, le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, non contagieuse, qui se manifeste par des plaques rouges recouvertes de squames blanches ou argentées. Ces plaques peuvent apparaître sur différentes parties du corps, notamment le cuir chevelu, les coudes, les genoux, le bas du dos, ou encore les ongles. Il se manifeste par une accumulation de cellules mortes à la surface de la peau, formant les squames. Malgré de nombreux traitements principalement à base de crèmes ou pommades et quelques périodes de rémission, Martine ne voit pas de franche amélioration. Elle se sent très gênée, voire honteuse, surtout en période estivale lorsqu’elle doit se dévêtir. Voici donc le script de la séance (MO pour mouvements oculaires)...
- Thérapeute : « Bonjour Martine !
- Martine : Bonjour !
- Th. : Est-ce acceptable pour vous de m’expliquer en quelques mots ce qui vous amène aujourd’hui ?
- Martine : Oui, bien sûr. C’est mon dermatologue qui m’a conseillée de venir vous voir.
- Th. : Oui...
- Martine : Voilà, je souffre d’un psoriasis au bras droit (elle tire la manche de son pull vers le bas en même temps qu’elle parle). Cela fait longtemps que j’ai ça.
- Th. : Quand vous dites longtemps, c’est combien longtemps ?
- Martine : J’ai 57 ans… je dirais depuis une bonne trentaine d’années au moins. Au début ça allait, mais cela n’a fait que grandir au fur et à mesure.
- Th. : D’accord. Nous pouvons revenir un instant sur les raisons qui ont poussé votre dermatologue à vous adresser vers moi ?
- Martine : Oui.
- Th. : Imaginons que votre dermatologue soit présent avec nous ici, maintenant, qu’est-ce qu’il nous dirait de votre venue ?
- Martine : Je crois qu’il dirait qu’il ne sait plus quoi faire avec moi et c’est pour cela qu’il m’envoie vers vous.
- Th. : Oui, j’entends, mais il sait que je ne suis pas médecin mais psychologue ?
- Martine : Oui, oui... Je crois qu’il pense que mon problème est psychologique.
- Th. : Et qu’est-ce qui l’amène à penser ça ?
- Martine : Je sais pas...
- Th. : Et vous, qu’en pensez-vous ?
- Martine : Je suis sceptique... Je ne vois pas en quoi un problème de peau pourrait être psychologique... J’ai déjà fait quelques séances avec un psy mais ça n’a rien donné...
- Th. : Si j’ai bien compris, c’est ce que pense votre dermatologue qu’il y aurait un lien entre ce problème et le psychologique ?
- Martine : Apparemment oui !
- Th. : Et vous avez confiance dans son jugement ?
- Martine : Même si je reste sceptique, j’ai confiance dans son avis. Il m’a toujours beaucoup soutenue, même dans les moments de dépression.
- Th. : De dépression ?
- Martine : Bah oui ! Des fois j’en ai tellement marre de ce truc que ça me rend triste.
- Th. : Et c’est le cas à cet instant ? La tristesse est présente ?
- Martine : Oui... (elle retient ses larmes).
- Th. : Dans ce qui est en train de se passer là, maintenant, Martine, avez-vous besoin d’aide ou bien vous gérez la situation ?
- Martine : Non, non, ça va, je gère. -Th. : Très bien, OK. Martine, puisque vous faites confiance à votre médecin et en son jugement, comment allons-nous pouvoir nous appuyer dessus afin que cet échange vous soit le plus utile ?
- Martine : S’il m’a dit de venir vous voir, c’est qu’il sait ce qu’il fait. Donc je suis prête à essayer.
- Th. : Quand vous dites “essayer”, vous voulez dire quoi ?
- Martine : Bah, que peut-être il y a un lien entre mon “pso” et ce qu’il y a dans ma tête.
- Th. : Et quel lien faites-vous s’il y a un lien ?
- Martine : Je sais pas... C’est pas clair (des larmes montent à nouveau).
- Th. : Martine, est-ce que vous acceptez que je puisse vous proposer quelque chose pour nous aider à continuer ?
- Martine : Oui.
- Th. : Martine, est-ce acceptable pour vous que votre main droite vienne se déposer paume vers le haut dans ma main gauche ?
- Martine : Oui (sa main se dépose timidement).
- Th. : Est-ce acceptable si nous partageons, vous et moi, ce que cela a comme effets lorsque nos deux mains sont en contact ?
- Martine : Oui... C’est un peu étrange. C’est un peu comme si ma main voulait se poser complètement mais que ma tête disait “non, faut pas”.
- Th. : Vous m’autorisez à partager ce qui est présent chez moi ?
Pour lire la suite...
Stéphane ROY Psychologue, psychothérapeute, docteur en psychologie. Il est aujourd’hui installé en cabinet libéral. Il est formateur et codirige l’Institut Mimethys.
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06 / Éditorial Troubles Psychosomatiques S’engager dans une médecine plus holistique bio-psycho-sociale J. Betbèze
10 / Avant-propos Une exploration de territoires où corps et esprit se rejoignent E. Bardot et S. Roy
12 / En couverture Anne Donzé et Vincent Chagnon S. Cohen
14 / Le pouvoir de l’eczéma Décontaminer le parent des effets du symptôme V. Bardot
28 / Psoriasis géant De la pensée opératoire à la pensée symbolique par la Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) S. Roy 40 / Psychosomatique et dermatologie : La peau, métaphore de la relation V. Bonnet
52 / Maux de tête et désir de perfection Sensations, externalisation et TLMR É. Bardot
71 / La controverse de médecine psychosomatique Entre corps et esprit, une fracture médicale et philosophique G. Ostermann
78 / Grand Entretien Jean Benjamin Stora et la psychosomatique intégrative G. Ostermann
94 / La psychosomatique, un phénomène hypnotique protecteur Sensations, émotions et PTR G. Brassine
106 / Honte et brûlures du cou Le symptôme somatique persistant M. Faucoup
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134 / Quand la douleur devient l’identité Se relier à sa mobilité relationnelle M.-A. Jolly
146 / Trouble fonctionnel intestinal et syndrome anxiodépressif Signaux idéomoteurs et psychosomatiques S. Radoykov
152 / Asthme et créativité Les suggestions posthypnotiques de Proust P. Kivits
164 / L’hypnose thérapeutique, de quoi parle-t-on ? Un échange croisé, autour de l’hypnose thérapeutique É. Bardot, J. Betbèze et S. Roy 152 / Poême Ce corps K. Ficini
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Le pouvoir de l'eczéma. HS 19 de la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
Sa capacité à altérer les liens facilite l’émergence d’un cercle vicieux qui s’autoalimente, générant l’isolement et rigidifiant les transactions au sein du système. Chez le parent, l’alternance entre l’empathie et l’agacement, voire le rejet face à la souffrance de l’enfant, impacte les liens d’attachement. Le parent se retrouve dépossédé de sa place d’autorité et de sa fonction de base sécure, favorisant la multiplication ou l’intensification des symptômes chez l’enfant voire l’émergence de troubles du comportement qui amplifient les effets négatifs chez le parent. Comment accompagner ces familles en souffrance à retisser des liens sécures, un préalable à l’apaisement des symptômes psychosomatiques ?
La Thérapie du lien et des mondes relationnels (TLMR) propose un modèle systémique d’accompagnement du système familial. Grâce à des outils basés sur l’imaginaire partagé, le travail s’effectue de manière indirecte, dans une dimension interactionnelle. Les parents peuvent alors réexpérimenter en sécurité leur fonction de « caregiver » et réinvestir leur rôle de soutien du développement psychoaffectif de l’enfant. À travers l’histoire de Lucas, nous allons voir comment décentrer le système familial du « symptôme » pour lequel l’enfant vient consulter afin d’activer le pouvoir thérapeutique des liens familiaux. Lucas est un enfant de 4 ans et demi, scolarisé en moyenne section de maternelle. Il est le seul enfant du couple. Madame évoque une grossesse compliquée et un accouchement anxiogène du fait d’« un cordon autour du cou ». Dans les premiers mois de vie, elle qualifie Lucas de « sangsue pouvant téter toute la journée ».
La famille vient en consultation car le suivi au CMPEA s’est interrompu et la psychologue scolaire s’inquiète de comportements inadaptés : « tape les autres élèves », « collage constant avec l’enseignante » dont seule la présence le contient face à des débordements émotionnels massifs. La psychologue mentionne aussi un eczéma sur sa jambe, présent depuis plusieurs mois « en miroir de la blessure de son père ». Selon elle, des événements familiaux seraient à l’origine « de l’agitation à l’école et de la dermatose ». De plus, elle est préoccupée par le comportement de « mini adulte » qu’elle observe chez Lucas en présence de son père, « comme s’il voulait porter tous ses problèmes », ce qui contraste fortement avec l’enfant qui déborde en classe. Lorsque je rencontre Lucas et ses parents, le tableau est le suivant : Madame apparaît épuisée, Monsieur, malgré une stature imposante, semble prêt à s’effondrer. Une cicatrice conséquente parcourt l’ensemble de sa jambe.
Le visage de Lucas est parcouru de tics et il répond aux questions avec un langage adultomorphe, montrant des difficultés à accéder à l’imaginaire. Il exprime d’emblée être « inquiet pour mon papa », et précise avec un ton sérieux : « vous avez vu, on a le même problème avec Papa. On est pareils », tout en montrant sa propre jambe. Deux ans auparavant, Monsieur a été victime d’un grave accident qui a donné lieu à plusieurs jours de coma. Il a subi de multiples chirurgies pour « récupérer sa jambe ». Lucas semble très intéressé lorsque les parents relatent cet épisode et réagit particulièrement au « gros bobo », mot utilisé pour nommer la blessure du papa. Madame évoque une forme de mimétisme entre Lucas et son père depuis l’accident, dont l’aspect le plus flagrant est la dépigmentation de la jambe qui ressemble étrangement à la cicatrice du père.
Celle-ci fait suite à un épisode d’eczéma massif. Suite à l’accident, Lucas, âgé de 2 ans et demi, a présenté une phase de régression et des jeux répétitifs, manifestation fréquente dans les suites d’un événement traumatique. Au début du suivi, il peut d’ailleurs dessiner des motos de façon compulsive. Les parents s’inquiètent pour la scolarité et la jambe mais ils évoquent aussi des problèmes de comportement à la maison : Lucas négocie tout, il ne respecte pas le cadre. Madame se dit épuisée car elle doit gérer son fils et ses études qu’elle vient de reprendre. Elle trouve Monsieur déprimé et sent qu’elle ne peut pas compter sur lui. Celui-ci reconnaît des difficultés à être disponible pour son fils. De plus, la dermatose génère de la culpabilité, le sentiment d’être responsable de ce qui arrive, sans pouvoir rien n’y changer. La dynamique familiale s’articule entre :
- une mère qui veut « tout bien faire » et répondre coûte que coûte à des modalités éducatives exigeantes, s’interdisant de prendre appui sur son intuition, ce qui occasionne d’ailleurs des mouvements de rejet à l’égard de Lucas ;
- un père qui alterne entre des reliquats d’un fonctionnement militaire et des moments d’effondrement liés aux impacts de l’accident ;
- un enfant qui apparaît insécurisé, alternant entre des signes d’agitation (débordements à l’école, tics faciaux) et de recherche de sécurité auprès de l’adulte (collage excessif), et à d’autres moments un besoin de tout contrôler (langage adultomorphe, négociation de tout...). Tous semblent essayer de faire comme si tout allait bien, de se convaincre que le pire est derrière, alors qu’en réalité les angoisses sont bien présentes. Ils sont encore très touchés par l’accident et ses conséquences, symbolisés par le « gros bobo ». L’image d’un château de cartes s’impose à moi au fur et à mesure de leur récit. Je la partage de manière indirecte sur la scène imaginaire.
- Thérapeute : « Imaginons dans l’espace, ici, au milieu de nous. Il y a Lucas, Maman, Papa. (D’un geste, je mime la place de chacun.) Et il y a aussi le “gros bobo”... Si je comprends bien, depuis l’accident c’est un peu comme si “le gros bobo” décidait de votre vie. Toute la famille... Lucas, Papa, Maman... fait ce qu’il faut pour continuer à avancer... mais le “gros bobo” prend toute la place... et ça fait un peu comme un château de cartes.
- Mère : J’ai plutôt l’impression d’un château fort dans lequel on est tous enfermés et dont on n’arrive pas à trouver la clé.
Je prends le parti de dessiner le château afin d’observer comment retrouver la clé pour s’en libérer. Lucas qui était parti jouer sur le tapis revient et dessine spontanément une sorcière sur son balai qui surveille le « château du gros bobo ». Ensuite, il dessine un rectangle sur la jambe du bonhomme représentant son père et sur celui qui le représente et les relient l’un à l’autre.
- Th. : C’est bon comme ça ou tu voudrais que ça change ?
- Lucas : Je sais pas. » (Il retourne sur le tapis.)
En m’appuyant sur les effets du langage non verbal de Lucas chez moi, j’oriente la guidance vers les parents. Je leur explique quelques éléments liés au psychotraumatisme afin qu’ils prennent conscience des impacts de celui-ci sur chacun et sur les relations entre eux, en tissant entre des éléments factuels et un langage plus imagé autour de l’enfermement dans le château. Lors de la consultation suivante, la dynamique familiale reste figée. Je leur propose de mettre en forme leur monde relationnel familial, autrement dit l’espace relationnel dans lequel ils interagissent et communiquent entre eux. Nous l’externalisons sur la scène imaginaire à partir de la métaphore de la consultation précédente.
Monsieur et Madame peuvent alors observer et ressentir les effets du « château du gros bobo » dans leur quotidien. Cette mise en forme libère leur parole comme si elle venait les autoriser à « regarder vraiment » ce qui se passe pour eux : Monsieur constate qu’il s’enferme dans son garage et s’occupe de ses motos, Madame exprime qu’elle se sent enfermée dans ses obligations de tout bien réussir, pour la maison, avec Lucas, ou encore dans ses études. L’observation en position méta les amène à prendre conscience de deux éléments fondamentaux intrapersonnels et interpersonnels : Monsieur, de sa fuite dans le garage pour ne pas faire face au vide lié à l’absence de travail et au sentiment d’inutilité ; Madame, une forme de rigidité pour continuer quoi qu’il arrive ; et eux deux d’avoir l’impression que chacun habite une pièce du château comme si celui-ci avait réussi à les séparer l’un de l’autre. Pendant que nous nous occupons indirectement du « gros bobo » avec les parents de Lucas, celui-ci alterne entre les moments de jeux sur le tapis (jeu du docteur essentiellement) et la réalisation de dessins de motos, toujours très attentif à ce qui est dit.
A la suite de cette séance, les parents pourront témoigner d’une « complicité retrouvée ». La vie semble aussi réémerger dans les échanges, chacun reprenant progressivement sa place : Madame retrouve de l’énergie, Monsieur se redresse et devient plus loquace lors des entretiens, les dessins de Lucas commencent à se diversifier sur d’autres thématiques. A l’école, les choses s’apaisent. Lors d’une consultation, Monsieur est heureux de m’informer qu’il a retrouvé un travail. Il boite toujours mais semble plus à l’aise dans ses déplacements et surtout son buste a repris sa verticalité. On peut observer en miroir que la jambe de Lucas s’améliore elle aussi.
D’ailleurs, il me la montre fièrement.
- Lucas : « Vous avez vu, le gros bobo va mieux.
- Th. : Est-ce qu’il y a encore besoin de faire quelque chose ?
- Lucas : Oui, je crois que c’est le moment de le guérir. Mais comment on fait ? » Comme Lucas est installé sur le tapis, je lui propose de prendre la seringue à côté de lui. Nous transformons celle-ci en seringue magique. Avec beaucoup de sérieux, il commence par prendre soin de sa jambe en faisant plein de petites piqûres, puis il se dirige vers la jambe de son père et réalise tout en douceur les mêmes gestes sur la cicatrice. J’observe que la posture de Lucas a beaucoup changé par rapport aux premiers rendez-vous. Je retrouve des comportements en lien avec son âge : un enfant qui joue au docteur-magicien. Son visage est plus serein avec une disparition des tics faciaux. Ses parents le regardent comme un enfant, l’émotion se lisant dans leur regard. Néanmoins, lors de la consultation suivante, les parents semblent particulièrement agacés. Lucas redevient « dur » vis-à-vis d’eux. Madame le vit comme un véritable échec, tenant des propos sévères, entre colère et impuissance. La culpabilisation ne semble pas particulièrement affecter Lucas. Face à la détresse de Madame, je propose de faire revenir le château, voir ce qu’il devient, afin d’éviter l’escalade des reproches. C’est Lucas qui prend la parole. Il m’explique que son « bobo est guéri pour toujours » car il a trouvé « plein d’objets magiques » à la maison pour continuer à guérir sa jambe. Effectivement, les traces de dépigmentation ne sont quasiment plus perceptibles.
- Lucas : « Maintenant faut s’occuper de l’ogre ! L’ogre, c’est celui qui habite avec Papa, Maman et moi et qui fait plein de bêtises. (Madame s’agite sur son siège mais le laisse poursuivre.) Il faudrait qu’on trouve un moyen d’emprisonner l’ogre.
- Th. : Et comment on pourrait faire ? Il faut voir avec la sorcière ?
- Lucas : Non, y a plus la sorcière. Maintenant c’est un ogre.
- Th. : Et il fait quoi l’ogre dans le château ?
- Lucas : Il met maman très en colère car il casse tout. Papa l’aime pas car il a volé le trésor de la ville. On doit le reprendre.
- Th. : Et toi, est-ce que tu t’entends bien avec l’ogre ?
- Lucas : Parfois je suis avec lui… (moue dubitative).
- Th. : Alors on fait quoi ?
Pour lire la suite...
Dr Virginie Bardot. Psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute. Formatrice en thérapie du lien et des mondes relationnels à l'institut Mimethys. Autrice de la résilience du Phénix et co autrice de De l’HTSMA à la thérapie du lien et des mondes relationnels : naviguer à travers les mondes traumatiques.
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MARSEILLE: 1ère année Session 4. Formation Hypnose Thérapeutique et Médicale
- Analyse des pratiques
- Exercices pratiques
Jour 2 :
- Intégration d’outils de communication pour renforcer l’alliance thérapeutique
- Comment rendre le patient plus actif dans sa thérapie ou son parcours de soin
- Approfondissement des techniques hypnotiques
Jour 3 :
- Supervision et approfondissement
- Exercices pratiques
- Présentation d’un cas clinique par l’apprenant
Cette formation se déroule une fois par an
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11 Impasse Flammarion Centre Le Mistral du 04/06/2025 00h00 au 06/06/2025 23h50
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Edito Dr Henri BENSOUSSAN: Douleur Douceur
Revue Hypnose & Thérapies brèves n°52. Soyons polémiques. Les fake news n’ont pas seulement envahi l’espace politique et sociétal, elles ont désormais envahi l’espace médical. La situation peut être résumée en décrivant deux camps qui se « radicalisent » au … Continuer la lecture →
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